France / Burkina : Nouvel arsenal juridique pour lutter contre le terrorisme
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Un an après la visite officielle qu’Emmanuel Macron a effectuée au Burkina, avec comme point d’orgue son fameux discours à l’université de Ouagadougou qui était censé être la ligne directrice de sa politique africaine, le président du Faso, lui, a pour ainsi dire rendu la politesse en effectuant du 16 au 18 décembre 2018 un séjour en France.
Tapis rouge, accueil dans la cour d’honneur des Invalides pour celui qui a été fait hier docteur honoris causa de l’université de Bourgogne dont il fut pensionnaire fin 70 début 80, tel était le côté jardin de cette visite d’Etat. Côté cour, on retiendra surtout le tête-à-tête qu’il a eu avec son homologue français. Des échanges frappés du sceau militaire avec un Roch Marc Christian Kaboré qui ne sait plus où donner de la tête. Son pays étant depuis trois bonnes années maintenant dans l’œil du cyclone terroriste. Un terrorisme qui, à partir du Sahel, en particulier du Soum, a fini par se métastaser telles des cellules cancéreuses pour gagner presque tout le territoire, notamment l’Ouest, le Centre et l’Est. Cette dernière région étant devenue aujourd’hui un vaste champ de mines qui fait régulièrement de nombreuses victimes dans les convois des forces de défense et de sécurité. Outre les nombreux décès de militaires et de civils enregistrés çà et là depuis avril 2015, les attaques terroristes ont occasionné la fermeture d’environ 600 écoles et la mort progressive du tissu socio-économique des zones ciblées.
C’est donc un chef suprême des armées burkinabè quelque peu impuissant qui a effectué le déplacement de la capitale française pour solliciter l’aide de l’Hexagone afin de venir à bout de la pieuvre tentaculaire qui enserre le Pays des hommes intègres.
Il faut croire que la complainte de Roch a été entendue, puisque les deux parties ont renouvelé un accord intergouvernemental de défense, datant du 9 janvier 2015, pour améliorer le cadre juridique de la coopération militaire entre elles. Le document, signé par le ministre burkinabè de la Défense, Jean-Claude Bouda, et son homologue Florence Parly, couche sur le papier les missions et les fonctions de chacune dans cette croisade contre les prétendus djihadistes.
Certes, pour l’heure, il n’est pas encore question pour le locataire de l’Elysée de renforcer la présence des forces tricolores dans cet Etat d’Afrique occidentale, mais la France s’est dit prête à soutenir le Faso dans la formation et l’équipement de ses troupes.
Dans l’urgence, ce sont 34 véhicules pick-up qui seront livrés à Ouagadougou au premier semestre de l’année 2019 pour appuyer les soldats engagés dans la lutte contre la vermine salafiste.
On entend déjà le chœur des esprits chagrins monter contre le fait que, presque 60 ans après son indépendance, le pays de Thomas Sankara, comme tant d’autres pays africains, en soit encore à mendier le soutien de l’ancienne puissance coloniale pour assurer sa propre sécurité.
On peut, il est vrai, faire dans l’anticolonialisme à tous crins, mais ne dit-on pas que quand on se noie on est prêt à s’accrocher à n’importe quelle bouée de sauvetage, fût-ce à la queue d’un serpent venimeux ? Il faut espérer au-delà de toute considération que ce partenariat renouvelé produise très rapidement sur le terrain les effets escomptés pour soulager les populations qui ne savent plus à quelles FDS se vouer.
Hugues Richard Sama
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