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Réouverture de l’ex-usine Faso Fani: Des techniciens d’Inde et du Burkina sur le site

Quatre heures ! C’est le temps que nous avons passé sur le site de l’ex-Faso Fani en compagnie du potentiel repreneur, Tarun Jain, président des Associations des industriels du textile de l’Etat du Punjab et de ses techniciens, d’une dizaine d’autres du Burkina, des députés Urbain Yaméogo et Assétou Fofana et de facilitateurs impliqués dans le dossier : l’ex-ambassadeur du Burkina en Inde, Idriss Ouédraogo et Guy Zongo. Ils ont été rejoints par le ministre du Commerce, Harouna Kaboré. Cette étape constitue un pas important dans le processus de réouverture de l’usine.

 

 

 

On semble s’acheminer, lentement mais sûrement, pas après pas, acte après acte, vers la concrétisation de la promesse de campagne du Président Roch Kaboré de faire redémarrer les machines de cet ancien fleuron de notre industrie. Le dernier vrombissement de la dernière machine a été entendu en 2013 sans que cette usine, fermée en 2 000 puis rouverte des années plus tard sous le label Faso Tex,  ne devienne plus jamais ce qu’elle a été avant son arrêt en 2 000, après une longue période de liquidation qui avait laissé plusieurs centaines d’ouvriers dans la misère. Une situation qui avait plongé la cité du Cavalier rouge et plus généralement la région du Centre-Ouest dans le désarroi. C’est ce qui explique que toutes les promesses de réouverture de ce qui était le poumon économique de la région du Centre-Ouest aient toujours suscité de grands espoirs, même si elles n’ont jamais été suivies d’effet. Cette fois sera-t-elle la bonne ? Bien des personnes n’y croient pas du tout. Soutenant, sans que l’on sache sur quoi elles fondent leur certitude, que l’usine ne fonctionnera plus. Cependant, des actes posés depuis un certain temps incitent à l’optimisme. Les deux derniers étant la venue du repreneur indien à Koudougou, le 24 juin 2018, suivie, deux jours après de la signature du mémorandum tripartite entre l’Etat, représenté par le ministre du Commerce, le propriétaire du site, Faso Tex, et le repreneur indien.

Ce furent des centaines et des centaines de mètres que nous avons parcourus à l’intérieur des immenses bâtisses et dans tout le domaine de l’ex-Faso Fani. Les opérations de mesures, d’évaluation et d’analyse des infrastructures et des équipements ont occupé experts indiens et burkinabè durant des heures. ‘’Nous sommes dans un processus de négociation pour la reprise de Faso Fani. Après les deux missions antérieures, la présente a pour objet de procéder à une évaluation des infrastructures et des équipements’’, précise l’ancien ambassadeur du Burkina Faso  en Inde, Idriss Sawadogo. Selon lui, la mission devrait leur permettre de savoir si les capacités actuelles des bâtiments de Faso Tex leur permettent d’abriter une unité industrielle avec une capacité de production de 25 tonnes par jour. Le deuxième aspect de la mission, qui a consisté en l’évaluation des équipements, a révélé que l’ensemble des équipements sont obsolètes et doivent être envoyés à la casse, d’où la présence des trois groupes d’ingénieurs burkinabè en génie civile. ‘’Nous sommes ici dans le but de démonter et de déplacer toutes les machines afin de faire la place aux nouvelles qui vont venir’’, indique Mohamadi Gnégné de la Société ACEMI (Atelier de Construction et de Maintenance Industrielle). ‘’Nous avons jusqu’en fin septembre pour finir notre part de boulot. Le deuxième volet de notre travail consistera en l’installation des nouvelles machines. Cette étape débutera quand les nouveaux appareils arriveront sur le site’’, confie Mohamadi Gnégné.

Ali Donatien Daboné, ingénieur en génie civil, est aussi présent sur le site avec son groupe de techniciens. Leur travail consistera à rendre l’usine fonctionnelle. ‘’Actuellement c’est le volet architecture qui nous concerne. Vu l’ancienneté de l’ouvrage, nous étudions le niveau de solidité des ouvrages. Nous verrons s’il y a des modifications à faire sur les locaux. Nous coordonnons nos actions avec les techniciens indiens afin de planifier l’ensemble des besoins’’, explique Ali Daboné. ‘’Si l’évaluation donne à voir que les capacités actuelles ne permettent pas d’abriter des équipements ayant la capacité de production de 25 tonnes pour jour, on procédera à un réajustement des infrastructures dans la période de rénovation et d’extension de l’usine’’, ajoute Idriss Sawadogo. Il a indiqué que la prochaine étape consistera en la reprise des négociations avec le groupe Faso Tex afin, espère-t-il, d’aboutir à la signature d’une convention qui va consacrer le transfert du patrimoine à l’entreprise indienne.

Dans l’espoir d’un aboutissement heureux du processus, les différentes parties sont allées recueillir les bénédictions des coutumiers de Lallé et de ceux de l’Association Song-Naam, présidée par Naaba Saaga 1er, chef d’Issouka, quartier abritant l’usine. Les potentiels repreneurs ont bouclé la journée du mardi par un entretien avec le ministre du Commerce, Harouna Kaboré, qui a affiché son envie d’entendre la sirène de Faso Fani retentir de nouveau.

Cyrille Zoma

 

Encadré 1 :

 

‘’Chaque partie doit jouer sa partition’’

Harouna Kaboré, ministre du Commerce

 

"Faso Fani est un projet industriel et nous travaillons à ce que les choses, telles qu’elles ont démarré, puissent aller au bout du processus. C’est un projet très important pour les populations du Burkina Faso, particulièrement celles de Koudougou, en ce sens qu’il va générer des emplois et créer une dynamique dans la transformation du coton. Chose qui permettra d’ajouter de la plus-value à nos matières premières. Au lieu d’être exportés de manière brute, nos produits pourront être transformés sur place afin de créer de la richesse et des emplois. Le plus important pour nous, c’est de nous donner les moyens pour lever toutes les entraves et de garder le cap jusqu’à l’ouverture de cette unité industrielle. Cela signifie de travailler en synergie avec les investisseurs, avec le propriétaire de base de l’unité industrielle Faso Tex. Au niveau du gouvernement, il s’agit d’accorder l’ensemble des facilités basées sur le cours des investissements, ainsi que sur ce que la loi prévoit. Il faut que chaque partie puisse jouer son rôle pour que les choses se fassent de la bonne manière et le plus rapidement possible. Sur la question de la transformation du coton, il y a d’autres groupes, d’autres investisseurs qui ont des projets à Koudougou, à Bobo, à Ouagadougou et sur d’autres sites. Mais ceci avec d’autres modèles économiques et avec d’autres types d’intervention. Un concurrent ne perturbe jamais la bonne marche d’un projet. Il y a suffisamment de possibilités pour qu’on puisse avoir d’autres structures qui font d’autres projets industriels dans les villes de Koudougou, Ouagadougou et Bobo sans aucune gêne. Pour tout dire, nous avons d’autres projets mais ceux-ci ne concernent pas ce site’’.

Cyrille Zoma

 

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