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Nouveau code électoral : «En politique, aucune décision ne peut satisfaire tout le monde» (Ben Gaston Sawadogo, Burkinabè vivant aux Etats-Unis)

 

Le débat sur la modification du nouveau code électoral est ouvert depuis son adoption le lundi 30 juillet 2017 par les députés. Cette loi permettra désormais aux Burkinabè de l’étranger de voter, mais seulement ceux qui possèdent une carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) ou un passeport pourront mettre leur bulletin dans l’urne. L’opposition politique crie à l’exclusion. Nous avons rencontré Ben Gaston Sawadogo, Burkinabè vivant aux Etats-Unis, vice-président du mouvement « C’est le Moment », pour avoir son point de vue sur le sujet.

 

 

 

 

Depuis combien de temps vivez-vous aux Etats-Unis ?

 

Depuis 18 ans. Je me suis installé définitivement dans ce pays le 19 janvier 2000. 

 

 

 

Avez-vous déjà effectué le déplacement au pays natal pour une quelconque élection ?

 

Depuis mon départ, je n’ai pu effectuer de déplacement au pays pour une élection. Néanmoins, je suis rentré au pays après les élections de 2015 pour assister à l’investiture du président Roch Marc Christian Kaboré.

 

 

 

Le vote est-il vraiment une préoccupation pour nos compatriotes vivant au pays de l’Oncle Sam ?

 

Oui. Parce que sur les réseaux sociaux, ils ne cessent de faire entendre leur voix. Ils s’intéressent à l’actualité de leur pays et souhaitent pouvoir jouir un jour de leur droit constitutionnel.

 

 

 

A combien estimez-vous les Burkinabè vivant aux Etats-Unis ? 

 

 Cette question montre l’utilité de la carte consulaire. Celle-ci permet à notre ambassade dans le pays hôte de recenser nos compatriotes. Avec cette carte, on peut avoir le nombre exact de ressortissants Burkinabè vivant aux Etats-Unis. Mais beaucoup d’entre eux n’ont pas cette carte, il est donc très difficile d’en donner le nombre avec exactitude. Mais comme vous demandez une estimation, on peut retenir un chiffre de 15 000 Burkinabè vivant aux Etats-Unis.  La forte concentration est à New York, avec près de 10 000 Burkinabè. 

 

 

 

Le lundi 30 juillet dernier, l’Assemblée nationale a voté la loi portant modification du code électoral. Ce code permettra désormais aux Burkinabè de l’étranger de voter en 2020. Qu’en pensez-vous ?

 

C’est avec un sentiment de joie et de fierté que la diaspora a accueilli l’adoption du nouveau code électoral. On avait hâte de pouvoir voter depuis longtemps, et c’est presque une réalité aujourd’hui. C’est donc légitime que la diaspora salue le vote de cette loi modificative du code électoral. Nous avons mené une longue lutte pour que ce jour arrive. Il y a eu des rendez-vous manqués, mais je crois que cette fois-ci, c’est le bon. Cependant, nous restons vigilants jusqu’au jour où nous allons mettre nos bulletins dans l’urne.

 

Pourquoi vous donnez l’impression d’être sceptique ?   

 

Nous avons été pendant longtemps roulés dans la farine, voilà pourquoi il nous faut rester vigilants jusqu’au bout. Promesse nous avait été déjà faite depuis 2009 que nous pourrions participer au vote. Nous y avons cru mais avons été déçus surtout en 2015. Avec l’insurrection, on avait nourri de grands espoirs.  On pensait que la loi allait être votée pendant la période de transition.  

 

 

 

Cette loi fait des gorges chaudes actuellement au sein de la classe politique et dans l’opinion. L’opposition crie à l’exclusion parce que la CNIB et le passeport seront les seuls documents acceptés pour le vote. Votre avis ?

 

Cela ne m’étonne pas. En politique, aucune décision ne peut satisfaire tout le monde. Mais comme nous sommes en démocratie, c’est l’avis de la majorité qui compte. Pour moi, c’est une victoire d’étape, avec le temps, on pourra améliorer les imperfections pour que tout le monde trouve son compte. Si une partie de la population trouve qu’en supprimant la carte consulaire on exclut des gens, c’est son avis. Nous, notre préoccupation était de pouvoir voter. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

 

A mon avis, le délai est suffisamment long. Par conséquent, tous ceux qui sont intéressés par le vote peuvent se faire confectionner les pièces devant leur permettre de voter. A notre niveau, nous allons continuer à recueillir les doléances de nos compatriotes pour les faire remonter aux plus hautes autorités de notre pays.  

 

 

 

Selon les officiels, seules les cartes consulaires des Burkinabè vivant au Gabon et en Côte d’Ivoire sont biométriques, c’est-à-dire fiables. Est-ce que celles délivrées à nos compatriotes aux Etats-Unis ne le sont pas ?

 

En ce qui concerne la fiabilité, l’appréciation change en fonction de la personne qui apprécie. Dès le lancement de la carte biométrique en Côte d’Ivoire, il y a eu des leaders de la société civile, notamment notre président, le président du mouvement ‘’C’est le Moment’’ dont je suis le vice-président, qui ont lutté pour la suppression de cette carte pour trois raisons : la fiabilité, le coût élevé et le fait que des non-Burkinabè peuvent se faire enrôler. Aux Etats-Unis, beaucoup de personnes n’ont pas la carte consulaire. Elles ne se font pas enrôler. Le seul avantage que leur offre cette carte, c’est la réduction des prix quand ils vont à l’ambassade du Burkina aux Etats-Unis pour la légalisation d’un document.

 

 

Akodia Ezékiel Ada

Dernière modification lemardi, 07 août 2018 19:11

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