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Discours d’investiture d’IBK / Sincérité ou propos de circonstance ?

 

« Je serai le président de toutes les Maliennes et de tous les Maliens, de toutes les régions et de la diaspora. De tous ceux qui m’ont apporté leurs suffrages. De tous ceux qui ont fait d’autres choix. De tous ceux qui ne se sont pas exprimés lors de l’élection présidentielle. » C’est ce qu’a promis le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, hier mardi 4 septembre 2018 lors de son investiture au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ.

 

 

Engagement sincère ou posture de circonstance ? On attend Kankélétigui, ou « homme de parole » en bambara, à l’épreuve de sa gouvernance pour les cinq années à venir.

 

Car l’unité de tous les Maliens, le pays de Modibo Kéita en a vraiment besoin pour trouver les meilleures recettes à la crise qui l’assaille depuis 2012.

 

Réélu le 20 août dernier au second tour avec 67,16% face à son challenger, Soumaïla Cissé, 32,84%, celui qui vient de renouveler un deuxième et dernier bail au palais de Koulouba a donc cinq ans pour rentrer dans l’Histoire ou en subir le jugement.

 

Autant dire une seconde chance pour faire oublier  un premier mandat dont le bilan n’aura pas été du tout fameux, si l’on ne veut pas être sévère avec le natif de Koutiala.

 

C’est vrai, lorsqu’il accédait pour la première fois à la magistrature suprême, IBK, comme l’appellent ses partisans, a hérité d’un Etat en déliquescence avancée du fait des velléités sécessionnistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et de l’implantation de groupes djihadistes avec pour corollaire le péril sécuritaire qui s’est installé dans tout le septentrion malien.

 

Mais force est de reconnaître que le président qu’il est devenu dans la foulée n’a pas été à la hauteur de la promesse phare du candidat qu’il a été : restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire.  Bien au contraire. Malgré l’accord d’Alger signé le 15 mai 2015, les symboles de l’Etat et ceux qui les incarnent se manifestent encore timidement à Gao, Tombouctou et  Kidal. 

 

Le gouvernement malien avait perdu non seulement le Nord, mais en plus d’autres régions, comme Mopti, avaient commencé à échapper au contrôle de Bamako. Particulièrement les localités de Youwarou, Boukési, Samadougou et Sévaré, dont les seuls noms suscitent des frissons chez les Forces armées maliennes (FAMA), tant ces dernières ont été harcelées, voire mise en déroute, par  des groupes terroristes.  

 

Si aujourd’hui, grâce aux efforts conjugués des troupes françaises de l’opération Barkhane et du G5 Sahel, un début d’embellie sécuritaire commence à se dessiner au Nord, le Centre du pays est quant à lui le théâtre d’une autre crise : la recrudescence des conflits intercommunautaires.

 

En effet, depuis quelques mois, les images de villages réduits en cendres, de découvertes de fosses communes et  de femmes et d’enfants fuyant les atrocités entre communautés sont devenues le lot quotidien des habitants de cette région avec cette barbarie qui oppose désormais Peuls, Bambara et Dogons organisés en milices.  A tout cela viennent s’ajouter des exactions attribuées aux militaires maliens.

 

Que dire des autres défis tels que la guerre contre la corruption, la lutte contre la pauvreté et l’accès des populations aux services sociaux de base qui attendent IBK ? Encore titanesque !

 

Pourra-t-il, sinon les relever, du moins y apporter un début de réponse ?

 

Oui, à condition que Kankélétigui  montre la voie vers l’unité à laquelle il a invité ses compatriotes. Et cela passe, entre autres, par une main tendue à une opposition qui ne reconnaît pas sa victoire et est décidée à pourrir son quinquennat. 

 

L’homme de poigne saura-t-il tendre une main amicale à son principal adversaire, Soumaïla Cissé, qui n’entend pas faire le deuil de sa victoire réelle ou fantasmée ?

 

Il a prôné l’unité, acceptons-en l’augure.

 

 

 

Alain Saint Robespierre

 

Dernière modification lemercredi, 05 septembre 2018 18:26

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