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Décès Abdoudramane Sangaré : Le gardien de la maison Gbagbo s’est écroulé

L’hommage de Simone Gbagbo en dit suffisamment long sur la relation spéciale qu’entretenait l’homme avec le couple Gbagbo.

 

« C’est un ami de tous les jours », a en effet déclaré sur Twitter l’ex-première dame de Côte d’Ivoire après l’annonce du décès d’Abdoudramane Sangaré. Dans la bouche de la « dame de fer », on pourrait lire en creux un tacle contre ceux qui n’ont pas été des « amis de tous les jours », entre autres, la frange Pascal Affi N’Guessan du Front populaire ivoirien (FPI) qui s’est accommodée tant bien que mal du pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara en participant notamment aux différents scrutins.

Tout le contraire du FPI canal historique qu’incarnait l’illustre disparu, pour qui il était hors de question de concéder quoi que ce soit tant que leur champion serait maintenu dans les liens de la détention à  Scheveningen.

C’est donc à juste titre qu’on le considérait comme « le gardien du temple ». C’est avant tout un ami de presque 50 ans de Laurent Gbagbo qui vient de tirer sa révérence à l’âge de 72 ans, emporté par un cancer qui l’avait alité une quinzaine de jours à l’Hôtel-Dieu d’Abidjan.

C’est en effet en 1970 que remonte la rencontre entre le pondéré Abdoudramane Sangaré et le fougueux Laurent Gbagbo sur les bancs de l’université. Une amitié que cimenteront les incessants allers-retours en prison dès 1971, puis en 1994 et en 1995 ;  et, enfin, après la crise postélectorale de 2011 qui l’a conduit de nouveau derrière les barreaux pour deux ans.

On comprend dès lors que dès sa sortie de prison Simone Gbagbo ait rendu un hommage appuyé à celui qui aura gardé la maison ces sept dernières années dans l’espoir de voir son mentor libéré, un espoir que caressent également des milliers et des milliers de «gbagboïstes », d’autant plus que la CPI a autorisé en juin dernier l’enfant terrible de Mama à plaider l’acquittement.

Le décès de cet enseignant d’université titulaire d’un doctorat en droit international public intervient aussi, et surtout, alors que le paysage politique sur les bords de la lagune Ebrié est en pleine recomposition. Au nombre de ces tourbillons: le divorce entre ADO et Bédié au sujet de la création du parti unifié RHDP, le nouveau rapport de force qui s’est dessiné après les communales et les régionales du 13 octobre 2018, que l’aile dure du FPI, représentée par Sangaré, a d’ailleurs boycottées, mais aussi et surtout Guillaume Soro en quasi-rupture de ban avec le clan présidentiel et qui avance à pas feutrés vers la présidentielle de 2020 et une probable alliance avec le PDCI d’Henri Konan Bédié.

Autant dire qu’Abdoudramane Sangaré a laissé un grand vide à une période aussi charnière et au moment où son parti n’avait pas fini de pleurer la mort d’un autre de ses cadres en la personne de Marcel Gossio, ancien directeur général du port autonome d’Abidjan, qui a succombé à une crise cardiaque le 21 octobre dernier. Son expérience, sa pondération mais aussi sa fermeté vont cruellement manquer à sa formation politique.

Avec sa disparition, se pose aussi la question de l’avenir des deux FPI. Vont-ils continuer à se regarder en chiens de faïence ou opérer un rapprochement maintenant que le jeu politique est plus que jamais ouvert ? Une autre question lancinante, c’est celle concernant le nouveau gardien du temple. Sur ce point, rien n’exclut qu’à 69 ans, l’ex-première dame reprenne définitivement les choses en main.

 

La Rédaction

Dernière modification lemardi, 06 novembre 2018 19:50

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