Menu

Madagascar : Un TGV pour sortir la Grande Ile de l’ornière

Il était entré au palais d’Iavoloha, résidence officielle du président de Madagascar, presque par effraction entre 2009 et 2014,  à la suite d’une insurrection qui avait contraint Marc Ravalomanana à la démission.

 

Il n’avait que 34 ans, et celui qui fut maire de la capitale, Antanarivo, était surtout connu comme DJ lors des soirées branchées.

Dix ans après, c’est par la grande porte qu’Andry Rajoelina fera son retour au palais le 19 janvier prochain, jour de son investiture.

C’est en effet désormais officiel et définitif que celui qu’on surnomme TGV est arrivé en tête du second tour de la présidentielle malgache du 19 décembre 2018  avec 55,66% des voix contre 44,34% à son ennemi intime, Marc Ravalomanana.

La proclamation en a été faite hier mardi 8 janvier par la Haute Cour constitutionnelle (HCC) après qu’elle eut rejeté 314 recours dont plus de 200 formulés par le candidat malheureux.

Depuis la publication des résultats provisoires, ce dernier n’a cessé de dénoncer des irrégularités et des fraudes, menaçant de s’emparer de la rue pour se faire entendre.

Maintenant que la messe est dite et bien dite par les « sages », il faut espérer que celui qui a tout de suite revêtu la tunique du mauvais perdant saura raison garder pour que la Grande Ile ne replonge pas dans la crise politico-institutionnelle à laquelle ce scrutin est censé mettre fin.

En choisissant le quadra, qui a eu dix ans pour mûrir,  à la place du septuagénaire, les Malgaches ont sans doute fait un pari pour l’avenir.

Il faut espérer qu’il saura se montrer à la hauteur de cette confiance placée en lui.

Pour avoir surfé sur les vagues insurrectionnelles, Rajoelina est bien placé pour savoir qu’une élection au suffrage universel n’est jamais un chèque en blanc pour tout et n’importe quoi.

D’autant plus qu’entre son passage et son retour à la présidence, la situation socio-économique de son pays ne s’est guère améliorée. Bien au contraire.

En 2017, la Banque mondiale estimait ainsi que, sur cette île de l’océan Indien qui patauge dans les profondeurs du classement selon l’Indice du développement humain (IDH), près de 80% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté.

Le pays a réussi la prouesse d’être un des rares Etats à s’être appauvris depuis son accession à l’indépendance. Puisqu’en 2010, le PIB par habitant était inférieur à ce qu’il était en 1960.

Seuls la RDC et le Liberia ont fait pire.

Dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’emploi, des infrastructures routières et d’accès à l’eau potable (le comble pour une île), c’est la déglingue généralisée.

Sous ses dehors paradisiaques, Madagascar reste une contrée de misère noire.

Et que dire de la corruption endémique, ce fléau qui finit de mettre à genoux un Etat déjà mal en point ?

Avec un pays apocalyptique, il faut espérer que TGV va mettre le turbo pour amener ses compatriotes à des quais plus affriolants.

Alain Saint Robespierre 

Dernière modification lemercredi, 09 janvier 2019 22:02

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut