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Double attaque terroriste à Ouaga : «Aucun assaillant ne portait de tenue militaire» (Maïza Sérémé, procureur du Faso)

Cinq jours après la double attaque terroriste à l’état-major général des armées, Maïza Sérémé, le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Ouagadougou, a animé une conférence de presse pour présenter le film des événements de ce vendredi 02 mars 2018, faire le point sur l’évolution de l’enquête judiciaire qui a été ouverte et lancer un appel à témoin pour la faire avancer. Nous vous proposons ci-dessous l’intégralité de la déclaration liminaire du procureur du Faso lors de ce point de presse.

 

«Le vendredi 02 mars 2018 aux environs de 10 heures, deux groupes armés de quatre membres chacun ont pris d’assaut l’Ambassade de France au Burkina Faso et l’état-major général des Armées.

 

Au niveau de l’Ambassade de France, les premiers éléments de l’enquête ont révélé que c’est à 10 heures 01 minute 56 secondes qu’une voiture particulière de type berline de couleur gris clair circulant sur l’avenue de l’Indépendance en direction du bâtiment du Premier ministère a stationné à hauteur du dernier poste de garde de l’Ambassade de France. Trois des occupants de cette voiture, en tenue civile, en sont immédiatement sortis armés de fusils de type Kalachnikov et ont ouvert le feu sur le poste de garde, tuant ainsi l’élément de sécurité qui y était. Le quatrième occupant du véhicule, dans la même tenue, rejoignait les trois autres assaillants après avoir mis le feu à leur propre véhicule.

Ils ont continué leur assaut en tirant sur les guichets et les portes du consulat de France. Dans leur progression, les assaillants ont croisé un militaire non armé qui quittait les services du consulat. Ce dernier a été mortellement atteint et succombera à ses blessures plus tard à l’hôpital Yalgado Ouédraogo.

N’ayant pas pu accéder à l’intérieur de l’Ambassade, ils ont progressé vers son côté sud où ils ont pu accéder à l’arrière-cour des locaux jouxtant l’Ambassade.

Grâce à l’intervention rapide des forces françaises et burkinabè, ils y ont été abattus.

 

Au niveau de l’état-major général des Armées, l’enquête a révélé un scénario similaire ; les assaillants, au nombre de quatre, sont arrivés à 10 heures 08 minutes en empruntant la rue du Travail en provenance du rond-point des cinéastes ; deux assaillants habillés en tenue civile roulaient sur un vélomoteur de couleur rouge modèle NANO ; ils précédaient les deux autres assaillants, qui circulaient dans une voiture particulière de type coupé de marque Nissan Almera, de couleur verte. Parvenus au niveau de la porte arrière de l’état-major général des Armées, les assaillants, armés de fusils de type AK47 et de grenades, ont immédiatement ouvert le feu.

Après des tirs nourris, les trois assaillants ont pu accéder à l’intérieur de l’état-major général des Armées où le conducteur du véhicule, bourré d’explosifs, s’est fait exploser à côté d’un des bâtiments.

Pendant ce temps, les autres assaillants ont continué l’assaut et, munis de produits inflammables, ils ont incendié plusieurs engins stationnés à l’intérieur de l’état-major général des Armées. On dénombre malheureusement six militaires décédés.

Les échanges de tirs que les assaillants ont entamés avec les éléments militaires rejoints par les unités spéciales de nos forces de défense et de sécurité se sont soldés par la mort des trois assaillants.

Mon parquet, qui abrite le pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme, a immédiatement ouvert une enquête de flagrance pour association de malfaiteurs terroristes, assassinats, tentative d’assassinats, détention illégale d’armes à feu et de munitions, destruction volontaire aggravée de biens le tout en relation avec une entreprise terroriste. Les investigations, qui suivent leur cours, ont été confiées à des enquêteurs de la Gendarmerie nationale et de la Police Nationale. Dans le cadre de la coopération judiciaire, une équipe d’enquêteurs et de magistrats français venus de Paris pour la circonstance apporte son appui à l’enquête.

Des constatations matérielles sur les lieux des attaques révèlent qu’aucun des assaillants ne portait de tenue militaire ; ils étaient tous en civil. Il a été relevé que les assaillants disposaient de bidons d’eau minérale modifiés contenant de l’essence et d’autres liquides dont la nature reste à déterminer. Ils portaient tous sur le front ou avaient sur eux des bandeaux de couleur blanche sur lesquels était inscrite en arabe l’expression suivante « il n’y a de divinité qu’Allah et Mohamed est son Messager ». Les assaillants des deux groupes portaient des vêtements apparemment neufs composés de chemisettes, de pantalons jeans, de casquettes et de blousons. A ce jour, les assaillants n’ont pas été identifiés.

 

Le bilan à ce jour des attaques se résume ainsi qu’il suit :

- huit (08) militaires décédés ;

- huit (08) assaillants tués ; 

- autour de quatre-vingt-cinq (85) blessés, soit soixante et un (61) militaires et vingt-quatre (24) civils.

 

Des dégâts matériels très importants :

- vingt-neuf (29) véhicules incendiés et vingt-six (26) autres endommagés ;

- trente-quatre (34) engins à deux roues incendiés et soixante (60) autres endommagés ;

- des bâtiments endommagés.

A l’étape actuelle de l’enquête, huit personnes ont été interpellées et placées en garde-à-vue, plus d’une soixantaine de personnes ont été auditionnées comme victimes ou témoins.

Cette attaque a été revendiquée par le groupe terroriste dénommé « le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Nusrat al-Islam Wal-Muslim) » d’Iyad Ag Ghali.

Afin d’aider à l’identification d’hôtes, de complices ou de facilitateurs éventuels depuis la planification jusqu’à l’exécution de l’attaque terroriste, nous réitérons notre appel à témoin et invitons toute personne désireuse d’apporter son témoignage à se présenter dans l’une des brigades de Gendarmerie ou dans un des commissariats de police les plus proches».

 

Encadré

2 soldats en activité et 1 radié parmi les 8 interpellés

 

Dans le jeu de questions-réponses, le procureur du Faso a indiqué que, dans le cadre de l’enquête, les 8 personnes interpellées qui sont en train d’être auditionnées sont toutes de nationalité burkinabè. Parmi elles, figurent un militaire radié et deux militaires en activité. Toutes ces personnes ont été interpellées dans les alentours des lieux des attaques.

Quant aux assaillants, leur identité n’est pas encore connue si bien qu’on ne peut pas dire s’il s’agit de Burkinabè ou de personnes de nationalités étrangères. Par contre, les terroristes s’exprimaient en bambara (le dioula) et en arabe.

Lorsqu’ils sont arrivés à l’état-major, les fous d’Allah ont d’abord tiré sur la sentinelle qui a miraculeusement eu la vie sauve. Ce sont les terroristes qui ont fait coulisser le portail et sont entrés dans la cour de l’état-major avec leur véhicule bourré d’explosifs et de produits inflammables.

Pour faire avancer l’enquête, il a été fait appel à des experts en téléphonie afin de tracer les communications que les terroristes ont pu passer.

Le procureur du Faso a également indiqué qu’à l’étape actuelle de l’enquête, on ne peut pas affirmer qu’il y a eu des complicités dans l’entrée par effraction des assaillants dans la cour de l’état-major général des Armées.

 

San Evariste Barro

Félicité Zongo

Commentaires   

0 #3 Sacksida 08-03-2018 18:42
Voyez-vous, le 29 décembre 2017 le Colonel Auguste Denise Barry suggérait que les compétences variées regroupant les ressources humaines de notre Armée et ceux de son Centre d’Etudes Stratégiques en Défense et Sécurité collaborent ou travail en symbiose afin de faire face à l’insécurité préoccupante car les « bandes armées » essaimant le Sahel et qui étaient loin de nous sont maintenant dans notre maison. Alors, il proposait qu’on puisse mutualiser nos compétences y relatives et pour sortir le pays de la zone du « cyclone terroriste ». De manière mensongère et malencontreuse, parce qu’il voulait publier un diagnostic impartial sans complaisance sur le phénomène au Burkina Faso et dans le Sahel, des « médiocres » d’une certaine hiérarchie dite pensante et les politiciens à courte vue ou à la petite semaine, ont vite fait de l’accuser de vouloir déstabiliser le régime actuel et l’ont fait écroué depuis début janvier 2018 à la MACA. Fâcheusement et navrant, les récentes attaques sanglantes du 02 mars qui ont fait une huitaine de morts et plus d’une soixantaine de blessés sans compter les dégâts matériels, non seulement donnent raison au Directeur Exécutif du CEDS mais elles constituent une véritable « Humiliation » de ces prétendus têtes dites « crèmes militaires », et qui étant eux-mêmes les premières victimes, et moralement pour notre société et l’économie nationale. Peut-être qu’un travail intelligent et une synchronisation des informations venant de plusieurs sources d’Etat et Privée, cette « hécatombe » encore aurait pu être évitée. Mais, on peut se demandé si certains qui se sont « embourgeoisés et qui se plaise dans leur bureaucratie dépassé » ne corrobore-t-il pas l’affirmation de Auguste Denise Barry qui disait qu’on ne peut pas faire la guerre aujourd’hui avec des outils anciens inopérantes et qu’il faut privilégier la Prévention. Que Dieu Sublime aide ma patrie. Courage et Salut !
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0 #2 Neilson 07-03-2018 12:05
Donc l'homme en tenue"terre du Burkina" carbonisé à coté du véhicule consumé qu'on a vu sur les réseaux sociaux est un de nos FDS?! Hé Dieu! Avec les chiffres tantôt sept, tantôt huit, on ne sait plus combien de nos FDS sont tombés au champ d' honneurs. Publiez au plus vite les photos des terroristes (avec la magie de l'informatique qui peut reconstituer peut être les visages) des gens pourraient les reconnaître et vous informer utilement sur leur fréquentations et habitations; faites en autant pour ceux interpellés, il faut que ça avance vite.
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+1 #1 Megd 06-03-2018 23:28
Comment peut-on pénétrer dans une enceinte militaire sans un contrôle surtout de détecteurs de métaux?

C'est vraiment le laxisme au niveau de nos stratèges militaires. Depuis les 1ères attaques, notre système sécuritaire ne s'est pas adapté à la nouvelle donne.

Il faut virer certaines têtes et les mettre à la retraite.

Notre président ne fait que dormir, et ne pense qu'au G5 Sahel.
On passe notre temps à envoyer des troupes dans des missions onusiennes car cela fait du fric (et toujours au détriment des bénéficiaires) sans penser à notre propre sécurité. Maintenant que l'état-major a été attaqué, qu'il sache que Kossyam n'est pas à l'abri.
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