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Arts plastiques : Mohamed Ouédraogo, un artiste singulier

Mohamed Ouédraogo est un artiste plasticien singulier dans le monde artistique du Burkina Faso. Son travail oscille entre le patient travail de l’artisan et la fulgurante vision de l’artiste pour donner des œuvres faites de pièces de métal assemblées, tressées qui montrent le quotidien  et les songes du jeune peintre.

 

 

La première fois que nous avons vu les œuvres de Mohamed Ouédraogo, c’était à la villa Yiri-Suma. Il y exposait des tableaux et des installations majoritairement faits de tongs récupérés. Il y avait quelque chose d’original dans ce travail, mais c’est véritablement à la dernière édition de la Semaine nationale de la culture que nous avons découvert sa nouvelle démarche.

Il y présentait un tableau qui  détonnait au milieu des autres toiles, car il n’utilisait pas d’huile ni d’acrylique. Elle proposait quelque chose de  nouveau sous le soleil du Burkina.  Elle était faite de centaines de pièces de métal noires, blanches et rouges montées les unes à la suite des autres comme un puzzle pour donner à voir les cases kasena,  reconnaissables à leur architecture et aux fresques murales qui les parent.

La seconde fois, c’est cette exposition d’une dizaine de toiles à l’espace ANAPAP. De grands  et de petits tableaux faits toujours avec la même technique : des canettes découpées en lamelles, en étoiles, en toutes les formes géométriques possibles et montées sur un support de bois pour faire une peinture parfois figurative parfois abstraite. Mais un recours parcimonieux à la peinture pour colorer les pièces. Et puis, des tongs usagées sont recyclées, découpés et insérés dans la toile en haut-relief. Une technique de peintre et de sculpteur d’où le malaise à le classer dans une case ! Disons que c’est un « grand tresseur et assembleur de métal » comme l’a nommé le plasticien et enseignant d’art Pierre Garel qui  sait de quoi il en retourne quand il s’agit des arts contemporains.

Ces tableaux sont magnifiques. Des pièces s’animent, se mettent à briller  sous les reflets de la lumière du jour,  ruisselants de coulures rouges, noires et or. A bonne distance, ses œuvres vibrent sous le regard, et quand on s’en approche, on découvre le travail de couture. Le travail de Mohamed Ouédraogo est proche de celui du Ghanéen El Anatsui avec ses sculptures- tapisseries faites de capsules.

C’est un travail d’orfèvre minutieux et patient. Plusieurs mois sont nécessaires pour finir une toile. D’autant plus que l’artiste travaille le jour dans un magasin et ce n’est que le soir venu qu’il se met à sa passion. Découpant et assemblant ses milliers de pièces pour donner à voir cet univers chamarré et lumineux. Collecter les canettes, les découper, les assembler et les fixer sur le support, cela est un travail de fourmi qui prend des mois et des mois.

Mohamed Ouédraogo vient dans le paysage avec un langage pictural singulier. Ce qui est un atout. Maintenant, il lui faut poursuivre son travail pour renforcer sa démarche et articuler un discours cohérent sur son art. Et il doit tenir compte de sa cote pour fixer les prix de ses œuvres. Il faut que ses œuvres circulent pour espérer rencontrer le monde. Or nous  en avons jugé les prix très prohibitifs pour un jeune artiste. En tout cas, c’est un jeune artiste qui va compter dans le monde de l’art dans les années à venir si les fruits tiennent la promesse des fleurs.

Saïdou Alcény Barry

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