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Démission du gouvernement : Le Premier ministre qu’il nous faut

C’est comme si le Président du Faso avait fini par entendre la voix de nombre de ses compatriotes qui réclamaient à cor et à cri qu’il change de gouvernement au regard de la situation inquiétante que traverse le pays. Sont de ceux-là L’Observateur paalga qui, dans son édition de fin  d’année, conjurait littéralement le chef de l’Etat burkinabè de donner un coup de pied dans la fourmilière gouvernementale.

 

 

« On en est du reste à se demander ce que diable le locataire de Kosyam, trois ans après son arrivée aux affaires, attend pour donner un véritable coup de balai gouvernemental, tout copinage mis à part, pour au moins donner l’illusion  du changement ».

 

Et pas plus tard que la semaine dernière, après la nomination du général de brigade Moise Miningou comme chef d’état-major général des Armées, l’OBS en remettait une couche, affirmant que la seule valse des bérets ne suffira pas à nous sortir de l’ornière. Si le locataire de Kosyam ne se résout pas  à poursuivre l’indispensable grande lessive qui s’impose, à moins de deux ans de la fin de son mandat, ce sera trop tard. Car, en 2020, l’essentiel de ses efforts, pour notre malheur s’il n’y a pas d’embellie d’ici-là, risque d’être consacré à sa réélection.

 

Le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a enfin donné sa démission et celle de son gouvernement à son mandant, qui l’a acceptée. En faisant ses adieux aux Burkinabè vendredi dernier en début de soirée, il laissait en effet entendre qu’il ne sera pas reconduit. Mais qui donc pour lui succéder à la primature ?

 

Jusqu’à hier où nous tracions ces lignes, le nom de son successeur n’avait pas été encore rendu public, ce qui en pareilles circonstances laisse libre cours à toutes les supputations et à toutes les hypothèses, des plus sérieuses aux plus farfelues. Les noms qui étaient en tout cas régulièrement cités  sont ceux de Seydou Bouda, plusieurs fois ministre sous Blaise et ex-ambassadeur aux USA, notre chef de la diplomatie, Alpha Barry, la ministre de l’Economie et des Finances, Rosine Coulibaly, et même Bissiri Sirima, ci-devant coordonnateur du MCI, et bien d’autres.

 

L’affaire va-t-elle se jouer entre ces personnalités ou, comme on l’a déjà vu il y a trois ans avec la nomination imprévisible de Paul Kaba Thiéba, Roch va encore prendre de court son petit monde en sortant de son chapeau  un illustre inconnu ? Rarement en tout cas l’expression « oiseau rare » aura été aussi pertinente, car, dans cette République de comptables que prédisait De gaulle et que sont devenues presque tous nos Etats depuis les années 70, à une exception près (celle du journaliste Luc Adolphe Tiao au Burkina), ce sont des économistes, financiers ou gestionnaires, autrement dit des hommes qui savent jongler avec les chiffres, qui ont toujours eu la confiance du Président.

 

Va-t-on rester dans cette même logique en ces temps où la maîtrise des dépenses publiques, notamment la masse salariale, et où les revendications continues des syndicats sont d’actualité ? Autrement dit, Roch va-t-il de nouveau faire confiance à un technocrate quand bien même il n’aurait pas une épaisseur politique originelle comme c’était le cas pour Thiéba ? Ou bien, lutte contre le terrorisme oblige, va-t-il songer à un securocrate versé dans ces questions ? Il pourrait en tout cas en trouver dans l’armée ou la gendarmerie, sauf que le chef suprême des Armées ne veut pas voir de kaki dans son gouvernement, sauf à se dédire pour la bonne cause.

 

Mais le futur chef du gouvernement pourrait tout aussi bien être un homme ou une femme aux compétences transversales (magistrat, avocat ou, pourquoi pas, journaliste) qui, sans forcément être un spécialiste de la gestion économique ou sécuritaire, est avant tout un bon chef d’orchestre qui met en musique la politique de Roch comme tout bon Pm doit savoir l’être.

 

De toutes les façons, le Premier ministre, qu’il soit fort ou pas dans la gestion de la popote, n’a pas d’autres choix que d’être un touche-à-tout pour ne pas totalement être largué dans quelque domaine que ce soit. Encore que le choix d’un PM dans un pays comme le nôtre réponde parfois à des non-dits ethno-régionalistes dont il faut souvent tenir compte.

 

Quelque soit celui ou celle qui aura les faveurs présidentielles, son principal cheval de bataille ne pourrait être autre chose que la lutte contre le terrorisme  et l’insécurité ambiante, tout en restaurant l’autorité d’un Etat qui est en train de se déliter petit à petit. Celui que Roch va nommer, si ce n’est déjà fait au moment ou vous nous lisez, correspond-il à ce portrait-robot ? C’est à chacun d’en juger.

 

La Rédaction

 

Dernière modification lelundi, 21 janvier 2019 23:30

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