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Elections en RDC : Forte mobilisation des électeurs malgré le désordre organisationnel

Deux ans d’attente, de multiples manifestations de protestation, des morts par dizaines, des blessés par centaines, trois reports et enfin le jour J : ce 30 décembre était jour d’élections en RDC. Environ 39 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner leurs conseillers provinciaux, leurs députés et leur président de la République.

 

Mais 2 ans de retard dans l’organisation de ces scrutins n’auront pas concouru à leur bonne tenue : des bureaux de vote étaient introuvables ou clandestins, des listes électorales incomplètes ou chamboulées, des machines à voter en panne, des procès-verbaux de dépouillement non disponibles partout, des scrutateurs de partis non accrédités, des observateurs sans badges, bref, on nageait hier dans d’importants dysfonctionnements à même d’entacher la crédibilité de ces élections.

Le gouvernement Kabila et la Commission électorale nationale indépendante (CENI), attendus au tournant pour avoir refusé l’appui de la communauté internationale dans l’organisation de ces scrutins, ont déçu. Ils ont été loin de dissiper les doutes sur leur connivence  visant à plomber le processus électoral pour servir les intérêts du Front commun pour le Congo, la coalition des partis au pouvoir.

L’entêtement à utiliser la controversée  machine à voter, le mystérieux incendie du principal magasin de la CENI à Kinshasa,  l’annulation de la présidentielle pour environ 1 million 200 mille électeurs à Beni, Butembo et Yumbi, la suppression d’un millier de bureaux de vote dans la capitale sont, selon l’opposition, les preuves d’une stratégie coordonnée, d’un agenda caché pour empêcher ses partisans de voter  en  faveur de l’alternance.

Malgré ces dysfonctionnements criards dans l’organisation des élections, la détermination des Congolais à aller voter, bien qu’ils exprimassent une défiance vis-à-vis du processus électoral et des défaillances accumulées par la CENI, est le baromètre d’un refus du statu quo. Ce civisme électoral remarquable est comme pour dire : mieux vaut une élection tardive, imparfaite et aux résultats incertains que pas d’élection du tout. En effet, ce déplacement massif du peuple congolais aux urnes exprime un profond désir d’alternance.

On rêve alors que la mobilisation du peuple congolais, qui a sué  sang et eau pour arracher avec la pression de la communauté internationale ces élections, soit récompensée par le respect de la vérité sortie des urnes. Et l’idéal serait que ces résultats traduisent la volonté de la majorité des Congolais et fassent échec au scénario du changement dans la continuité voulu par Joseph Kabila et les stratèges de son Front commun pour le Congo.

On en rêve sans être cependant naïf. Des pouvoirs prédateurs comme celui de Mobutu light sont incapables d’organiser des élections crédibles, apaisées et d’accepter des résultats conformes à la vérité des urnes. La désunion de l’opposition, qui est allée à ces scrutins, surtout à la présidentielle, en rangs dispersés, pourrait favoriser les desseins de la coalition au pouvoir quand on sait que l’élection du président se joue sur un tour à la majorité simple des suffrages exprimés.

Rendez-vous le 6 janvier pour les résultats provisoires de cette présidentielle et gare à la contestation des perdants avec les risques d’explosion de violences dont on est hélas coutumier dans ce pays. Le refus des deux principaux leaders de l’opposition de parapher l’Acte d’engagement pacifique de la SADC est un signe qui ne trompe pas. Ils ne sont pas prêts à avaliser sans broncher un éventuel tripatouillage des résultats des scrutins.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lejeudi, 03 janvier 2019 22:24

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