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Police militaire en RCI : Il faut d’abord raccommoder le treillis Spécial

Recevant, le lundi 18 décembre dernier à Abidjan, tous les chefs des hauts commandements militaires, de la gendarmerie et de la police au palais présidentiel du Plateau à la suite des échauffourées survenues entre des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et des populations à Vavoua (Centre-Ouest, région du Haut-Sassandra) le week-end écoulé (qui auraient fait cinq morts et de nombreux blessés), le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a réitéré sa volonté de ne plus tolérer de tels actes, qui sont de nature à influer négativement sur le climat socio-politique et économique, en pleine normalisation, et sur les perspectives de croissance annoncées.


A cet effet, donnant un ultimatum de 48 heures pour mettre de l’ordre aux patrons de l’armée ivoirienne, ADO a décrété désormais la «tolérance zéro» à l’indiscipline dans les armées et la police et annoncé la mise sur pied d’une police militaire "pour inspecter les rues et traquer les soldats qui font le rodéo en ville".


Force est de reconnaître que c’est une bonne idée que de créer une police militaire, qui a pour rôle d’assurer la sécurité et l'application des lois au sein d'une organisation militaire ; en somme de tenir à carreau les hommes en treillis.


On se souvient encore du temps où la police militaire quadrillait Ouagadougou disciplinant les éléments indisciplinés de notre Grande Muette. La restauration des patrouilles par le ministère de la Défense en 2007, avec comme numéro vert, le 80 00 11 05, a justement été saluée à sa juste valeur. A la faveur des mutineries et des exactions de militaires qui ont émaillé notre pays cette année, il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer des véhicules de patrouilles estampillées PM sillonnant la capitale à certaines heures de la nuit. Leur présence a sans doute contribué au retour à l’ordre dans les casernes du Pays des hommes intègres.


Autant dire que l’instauration d’une police militaire sur les bords de la lagune Ebrié contribuera, à n’en pas douter, à rendre plus républicaines les Forces ivoiriennes et, partant, à consolider la paix.


«En plus de la question de la réconciliation nationale, la délicate équation de la reconstruction de la Grande Muette ivoirienne, composée des Pro-Gbagbo, des éléments des forces nouvelles et de supplétifs, reste un des dossiers-clés qui doit figurer en bonne place sur la table du président Alassane Dramane Ouattara», écrivions-nous justement dans notre édition du mardi 20 décembre 2011.


Cependant, le vrai fond du problème c’est que, pour avoir une vraie police militaire, il faut d’abord qu’il y ait de vrais militaires. Ce qui n’est pas encore le cas en Côte d’Ivoire vu le caractère hétéroclite de son armée. Avant donc de discipliner les éléments des FRCI, il faudrait faire d’eux de vrais soldats en leur inculquant les valeurs républicaines, dont l’enracinement n’a pas été favorisé par les conflits qu’a connus le pays. En d’autres termes, il faut, avant tout, raccommoder le treillis usé par la crise.  

Hyacinthe Sanou

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