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Humeur : Gorba président à titre posthume

 

19 août 2017-19 août 2018. Dimanche, cela fera exactement un an que la Faucheuse surprenait à Paris le président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo. Dans les jours qui ont suivi la disparition de celui qu’on considérait comme le baobab de la politique burkinabè, la Nation lui a rendu plusieurs hommages appuyés. Un important cortège l’a notamment accompagné vers son Ouahigouya natal où il a été inhumé le 25 août 2017. Une année après, l’ombre de Gorba, comme on l’appelait, semble toujours planer sur la vie politique burkinabè. Nous avons reçu à ce sujet ce témoignage d’un de ses admirateurs.

 

 

 

 

Quelle stratégie ! Quelle planification ! Quel génie !

 

Eh oui, GORBA a décidé d’être Président à sa mort.

 

Devant la nation entière réunie au palais des Sports, comme une réplique de la cérémonie d’investiture du président Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo a été élevé à titre posthume à la dignité de Grand-Croix.

 

Cette distinction est réservée au président du Faso, grand maître des ordres et exceptionnellement à des personnalités ayant rendu d’éminents services à la nation.

 

Faiseur de rois, GORBA savait rester à l’ombre de ceux qu’il faisait couronner. Ainsi du début de la IVe République jusqu’à sa disparition, GORBA a permis au président Blaise Compaoré de renouveler à l’envi son bail à la tête du Pays des hommes intègres et à RMCK de s’installer à Kosyam.

 

Il s’est toujours refusé, du moins publiquement, à s’arroger des prérogatives ou responsabilités incombant au Président du Faso. On subodore pourtant que certains décrets présidentiels furent rédigés et signés sous son instigation ou tout le moins sur ses avis et conseils.

 

Vous voulez un exemple ? Un soir de janvier des années 2000, le président Blaise Compaoré avait dissous le gouvernement ; le lendemain de la dissolution, GORBA fit diffuser dans les médias un communiqué informant les travailleurs et partenaires du ministère de l’Agriculture de la date d’inauguration du nouveau siège du ministère. L’analyse de ce communiqué nous donna deux informations :

 

1.         GORBA ferait partie du nouveau gouvernement ;

 

2.         GORBA connaissait la date de la composition du nouvel exécutif.

 

Et ça n’a pas loupé comme on dit : le décret nommant les ministres fut signé avant la date d’inauguration du nouveau siège du ministère de l’Agriculture et il resta ministre.

 

Selon les témoignages, GORBA refusa de s’asseoir sur le fauteuil où devait s’asseoir le président pour le discours d’un 31 décembre, pour juste permettre aux cadreurs de la TNB de faire des préréglages avant l’arrivée du Big Boss Blaise Compaoré. Ce fut un ministre issu d’une société acéphale qui permit aux techniciens de prendre de l’avance. Ce fameux ministre perdit son maroquin au remaniement suivant ; c’est seulement un an après son éviction qui en sut la raison.

 

À l’égard de Blaise Compaoré, son respect se confinait parfois à un comportement obséquieux.

 

En vingt-sept ans de compagnonnage, nous n’avons jamais vu GORBA avoir un mot plus haut que l’autre devant le Grand Manitou Blaise Compaoré : respect de l’autorité, respect de la fonction, respect de l’homme par lui-même tout-puissant.

 

Beaucoup de personnes se sont demandé pourquoi GORBA, au firmament de sa gloire, n’a jamais lorgné le fauteuil présidentiel.

 

Certains disent que ce manque d’ambition présidentielle est à rechercher dans ses origines au Yatenga ; pour d’autres, c’est un choix délibéré de rester dans l’ombre et de jouer au « deus ex machina ». 

 

Personne mieux que GORBA n’excellait dans les intrigues du landerneau politique burkinabè. Il s’est forgé une solide réputation de « Tullius Detritus » (cf. Lucky Luke : La zizanie) de la politique.

 

Un parti politique est-il en crise ? Instigateur = GORBA

 

Un ministre en difficulté ? Responsable = GORBA

 

Un grand militant en disgrâce ? Ne cherchez pas : GORBA   

 

Ainsi donc pour l’imaginaire populaire, beaucoup de politiciens étaient des pantins entre les mains de GORBA.

 

Une véritable bête politique avec autant d’influence, de pouvoir et de capacité de nuisance qui décide de jouer « les seconds rôles » a fait un pied de nez à tous ses contempteurs : partir au moment où sa famille politique était en proie au doute.

 

Il sera resté fidèle à lui-même jusqu’au bout. Des rumeurs ont fait cas d’une tentative de déstabilisation de l’UPC depuis Niamey où il aurait rencontré des députés de la formation de Zéphirin Diabré. C’était sur la route de Tunis avant Paris où l’attendait la Faucheuse.

 

 

 

GORBA est mort, vive GORBA !

 

Vive le Président GORBA !

 

Le  Sphinx

 

Dernière modification ledimanche, 19 août 2018 18:25

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