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Lutte contre le terrorisme : Le G5 Sahel affûte l’arme socio-économique

 

Quatre chefs d’Etat des pays du G5 Sahel, en l’absence de celui du Mali, ont participé hier à Nouakchott à la conférence de coordination des partenaires, bailleurs de fonds du Groupe. Dans la capitale mauritanienne, experts, ministres, bailleurs de fonds et chefs d’Etat ont échangé sur les voies et moyens d’endiguer l’insécurité liée aux attaques terroristes qui fragilisent la région.

 

 

Leurs discussions ont été orientées vers la recherche de financements pour réaliser le Programme d’investissement prioritaire (PIP) conçu pour combattre la pauvreté, l’ignorance, le chômage qui sont, entre autres, les causes de la radicalisation et du basculement des populations sahéliennes, notamment la frange jeunes, dans le djihadisme.

 

La conférence de Nouakchott s’est voulue un cadre d’échange d’expériences des pays membres sur les défis et les opportunités de développement de tout l’espace sahélien et particulièrement des zones affectées par l’insécurité ; des échanges à la lumière des projets retenus pour des investissements prioritaires dans les pays concernés. Comme attendu, la conférence a pris fin par des annonces de financements du PIP. On retient particulièrement la promesse de l’Union européenne et celle française de verser respectivement 800 millions et 500 millions d’euros dans l’escarcelle du PIP. Quand s’y ajoute l’annonce de 13 milliards de FCFA par an et par pays du G5 Sahel à l’effort de sécurité régionale, on peut dire que la conférence de Nouakchott n’est pas loin d’avoir atteint son objectif de mobiliser 2 milliards d’euros, soit environ 1300 milliards de FCFA pour le PIP.

 

On a presque envie d’applaudir ce grand succès d’une conférence qui a été maintes fois repoussée. Mais hélas, l’expérience du financement de la force commune du même G5 Sahel nous dicte un optimisme mesuré. D’abord parce que entre promettre des financements et délier effectivement les cordons de la bourse, il y a un fossé que des bailleurs mettent du temps à franchir. Ensuite le bouclage du budget du PIP n’est pas synonyme de la mise en œuvre de ce dernier, car on est coutumier en Afrique des projets totalement financés mais jamais mis en œuvre alors que l’argent a bien été dépensé, dilapidé par d’introuvables coupables. Enfin, c’est à se demander si le problème de l’insécurité liée au terrorisme est une simple question de pauvreté et donc de financement du développement.

 

Dans le cas du Sahel, personne n’ignore l’impact du désordre sociopolitique en Libye sur la dégradation des conditions sécuritaires dans la région. Qui plus est, les problèmes de gouvernance de nos pays ont favorisé la non-présence ou le peu de présence de l’Etat dans certaines zones avec pour corollaires le développement de trafics en tout genre : cigarettes, armes, drogues, êtres humains… Les réseaux qui se nourrissent d’un tel commerce illicite se moquent qu’on construise au Sahel plus d’écoles, plus de centres de santé, plus de forages… Secret de polichinelle, Boko Haram, Al Qaeda ou Daesh, les sanctuaires et les idéologues du djihadisme qui engendrent l’insécurité au Sahel, inscrivent leur lutte dans un combat contre la civilisation occidentale.

 

Alors oui au développement des infrastructures socio-économiques au Sahel, au renforcement de la résilience des populations au réchauffement climatique, à l’amélioration de la gouvernance politique et de la sécurité, mais gare aux frustrations fondamentalistes nées de la politique du deux poids deux mesures de la communauté internationale dans les conflits israélo-palestinien, syrien ou yéménite. Elles nourrissent, elles aussi, le djihadisme et le terrorisme. A bon entendeur…

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

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