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Angola : Joao Lourenço désormais seul maître à bord

Exit Edouardo dos Santos de la présidence du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), vive Joao Lourenço, désormais seul maître aux commandes du pays. En effet, l’épilogue du duel au sommet de l’Etat entre les deux hommes pourrait avoir été acté ce samedi à l’ouverture du congrès du MPLA. Dos Santos y a annoncé la fin de son mandat à la direction du parti, jetant visiblement l’éponge sous les coups de boutoir de Lourenço.

 

Alors qu’il voulait rester à la tête du parti majoritaire du pays jusqu’à fin avril 2019, son successeur à la présidence de la République l’a poussé vers la sortie au motif que le MPLA doit être en première ligne danss la lutte contre la corruption, le népotisme et l’impunité pour un renouveau de l’Angola. Celui qui passait pour un dauphin docile se révèle être un requin aux longues dents qui a déchiré le filet d’une transition en douceur tendu par dos Santos. Pourtant ce dernier pensait avoir verrouillé le système qu’il a construit durant 37 ans, non seulement en gardant la direction du MPLA mais aussi en plaçant des membres de sa famille et ses fidèles aux postes clés de l’Etat : armée, police, secteurs stratégiques de l’économie. C’était sans compter avec les ambitions de rupture de Joao Lourenço, lui-même cacique du MPLA, ancien ministre de la Défense qui refuse d’être la marionnette de son ancien mentor. En un an d’exercice de la magistrature suprême, il a mené courageusement ce qu’on peut appeler une opération de « dédossantisation » sous le couvert de la lutte contre la corruption.   

 Avec ses adieux forcés de son prédécesseur à la vie politique, c’est véritablement une page de presque 40 ans d’imperium d’Edouardo dos Santos aux commandes de l’Etat et du parti majoritaire en Angola qui  est tournée. Joao Lourenço en ouvre grandement une nouvelle, la sienne, qu’il voudrait voir sans tache mais plutôt en couleur vermeille pour l’Angola. Voilà pour les ambitions, pour les œuvres rendez-vous en 2022 à l’heure du bilan du premier quinquennat de celui qu’on appelle déjà le Nettoyeur. En tout cas les premières victimes de sa croisade contre la corruption sont les parents de dos Santos, notamment sa fille précédemment directrice de la compagnie pétrolière nationale et l’un de ses fils qui dirigeait la société angolaise de télécommunication. Et on oublie ses fidèles qui ont été limogés du commandement militaire et de la police, chose qui a sans doute contribué à l’abandon de la direction du MPLA par l’ancien président : un jet d’éponge qui ressemble bien à un limogeage du dinosaure par le dauphin, ce dernier ne voulant pas se cantonner à un rôle d’épouvantail de son prédécesseur.

Désormais seul maître à bord du navire Angola, le Nettoyeur ira-t-il jusqu’au bout de ses idées : combattre la corruption, le népotisme, l’hypocrisie et l’impunité, y compris dans ses propres clan et famille, comme «l’ennemi public numéro un» que le pays doit vaincre pour un retour de la confiance des investisseurs et une relance de l’économie ? C’est tout le bien qu’on souhaite à l’Angola non sans faire remarquer que les dos Santos, à la tête d’une fortune colossale, pourraient jouer au roseau qui plie mais ne rompt pas. Dans une stratégie du reculer pour mieux sauter, on ne serait pas surpris de les voir revenir à la conquête du MPLA et du pouvoir d’Etat, à visage découvert ou par personnes interposées, en 2022.

En attendant, l’une des fortes personnalités de la scène politique africaine des 30 dernières années fait ses adieux à l’arène dans une atmosphère où se mélange indifférence, pitié et soulagement pour beaucoup d’Angolais.

La rédaction

Dernière modification lelundi, 10 septembre 2018 22:36

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