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L’après-Mugabe: Le désenchantement

Après avoir fait de la résistance, papy avait fini par lâcher prise le 21 novembre 2017 suite au coup de Grace que lui avait assené son parti, la ZANU-PF, avec l’aide de l’armée. La goutte d’eau qui avait fait déborder le vase zimbabwéen avait en effet été le limogeage par Robert Mugabe, sur instigation de son épouse, Grace, du vice-président Emmerson Mnangagwa. Celui-là même qui, par la volonté de la Grande Muette, sera quelque temps après, fait calife à la place du calife. A l’issue d’un scénario inédit de ces putschistes qui ne voulaient pas s’avouer tels, le vieux combattant poussé vers la sortie, le nouvel homme fort se contentera de passer une fine couche de vernis démocratique sur les vestiges de la dictature. Il sera élu en juillet, à l’issue d’une présidentielle dont l’issue était connue d’avance.

Un an après, les fruits du changement n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait qu’il s’agissait là des pousses du même arbre, celui du système Mugabe ? Le Crocodile, comme on l’avait surnommé, qui venait de remplacer le vieux dinosaure du marigot politique zimbabwéen, n’avait-il pas été, entre autres, ministre de la Sécurité d’Etat, de la Justice, des Finances, président du Parlement ? Autant dire qu’avec de tels états de service il était tout aussi comptable du désastre politique et économique où le mugabisme avait conduit l’ancienne Rhodésie du Sud. Et 12 mois après, les habits neufs que les apparatchiks ont tenté de confectionner avec du vieux linge mettent à nu les laideurs du nouveau régime. Question d’ADN politique. Rien n’a changé au Zimbabwe et ça va de mal en pis.

La relance de l’économie et la lutte contre la corruption tardent à se concrétiser. L’inflation a de nouveau pris l’ascenseur tandis que les pénuries font leur retour, engendrant des queues interminables devant des magasins vides. A cela s’ajoute le manque chronique de liquidité qui oblige les ménages à importer aussi bien des denrées de première nécessité que de l’argent frais.

Seule faible lueur dans ce sombre tableau, la liberté d’expression qui fait son retour, même si elle n’est que toute relative, puisque opposants et syndicalistes continuent de subir les foudres d’un régime autoritaire par essence.

Face à un tel constat, on en connaît un qui du fond de sa retraite dorée doit boire du petit-lait. C’était bien la peine de défenestrer Comrad Bob juste pour rejouer le même scénario avec un casting pas si différent. Et à ce rythme, on ne serait pas étonné que certains finissent par regretter celui qui dans une autre vie était le père de l’indépendance du Zimbabwe.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification levendredi, 23 novembre 2018 09:32

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