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Affrontements FDS/Population : Vendredi noir à Orodara

Lentement mais sûrement, le chef-lieu de la province du Kénédougou est en train de retrouver son calme habituel après les évènements sanglants qui y ont fait cinq morts. Hier dimanche, le gouverneur de la région des Hauts-Bassins était encore sur les lieux pour poursuivre les démarches afin de rétablir la confiance entre forces de défense et de sécurité et population après la soirée dramatique de vendredi au commissariat de police. 

 

 

Vié : un nom que les Orodaralais n’oublieront pas de si tôt. Car c’est par cet homme, présenté comme un trafiquant de stupéfiants dans la localité, que le malheur est survenu. C’est  jeudi dans la matinée qu’une foule de jeunes visiblement remontés contre le «drogué» faisait irruption à son domicile pour l’en déloger, lui qui avait été, quelques jours plus tôt, déclaré persona non grata à Orodara. Cette action musclée des jeunes, selon plusieurs témoignages, se justifierait par le refus de l’alors banni d’Orodara de partir. L’ultimatum lancé à cet effet venait d’expirer le 15 janvier.

 

Au fait, de quoi Vié s’est-il rendu coupable pour avoir été sommé de déguerpir ? Accusé d’inceste, le banni, qui n’était d’ailleurs pas en odeur de sainteté avec son entourage à cause de ses activités jugées « obscures », aurait, selon les indiscrétions, adopté une posture irrévérencieuse devant les autorités coutumières de la localité qui l’avaient convoqué pour comprendre ce comportement indigne du genre humain (inceste) dont il se serait rendu coupable.

 

Il n’en fallait pas plus pour irriter les jeunes d’Orodara qui sommaient depuis toujours l’intéressé de quitter la ville. Celui-ci ne s’étant pas exécuté après l’expiration de l’ultimatum, les « justiciers » de la ville ont donc décidé de passer à l’acte. Une descente musclée est alors organisée chez le banni qui riposte avec son arme. Un des assaillants est mortellement atteint et le tireur se réfugie à la police d’Orodara avant d’être transféré à Bobo. Décidée à se faire justice, la foule envahit le commissariat de police.

 

La tension était palpable et face à la menace grandissante, la police riposte en faisant usage de gaz pour disperser les manifestants. Le calme précaire qui régnait va vite se dissiper vendredi en début de soirée avec ce message sur les réseaux sociaux attribué à l’autorité coutumière qui invitait les manifestants à entrer en possession de leurs engins qu’ils avaient abandonnés dans leur fuite à la police.

 

Il n’en fallait pas plus pour ameuter de nouveau la foule avec cette fois de réelles intentions d’en découdre avec les FDS, la police étant accusée de protéger le tueur de jeudi. Et face à la menace grandissante des croquants et aux risques de réel embrasement, des coups de feu vont retentir peu avant 19 heures.

 

Des tirs à balles réelles qui feront cinq morts et une dizaine de blessés. Hier dimanche, le calme semblait revenu à Orodara, même si le marché est resté fermé sur décision du haut-commissaire de la province. Un couvre-feu de 06 heures à 18 heures a été décrété et les tractations se poursuivent entre autorités administratives, politiques, coutumières et religieuses pour un retour à la normale dans les délais les plus brefs.

 

Jonas Apollinaire Kaboré

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