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Explosion à Kossoghin : Un mort et une quarantaine de maisons soufflées

Dans la matinée du lundi 14 janvier 2019, à 9 heures passées de quelque trente minutes, les habitants du quartier Kossoghin ont été secoués par une forte détonation qui a eu lieu dans un domicile situé derrière la Maison des missionnaires d’Afrique Lavigerie. Quelle était l’origine de cette explosion ? Y a-t-il eu des victimes ? Quelles ont été les mesures prises par les Forces de défense et de sécurité ? Comment les riverains ont vécu ce moment ? Ce sont autant de questions auxquelles nous avons voulu répondre en nous rendant sur les lieux.

 

Le spectacle que nous avons vu était on ne peut plus digne d’un film hollywoodien. La police nationale, la Brigade anticriminalité (BAC), la police scientifique, le génie civil, la Brigade nationale de sapeurs-pompiers (BNSP), voilà, entre autres, les services qui se sont mobilisés sur le lieu de l’explosion. A notre arrivée, un ruban jaune avait déjà été fixé pour empêcher les gens de passer.

Il nous a fallu montrer patte blanche pour accéder à la zone. Quelques mètres plus loin, nous tombons de nouveau sur une bande en plastique, de couleur rouge, qui indiquait qu’on n’était plus très loin de la cour dans laquelle la déflagration a eu lieu. Les Forces de défense et de sécurité, arme à la main, nous font savoir qu’on ne peut avoir accès à ce qu’ils appellent zone rouge. De l’endroit où nous étions, nous avons néanmoins pu apercevoir la maison en question. Une grande partie de la construction s’est effondrée. Il n’en restait qu’un amas de gravats. La toiture s’est envolée et les différents morceaux se sont dispersés un peu partout, sur les toits des maisons voisines et à plusieurs mètres à la ronde. Le sol était parsemé de débris de plâtre et de plafond.

 

« Le corps a survolé trois maisons avant de se retrouver dans la quatrième »

 

Au milieu de ces décombres, les experts de la police scientifique déployaient déjà leur matériel pour analyser la scène. Avec leurs gants, leurs tenues blanches et leurs masques sur le nez, ils ont parcouru le site, des cavaliers en plastiques jaunes en main comme on en voit dans les films, pour photographier, filmer et prélever des indices afin de reconstituer les faits. Si l’on en croit les informations que nous avons pu glaner çà et là, il n’y a eu qu’un seul décès, celui qui manipulait les explosifs.

A cause de la violence de l’explosion, l’homme a été propulsé en l’air, survolant d’abord une maison à étage, puis deux autres cours avant d’atterrir dans la quatrième où il a percé le toit du garage pour se retrouver par terre. Il semble aussi, selon les témoignages, qu’un de ses bras s’est retrouvé dans une autre maison, pendant que des morceaux de chair se sont retrouvés à plusieurs endroits. Un des techniciens s’employait d’ailleurs à faire le tour pour les ramasser. Quelle est l’identité de la personne tuée ? Combien étaient-ils à habiter la villa ? Que s’est-il réellement passé ?

Si l’on se fie aux dires du voisinage, les locataires sont arrivés dans le quartier il y a une semaine à peine pour occuper cette maison équipée et louée à des gens qui désirent y passer un court séjour. Il s’agirait d’orpailleurs avec qui ils n’ont échangé que des salutations. Une thèse qui semble se confirmer, car, selon une source sécuritaire qui a requis l’anonymat, la déflagration est due à du cyanure.

Toujours selon notre informateur, la victime serait un frère d’un certain Ousmane Pafadnam, détenu actuellement par la police. Il serait de la même famille qu’Adama Pafadnam, celui-là même qui a été à la base de l’explosion qui avait eu lieu au quartier Larlé de Ouagadougou en juillet 2014 et qui avait fait un mort, plusieurs blessés et de nombreux dégâts matériels. Cette fois-ci, une quarantaine d’habitations ont été soufflées par la détonation.

C’est le cas par exemple de celle d’Abdoul Nour Dianda, étudiant en troisième année de médecine, qui habitait le domicile d’en face. « Comme on n’avait pas cours aujourd’hui, je suivais tranquillement un film dans ma chambre. Tout le monde était sorti, donc je me suis levé pour aller boucler le portail. Dès que j’ai mis le pied dans la cour, j’ai entendu la détonation. J’ai couru me cacher à l’arrière. Cinq minutes après, je suis sorti devant la porte où j’ai vu un attroupement. On a constaté ensemble les dégâts », nous a-t-il confié, ajoutant qu’une partie de leur maison est tombée et les tôles arrachées.

A la question de savoir s’il connaît les habitants de la cour concernée, le jeune homme a indiqué qu’il les a aperçus quelques fois seulement, précisant qu’ils sont là depuis cinq jours à peu près. « C’étaient des Chinois qui y habitaient parce qu’ils travaillaient sur un château d’eau un peu plus loin. Après avoir fini leur travail, ils ont plié bagage, cédant la maison à ces nouveaux occupants. Ces derniers partent le matin et ne rentrent que le soir. Du coup on a juste échangé des bonjours », a expliqué notre jeune interlocuteur qui semble toujours sous le choc.

 

« Nous demandons une prise en charge psychologique des victimes »

Evelyne Kaboré, elle, ne devrait pas se remettre de sitôt. En effet, arrivée nouvellement dans le secteur, elle s’apprêtait à sortir quand elle s’est rendu compte qu’elle a oublié quelque chose dans sa chambre. C’est de là qu’elle a entendu le bruit. En revenant sur ses pas, elle va retrouver un bras de la victime sur le capot de sa voiture avant d’apercevoir d’autres parties de son corps par terre.

C’est en hurlant qu’elle va s’enfuir du domicile, croisant ainsi un voisin du nom de Malick Traoré qui, au moment des faits, était, lui, installé sous son auvent avec sa femme, sa mère et son enfant. C’était aux environs de 9h 30 mn. « Des morceaux de bois, de tôles et des débris de plâtres et de plafond ont atterri sur ma terrasse. J’ai fait rentrer les membres de ma famille à l’intérieur pour les mettre en sécurité et après je suis ressorti pour voir ce qui se passait », a-t-il indiqué.

«Lorsque je suis entré dans la cour de Mme Kaboré et que j’ai vu la dépouille, j’avais du mal à croire qu’il s’agisse d’un corps humain. Ce sont les agents de sécurité qui ont fait le constat d’usage qui nous ont déclaré que c’est bel et bien une personne », a témoigné celui qui espère une prise en charge des victimes surtout sur le plan psychologique. D’après les dires de plusieurs personnes, la fille du voisin immédiat s’est évanouie en apercevant, à son retour de l’école, la scène. La jeune asthmatique a tout de suite été transportée à l’hôpital à bord d’une ambulance.

Félicité Zongo

Zalissa Soré

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