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Candidat unique de l’opposition en RDC : Gare à un accord feu de paille !

 

Dur, dur a-t-il été pour l’opposition congolaise de trouver un candidat unique à la présidentielle annoncée du 23 décembre prochain. Les rounds des négociations entre ses sept ténors se suivaient  et se ressemblaient jusqu’en cette soirée du 11 novembre 2018. En deux longs huis clos, tenus samedi et dimanche derniers, la fumée blanche d’un accord est apparue à Genève : Martin Fayulu de la Dynamique de l’opposition a été désigné pour porter les couleurs de toute l’opposition, ou du moins dans ses sept tendances les plus représentatives regroupées autour de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Freddy Matungulu, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Adolphe Muzito et bien sûr Martin Fayulu, l’oint du moment.  Bonjour alors les espoirs revigorés de ceux qui en RDC, et au-delà, souhaitent l’union sacrée de l’opposition  pour battre le dauphin de Joseph Kabila.

 

Pourtant samedi soir, certains observateurs craignaient que les négociations de Genève n’accouchent d’une souris avec cette fâcheuse tendance qu’ont ces opposants à tourner en rond autour du pot sans jamais parvenir à s’entendre sur l’essentiel. Ce dimanche soir, c’est un ouf de soulagement pour les facilitateurs de la Fondation Kofi-Annan qui avaient mis les petits plats dans les grands pour parvenir à cet accord. Dès dimanche, les contempteurs les plus en vue de Joseph Kabila et de son dauphin, Emmanuel Shadary, étaient parvenus à se mettre d’accord sur les grands principes : ne pas boycotter les élections, laisser le gouvernement et la CENI prendre la responsabilité d’un éventuel report, respecter un cahier des charges pour l’alternance. Et si les négociations ont longtemps achoppé sur le partage des responsabilités pendant la campagne électorale et surtout après la présidentielle, un accord a fini par être trouvé hier dimanche en milieu d’après-midi.

Pourvu que les fruits de cet accord tiennent la promesse des fleurs. De fait, des paroles aux actes, en politique plus que partout ailleurs, il y a souvent un fossé. Ainsi, on se pose la question de savoir si, après avoir entériné cet accord sur un candidat unique, tous les opposants joueront le jeu. Le sacrifice d’une renonciation à leurs ambitions politiques pour certains  ou, à tout le moins, la possibilité d’être réduits à jouer les seconds rôles n’est-elle pas pour eux une pilule trop amère à avaler ? En fait, malgré cet accord, c’est une lapalissade de dire que la confiance n’est pas totale entre ces leaders de l’opposition, car des ego surdimensionnés demeurent, qui pourraient alimenter des tiraillements et des dissensions sur le terrain de la campagne.

Mais, pour l’heure, on fera remarquer que ces négociations de Genève ont donné l’occasion à  l’opposition congolaise d’administrer la preuve qu’elle est en voie de guérison du syndrome pernicieux des divisions subjectives qui affectent bien des partis d’opposition en Afrique. Prompts à crier haro sur le baudet quand il s’agit de dinosaures agrippés aux mamelles de l’Etat, à réclamer urbi et orbi des élections transparentes, ils se montrent incapables de fédérer leurs forces de mobilisation afin de provoquer l’alternance espérée, quand les scrutins sont annoncés.

De Kinshasa à Genève en passant par Bruxelles et Johannesburg, de négociations en négociations, l’opposition congolaise aura fait étalage de ses divergences, mais cet accord de Genève indique que ses ténors peuvent sublimer leurs moi au profit d’une cause commune. Pourvu que la joie des militants de leurs partis respectifs, qui ont salué cet accord, ne soit pas un feu de paille et que l’essai du candidat unique puisse être transformé en victoire à la présidentielle à la grande satisfaction du peuple congolais qui y aspire : un vrai changement dans la stabilité et la paix.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lelundi, 12 novembre 2018 22:23

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