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La France championne du monde : Ce coq gaulois qui casse des tympans en Afrique

C’est ce qu’on appelle à proprement parler un triomphe. Tels les généraux de l’antiquité à qui Rome réservait un accueil solennel et pompeux dans la Ville éternelle quand il revenait victorieux de la guerre, Didier Deschamps et ses protégés sont entrés hier à Paris après leur campagne de Russie qui s’est achevée de la plus belle des manières.

 

En effet dimanche 15 juillet 2018, les Bleus, malgré leur jeu en béton armé, au détriment du football chatoyant, se sont adjugé la 21e coupe du monde en battant les redoutables Croates par le score de 4 buts à 2.

On a beau dire que cette équipe n’a pas de génie, qu’elle est bêtement efficace, qu’elle pratique un football sans saveur aux yeux des amateurs du football champagne, elle a fait l’essentiel. Et l’essentiel, s’était de broder une seconde étoile sur le maillot tricolore.

Ne dit-on pas qu’une finale ne se joue pas mais qu’elle se gagne ? On comprend donc la liesse qui s’est emparée de la France dès le coup de sifflet final. Une joyeuse pagaille qui a atteint des sommets hier avec le retour au bercail des héros du stade Loujniki de Moscou.

Après avoir définitivement quitté leur camp de base d’Istra, c’est sur le coup de 15h TU que le capitaine Hugo Lloris et les siens ont atterri à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Direction Paris, où les Bleus sont montés sur un bus à impériale pour parader sur les Champs Elysées, noirs de monde comme un jour de gloire.

Ce parcours des vainqueurs qui n’est pas sans rappeler celui de leurs aînés en 1998 a été bouclé à l’Elysée avec le 1er supporteur des Bleus, Emmanuel Macron, dont la célébration, immortalisée par un photographe proche du Kremlin au 1er but français, a fait le tour du monde et est devenue un « mème »(1)sur les réseaux sociaux.

A l’évidence, le sacre des Tricolores, en même temps qu’il dope les affaires, non seulement des sponsors officiels de la bande à DD, mais aussi des bistrots et des commerces de gadgets en tout genre, donne un coup de fouet au moral des Français, même si l’effet de ce type d’euphorisants est bien souvent éphémère.

Mais il n’y a pas que sur les bords de la Seine la fièvre du ballon rond s’est saisie du public.

En Afrique, plus qu’ailleurs, de Conakry à Yaoundé, de Bamako à Kinshasa en passant par Luanda et Alger, beaucoup ont vibré au rythme des accélérations de Mbappé ; de l’énorme abattage de N’Golo Kanté, Paul Pogba, Blaise Matuidi et de l’assurance dans l’axe central de la défense de Samuel Umtiti.

Pour les Africains, tout se passe comme si cette coupe en or massif était aussi la leur en raison de l’origine de la moitié de l’effectif de Deschamps et après la sortie prématurée des 5 représentants africains (Egypte, Maroc, Tunisie, Nigeria et Sénégal). Ce soutien au Kylian Mbappé et ses coéquipiers paraissait alors comme un lot de consolation.

Mais on aurait tort de penser, au regard de certaines images, que la cote des Bleus est aussi élevée sur le continent noir. Si de tout temps, ils y ont eu de fervents supporteurs, ils sont tout aussi nombreux, ceux qui, dans les maquis et vidéoclubs, ne veulent pas voir ces enfants de France, même en peinture. De fait, le cœur de la plupart des spectateurs battait pour la Croatie à Ouaga et dans de nombreuses autres villes du Burkina. C’est peut-être le même sentiment qui prévalait dans de nombreux pays.

Les raisons d’un tel désamour, il faut aller les chercher très loin dans les brûlures de l’histoire (l’esclavage et la colonisation), c’est-à-dire les mêmes raisons qui expliquent la prégnance des Noirs chez les Bleus, mais aussi dans des causes beaucoup plus ressentes comme le problème migratoire ainsi que les difficultés d’obtention de visas français par nombre d’Africains en sus des humiliations que subissent souvent les demandeurs dans les consulats hexagonaux.

Et puis, il y a cet argument beaucoup plus anecdotique pour ne pas dire badin : la grande « gueule » du coq gaulois.

« S’ils gagnent, nos oreilles vont siffler et on ne pourra plus suivre RFI pendant quelques jours », disent les uns.

« Même si tu éteins ta télé, elle va se rallumer toute seule », raillent les autres.

Sans oublier les titres dithyrambiques dont nos confrères hexagonaux ont souvent le secret en pareille circonstance. Il n’y avait qu’à faire une revue de presse lundi matin, lendemain de la victoire, pour s’en rendre compte.

Mais peut-on raisonnablement demander au coq gaulois de bouder son plaisir en chantant cocorico moins fort qu’il ne le fait d’habitude ? Ce serait minimiser l’exploit des hommes de Didier Deschamps, qui viennent quand même de remporter la coupe du monde ! Ça n’arrive en général qu’une fois dans une vie.

 

Hugues Richard Sama

 

(1)            Phénomène repris  et décliné en masse sur Internet

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