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Cameroun : Paul Biya en roue libre vers le palais d’Etoudi

Pendant que le Tout-Cameroun attendait la décision du Conseil constitutionnel sur les recours contre l’élection présidentielle du 7 octobre, les séparatistes anglophones se sont encore signalés par la violence.

Ils ont incendié la maison du leader historique du SDF, John Fru Ndi, et enlevé un membre de sa famille. Une attaque qui ne devrait pas influencer la poursuite de l’examen des derniers recours en annulation de l’élection présidentielle introduits par les 7 challengers du président sortant.

A la date d’hier, troisième jour d’examen des recours, le Conseil avait estimé que 16 d’entre eux n’étaient pas suffisamment étayés par des preuves tangibles et il serait surprenant qu’il décide différemment pour le reste.

Pourtant le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, celui-là même qui s’était proclamé vainqueur du scrutin dès le 8 octobre, a introduit à lui seul 17 recours demandant l’annulation des résultats du vote dans 6 des 10 régions que compte le pays.

Pas moins de 15 avocats ont plaidé devant le Conseil constitutionnel, soutenant ces recours du MRC  avec pour arguments « le faible taux de participation, des fraudes à grande échelle, des manipulations grossières, des  procès-verbaux fabriqués, des incohérences  criantes, etc.»

Par ailleurs, selon les avocats du SDF, les deux régions anglophones qui n’ont pas pu convenablement voter comptent près d’un million d’électeurs dont les suffrages allaient indubitablement impacter l’issue du scrutin. Argument massue dont on se demande si le Conseil constitutionnel tiendra compte.

En tout cas plus d’un observateur estime que cette élection ne sera pas reprise bien qu’elle n’ait pas été sereine sur l’ensemble du Cameroun. Si donc, comme cela est fort probable, le Conseil constitutionnel rejetait tous les recours de l’opposition, il ouvrirait  un boulevard  vers un 7e mandat à Paul Biya, lui dont le parti n’a déposé aucun recours  pour une raison toute simple : il est le vainqueur très  probable de cette élection.

En vérité, Elecam, la commission nationale de recensement général des votes, avait donné un signe avant-coureur d’une invalidation probable des recours de  l’opposition. En effet, dès leur formulation, son président avait été sans équivoque : «L’élection s’est passée de manière régulière…quand vous demandez l’annulation il faut encore que vous ayez des preuves de ce que vous demandez. Le taux d’abstention n’est  pas une disposition légale. La loi ne dit pas que quand le taux est faible, le tort revient  à X ou Y : ni au camp qui organise, ni au pouvoir public, ni même aux partis politiques… »

Voilà qui est on ne peut plus clair : en l’absence de preuves sur  «les  fraudes massives», l’opposition ne peut se prévaloir de l’abstention criarde à cette présidentielle  pour en demander l’annulation. On attend donc plus que le Conseil constitutionnel proclame, dans trois jours au plus tard, la réélection de Paul Biya.

Avec quel score et quel taux de participation ? C’était et cela reste les seules inconnues de cette présidentielle jouée d’avance. Et si la légalité est sauve dans la forme, au fond il manquera à Paul Biya la légitimité d’un président élu dans un scrutin apaisé. La tension qui règne dans les régions anglophones depuis plus d’un an maintenant, n’en déplaise aux grands juges camerounais, lui aura enlevé le caractère d’une consultation véritablement nationale.

Zéphirin Kpoda

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