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Présidentielle en RDC : Pari risqué de Jean-Pierre Bemba

Quand Jean-Pierre Bemba Gombo parle, c’est forcément un événement. Et d’événement, il en a été question hier mardi 24 juillet 2018 dans un hôtel bruxellois où il a donné une conférence de presse, la première depuis son acquittement et sa remise en liberté provisoire par la Cour pénale internationale (CPI) en juin dernier.

 

Le président du Mouvement de libération du Congo (MLC), le parti qui l’avait déjà investi candidat à la présidentielle congolaise du 23 décembre prochain, a annoncé qu’il rentrerait le 1er août à Kinshasa pour se présenter à la course à la magistrature suprême.

Ceux qui se posaient des questions sur l’avenir politique du chairman du MLC après sa relaxe sont maintenant situés.

A cinquante-cinq ans, le fils de Jeannot Bemba Saolona veut tout de suite retourner dans la fournaise politique, chose qui lui avait pourtant valu d’être traîné devant la juridiction internationale de La Haye puis condamné, en 2016, à dix-huit ans de prison en première instance pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » commis  par ses milices en République centrafricaine (RCA).

Visiblement, il faut bien plus que cela pour arrêter le mastodonte de l’Equateur, sa région d’origine, alors qu’il ne s’est pas définitivement défait du boulet judiciaire qu’il traîne depuis une décennie. C’est que l’ex-sénateur du MLC attend d’être situé sur son sort au sujet d’un dossier connexe à celui de « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». A savoir l’affaire de subornation de quatorze témoins.

Mais si Bemba se dit prêt à aller immédiatement au charbon au nom de toute l’opposition, il n’écarte pas l’hypothèse de s’éclipser  au cas il n’en serait pas le candidat unique.

Sage précaution pour celui qui dit avoir rédigé au cours de sa détention un projet de société de 200 pages.

A vrai dire son ambition, même  relative, d’être le candidat unique de l’opposition peut paraître présomptueuse   pour quelqu’un qui commence à peine à humer l’air de la liberté  après dix ans de bail derrière les barreaux, hors de son pays, et qui peut de ce fait être déconnecté des réalités locales. Car la RDC qu’il va retrouver en principe dans quelques jours n’est certainement plus celle qu’il a quittée il y a une dizaine d’années. Le paysage politique s’étant quelque peu remodelé.

Candidat unique pour candidat unique, on ne voit pas comment les autres fauves de la faune politique comme Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe et Moïse Katumbi, si ce dernier, en exil, parvenait à se défaire des liens judiciaires, oui on ne voit pas comment tout ce beau monde qui a tenu la maison pendant ces longues années de braise pourraient s’effacer pour dérouler le tapis rouge au messie Bemba de retour.

Pour tout dire, les délais sont serrés pour un come-back réussi sur la scène politique de l’ex-tôlard de Scheveningen qui devrait plutôt prendre le temps d’observer et de rattraper le temps perdu avec sa famille politique au lieu de se lancer fissa à l’aventure. Pari risqué donc pour Bemba.

Mais puisqu’il a pris l’engagement de se soumettre au choix de l’opposition pour ce qui est de la candidature unique, il faut espérer que le colosse  se pliera à la volonté des autres opposants.

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 25 juillet 2018 19:37

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