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Arrestation d’Abdallah Al Sanoussi : Un trophée, trois acheteurs Spécial

Le Guide de la Jamahirya libyenne a peut-être soldé ses comptes depuis le 20 octobre 2011 avec la justice des hommes, mais pas ses proches parents et fidèles, qui, un à un, sont en train de tomber dans la nasse judiciaire.
Après Seif el Islam, le fils et dauphin de Kadhafi, appréhendé à Zentane par un groupe d’insurgés, c’est au tour de l’ancien chef  du renseignement de l’ère Kadhafi d’être arrêté ce 17 mars en Mauritanie.

Ironie de l’histoire, celui dont la spécialité était de mater les ennemis de l’ex- leader libyen, d’exfiltrer ou d’infiltrer, bref de concevoir de vrais-faux papiers, a été pris dans la nuit du 16 au 17 mars à l’aéroport de Nouakchott, avec un faux document de voyage, en l’occurrence un faux passeport malien ! Banalement !
Comme quoi la fuite éperdue, l’arrestation ou pire l’exécution sommaire sont la rançon de tous ces sicaires et autres bourreaux des tyrans.

Et s’il y a quelqu’un qui a martyrisé ses compatriotes et qui a semé la désolation hors des frontières libyennes, c’est bien Abdallah Al Sanoussi.
Un opposant à l’ex-n°1 libyen du nom de Megreief, cofondateur du Front national pour la sauvegarde de la Libye (FNSL), agace son patron dans les années 80 ? Qu’à cela ne tienne, le Fouché libyen fait exploser au-dessus du Ténéré un avion DC-10 d’UTA, à bord duquel était censé avoir embarqué Megrief. La vie de 170 passagers compte pour du beurre pour lui.

Régulièrement, les massacres, sous forme de pogrom à petite échelle, ne lui étaient d’ailleurs pas étrangers.
C’est pourquoi les insurgés libyens lui ont offert sur un plateau d’argent l’occasion de s’adonner à l’activité dans laquelle il a toujours excellé : réduire au silence, au propre comme au figuré, tous ceux qui se dressent sur le chemin de Kadhafi.
Il y a des motifs raisonnables de voir que, du 15  au 20 février 2011, au moins à Benghazi en particulier, la population civile a été victime d’actes inhumains commis par les forces de sécurité sous le commandement d’Abdallah Al Sanoussi”, assène la CPI dans son rapport d’investigation.

Une CPI qui a lancé le 27 juin 2011 un mandat d’arrêt contre cette âme damnée de Kadhafi. Ce coup-ci est le bon, car à plusieurs reprises, le CNT avait annoncé l’arrestation de Sanoussi, alors qu’il n’en était rien.
Depuis le 17 mars 2012, la Mauritanie détient un client de premier choix pour la CPI, et nul doute que le téléphone entre Louis Moreno Ocampo et les autorités de ce pays a sonné plusieurs fois. Mais rien n’est encore joué pour le transfèrement de Sanoussi car il est désormais un client pour 3 acheteurs et ce, pour plusieurs raisons :

- d’abord la France, premier pays à lancer un mandat contre Al Sanoussi, réclame ce dernier pour le juger pour la mort des 54 Français tués le 19 septembre 1989 dans l’attentat contre le DC10 d’UTA. Une requête qui pourrait aboutir, vu les relations entre l’Hexagone et la Mauritanie, aujourd’hui liées plus que jamais dans la lutte contre AQMI.
Ce volet sécuritaire dans le Sahel pourrait faire fléchir le président AbdelAziz qui pourrait ainsi livrer le beau-frère de Kadhafi contre un appui plus accru de la France pour lutter contre les  Katibas qui écument la bande sahélo-sahélienne à coups de razzias  et de rapts.

- Ensuite, la Mauritanie n’est pas signataire du Traité de Rome, qui institue la CPI. Autant dire que ce pays islamique ne reconnaît pas cette instance supranationale.
- Enfin, il y a la Libye qui le réclame car, au-delà du fait qu’il devra répondre de ses actes, c’est une pépite de renseignements dont disposera le CNT, qui a fini avec Kadhafi mais pas avec son système.

Ces obstacles à un procès de Sanoussi doivent être levés avant que l’ancien chef du renseignement libyen puisse peut-être goûter aux délices des 9 m2 de la prison de Sheveneghen de La Haye.
Justice libyenne, française ou supranationale, qu’importe. Al Sanoussi doit payer.
L’impunité n’est plus possible, quels que soient les cieux sous lesquels on s’abrite.

 

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Dernière modification ledimanche, 18 mars 2012 21:18

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