Menu

Lutte contre le terrorisme : Gagner la confiance de la population pour vaincre

Sous la tutelle du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique de l’Ouest, section du Burkina Faso (CESA-BF), a organisé le jeudi 8 novembre 2018  un atelier sur le renforcement des relations civilo-militaires à Ouagadougou. En cette période de crise sécuritaire, des experts sont venus revisiter ces relations et apporter des éléments de réponse à certaines questions y relatives.

 

Les organisateurs de la rencontre ont certainement recherché un équilibre quant au nombre de civils et de militaires conviés aux travaux de l’atelier. Mais le représentant du ministère de la Défense ainsi que d’autres militaires étaient en civil, ce qui donnait l’impression que les hommes en tenue étaient   inférieurs, numériquement parlant.  Au centre de la salle de conférences, une parité semblait se dessiner. Cependant, la forte présence de diplomates étrangers et d’hommes de médias a fait pencher la balance du côté des civils.

S. Justin Somé, représentant du ministre de la Défense et des Anciens Combattants,  a indiqué dans son propos que l’état des relations civilo-militaires est toujours en construction et a besoin d’être renforcé.

« Les Forces de défense et de sécurité (FDS) mènent des actions orientées vers la population civile, elles travaillent pour cette population et ont besoin, en retour, que les civils également travaillent pour elles en leur fournissant les renseignements et les informations dans cette guerre asymétrique. Dans le plan stratégique de réformes des Forces armées nationales (FAN) 2018-2022, il y a un grand volet qui est consacré au lien armée-nation dans lequel il est prévu des mécanismes, des actions civilo-militaires pour que les civils trouvent un créneau afin de s’insérer et de donner des renseignements aux FDS», a-t-il souligné.

Fatima Myriam Vicens, coordonnateur national du Cesa-BF, a déclaré : « On parle de relations civilo-militaires, ce n’est pas aujourd’hui seulement qu’on en parle mais au regard du contexte d’insécurité qui est le nôtre, la question de comment renforcer ces relations se pose. On a fait appel à des communicateurs, chacun expert dans son domaine, pour revisiter ces relations et sortir des sentiers battus ».

 

La grande muette doit communiquer

 

En général, après la conquête militaire, on utilise l’armée pour administrer et faire de l’humanitaire dans un contexte de ruptures des liens économiques. Selon le colonel Lamoussa Fofana, un des communicateurs à l’atelier,  « la coopération civilo-militaire est un ensemble d’activités qu’un officier désigné mène comme interactions dans un théâtre de crise pour le maintien de la paix. En ce moment, ce qui est recherché c’est l’assentiment  ou la collaboration des populations civiles pour atteindre l’objectif recherché ». La relation civilo-militaire a été développée dans différents pays en guerre ou après la destruction, l’armée aide à la reconstruction sur le terrain. Ousseni Compaoré, ancien commandant de la gendarmerie nationale, ayant servi dans les missions onusiennes au Tchad et en Afghanistan, a affirmé que l’armée burkinabè doit développer une relation civilo-militaire dans le cadre de la lutte antiterroriste. Selon lui, les terroristes de par le monde ont le même mode opératoire. « Ils s’attaquent aux symboles de l’Etat, terrorisent la population, occupent le terrain et essaient de résoudre les problèmes existentiels de cette population par le prêche. Les terroristes font des civils leurs amis afin d’endormir leur vigilance pour mieux s’attaquer aux autres », a-t-il soutenu. Pour M. Compaoré, notre armée qui se déploie sur le terrain doit développer la stratégie contraire. Elle doit être aux côtés de la population, l’écouter,  échanger avec elle pour comprendre ses préoccupations. Le but de cette approche serait de créer un lien amical afin d’obtenir les informations nécessaires. « Vous ne pouvez pas débarquer quelque part et dire que vous voulez des informations. Ça ne marche pas ainsi. Il faut que les gens soient vos amis. Il faut qu’ils aient une raison de vous faire confiance et de collaborer avec vous », a-t-il précisé. Puis à titre illustratif, l’officier de gendarmerie a donné des exemples concrets dont celui de l’armée française déployée en Afghanistan. Elle ne se murait pas seulement dans les casernes. Elle faisait des sorties sur le terrain, s’arrêtait et discutait avec la population, mettait sur place des unités sanitaires pour des services de soins, distribuait des vivres.

Pour Serge Théophile Balima,  enseignant et ancien directeur de la RTB, la grande muette doit communiquer. Mais quelle communication faut-il aux FDS pour gérer la crise sécuritaire ? « Face à cette crise, le public va être plus exigeant et intolérant vis-à-vis du risque. Si les FDS ne communiquent pas bien, l’engagement pour elles peut baisser », a-t-il prévenu.  Le professeur Balima a appelé les FDS à investir les réseaux sociaux, car aujourd’hui, ils deviennent plus crédibles que les médias institutionnels. Il a également réitéré sa suggestion qui est que les FDS trouvent un porte-parole unique afin d’éviter la cacophonie qui est la plus grande menace en période de crise.

 

Dieudonné Ouédraogo

 

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut