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Composition nouveau gouvernement : Chacun y va de son commentaire

Hier jeudi 24 janvier 2019, après la publication de la composition du nouveau gouvernement, nous avons promené notre micro en ville et dans certains états-majors de partis politiques.

 

 

Yvette Belème du bureau exécutif national du CDP

« De grosses têtes comme Simon sont parties »

 

« Après avoir traîné durant 48 heures nous venons d’avoir un nouveau gouvernement. Il semble y avoir un grand changement. Grand changement parce qu’il y a de  grosses têtes comme Simon Compaoré, Clément P. Sawadogo qui ne sont plus dans le gouvernement.  Nous nous sommes dit, si c’est pour l’avancée de notre pays, la recherche de la paix que ce changement a été opéré, allons-y. Ce que nous remarquons, c’est l’arrivée de Shérif Sy à la tête de la Défense. Un haut représentant qui se retrouve à ce poste, on se demande ce qu’il peut faire. Néanmoins notre grand souhait est qu’il réussisse à ramener la tranquillité dans notre pays, lui qui a été président du Conseil national de la Transition, haut représentant du chef de l’Etat. Qu’il travaille d’abord à apaiser les cœurs puis à mettre les FDS au top. »

 

Sidonie Zoungrana, chef du service financier ESCO/IGS

« Je déplore le départ de Rosine Sori Coulibaly »

 

« S’agissant du nouveau visage du gouvernement, je déplore vraiment le départ de Rosine Coulibaly/Sori. Je pense que c’est une femme travailleuse et battante qui pouvait faire avancer l’économie.

Concernant la sécurité, je souhaite seulement que le nouveau venu puisse gérer car on a besoin de paix. J’espère que ce sera un bon diplomate parce qu’on a besoin d’une personne capable. Notre économie est en baisse compte tenu des attaques terroristes. Le fait qu’il soit un homme de tenue peut être un plus. Cela signifie qu’il a toujours des relations dans le corps. Il aura certainement quelques tuyaux pour résoudre les problèmes. C’est vrai que la loi interdisait aux FDS (Force de défense et de sécurité) de se mêler de la politique, mais, dans ce cas précis, on peut dire que c’est un gouvernement d’austérité. Le statut de la personne ne compte pas, seuls les résultats nous importent.

En ce qui concerne Chériff Sy, je l’ai toujours trouvé très travailleur. Mais en tant que ministre de la Défense, je ne sais pas trop quoi penser. S’il a été nommé, c’est qu’il peut. Moi je le voyais plutôt Premier ministre. Je ne connais pas les relations qu’il a, mais je me dis qu’ayant été journaliste il peut s’en sortir ».

 

Yves Millogo, secrétaire adjoint  chargé de la communication et de l’information du CDP

« Ça ne nous permet pas de présager quelque chose de bon »

 

«C’est un casting qui n’a pas d’effets sur la réalité. Il ne suffit pas de changer des personnes pour être suffisamment efficace. Je note d’abord, par rapport au Premier ministre, que c’est un monsieur qui était déjà à la retraite. On va le réveiller pour qu’il conduise les affaires. Cela veut dire que le MPP est à bout de souffle.  Voyez, des ténors comme Clément Sawadogo et Simon Compaoré qui partent du gouvernement. Ça veut dire ce que ça veut dire.  A ceux qui sont nouvellement arrivés nous ne pouvons que souhaiter bon courage, vu la situation actuelle. Une fois de plus ça ne nous permet pas de présager quelque chose de bon pour notre pays ».

 

Wendyam Nikiéma, aide laborantin

« Si ça continue, on ne voudra plus que son fils soit militaire »

 

« Ce n’est pas parce que le ministre de la Sécurité est un homme de tenue que ça va changer quelque chose. Je pense qu’un civil peut aussi bien produire de bons résultats. Néanmoins je pense qu’il peut apporter de nouvelles idées qui vont changer la donne. Ça dépend aussi de ce qu’il a pu accomplir quand il était encore en service… Vraiment, on ne sait plus quoi dire. A l’heure actuelle, on peut dire qu’on en a vu de toutes les couleurs. Chaque jour que Dieu fait, on nous dit qu’il s’est passé ceci ou cela. On prie Dieu que les autorités puissent bien gérer la situation. On doit miser sur la protection des hommes de tenue  parce que, si ça continue comme ça, on ne voudra plus que son fils ou quelqu’un de sa famille devienne militaire ou gendarme. On a tous peur ».

 

Issaka Lingani, Directeur de publication de L’Opinion

«Même si nous changeons de gouvernement 40 000 fois… »

 

«Il n’y a pas de grands changements. Je constate d’abord le départ de Madame Rosine Coulibaly/Sori, ministre de l’Economie et des Finances. Elle était l’un  des poids lourds du gouvernement passé, la plus crédible aussi bien  aux yeux de l’opinion que des institutions internationales. Cela confirme plus ou moins des informations selon lesquelles la crise serait partie d’elle. Je note ensuite le départ de Simon Compaoré, ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso. Cela marque une rupture et l’homme était visiblement fatigué. Il y a aussi  l’arrivée d’un ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, en la personne de Moumina Chériff Sy. Celui-ci était le haut représentant du chef de l’Etat, un poste dont beaucoup demandaient la suppression, son entrée au gouvernement résout en même temps cette question. Personnellement, j’ai suivi une conférence au cours de laquelle  Monsieur Sy est intervenu sur la question de l’armée burkinabè, et ses points de vue ne m’ont pas du tout convaincu sur ce qu’il faut faire pour résoudre nos problèmes. Mais peut-être qu’on aura d’autres options stratégiques d’ici là. Il y a finalement une montée de la garde rapprochée de Roch Marc Christian Kaboré avec l’entrée du député Salifou Tiemtoré à la Jeunesse. 

Globalement, c’est la même équipe qui a été reconduite, un jeu de chaises musicales. Le problème ne se situe pas à ce niveau, c’est une question d’orientation globale de la politique du chef de l’Etat. C’est lui seul qui l’imprime, il faut qu’il affirme, sur un certain nombre de points, des orientations majeures. Par exemple, qu’est-ce qu’on fait par rapport à l’insécurité, à la fronde sociale, la réconciliation nationale ? Il doit se prononcer clairement sur ce  genre  de questions avant que le gouvernement les mette en œuvre. Même si nous changeons de gouvernement 40 000 fois et qu’il n’y a pas ces orientations, nous allons retomber dans les mêmes choses, la crise sociale et l’insécurité vont s’accentuer, le dialogue politique va continuer à se dégrader et aboutir à un chaos total. Ce n’est pas une affaire de Paul Kaba Thiéba ou de Christophe Marie Joseph Dabiré, ce n’est pas une question d’individualité dans le gouvernement. De façon claire, c’est Roch Marc Christian Kaboré le problème »

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Elsa Sawadogo, journaliste

«Le nouveau ministre de l’Economie devra se montrer digne du travail de Rosine»

 

« J’ai vu qu’il y a des changements dans la dénomination même des ministères et que les postes des secrétaires d’Etat ont été supprimés et remplacés par des ministères délégués. Les départements-clés comme les Infrastructures, les Affaires étrangères, la Fonction publique et l’Energie sont toujours occupés par les mêmes. L’un des portefeuilles les plus en vue a quant à lui changé de main : il s’agit du MINEFID, et à ce sujet, je peux dire que Rosine Sori/Coulibaly a accompli sa mission. Elle a réformé son service et essayé de rétablir une certaine équité dans le traitement salarial des agents de la fonction publique. Désormais le fonds commun est inscrit dans le budget et c’est un bon point pour elle. En même temps, c’est une avancée significative pour son successeur qui devra se montrer digne du travail abattu par cette dame afin d’en préserver les acquis. A chaud, je ne peux pas dire grand-chose concernant les nouveaux venus. Certains ont déjà fait leurs preuves au moment de la Transition comme Chériff Sy. D’autres, par contre, viennent de passer de l’ombre à la lumière. Bref on attend d’eux qu’ils se mettent au travail le plus rapidement possible, car on attend des résultats ».

 

 

Mathias Kadiogo, Coordination des syndicats du ministère de l’Economie

«Le nouveau ministre de l’Economie doit essayer de jouer balle à terre»

 

«D’abord, je regrette le nombre de jours que nous avons passés sans gouvernement. Compte tenu des épreuves que le Burkina Faso traverse, il n’était pas convenable que nous passions autant de temps.

Je me garde de faire des commentaires sur la composition de la nouvelle équipe gouvernementale. Il faut voir  ses acteurs à l’œuvre avant de les apprécier. Mon plus grand souhait est que cette équipe ait un regard résolument tourné vers le dialogue social. En tant que syndicaliste, je souhaite qu’ils accordent beaucoup d’importance au dialogue social. Si on ne dialogue pas, on ne peut pas bâtir une équipe solide qui travaille pour des résultats. Quand on travaille de façon dispersée, on ne peut vraiment pas avoir de résultats. Mais, quand ils se rendront compte que la cohésion est très importante dans la vie d’une communauté, on pourra bien avancer.

Les problèmes de sécurité qui sont posés, ce n’est pas seulement une question de personne. Il y a les personnes, les moyens et la chance. Si on a la chance que les ennemis nous laissent tranquilles, ça peut aller, sinon c’est un peu compliqué. Je souhaite qu’on puisse trouver les meilleurs moyens. Toutes les voies doivent être envisagées pour voir comment sortir notre pays du terrorisme.

Je félicite Lassané Kaboré pour sa nomination au ministère de l’Economie, des Finances et du Développement. C’est un du ministère, et vu ce que son prédécesseur a traversé, je pense qu’il mettra tout en œuvre pour construire une équipe qui travaillera à faire développer notre économie et à renforcer le recouvrement des finances publiques. Pour moi, en tant que partenaire social, il est très important de construire un système de dialogue social de sorte à permettre aux travailleurs de donner le meilleur d’eux pour avoir des résultats. Quelles que soient les qualités d’un homme, il ne faut pas travailler seul. Ce serait  bien que Lassané Kaboré essaie de jouer balle à terre pour qu’on puisse avancer ».

 

Alitou Ido, député à l’Assemblée,  vice-président de l’UPC

«La Défense et la Sécurité me semblent mieux pourvues en expertise »

 

«En regardant la composition de ce gouvernement, je constate que le MPP refuse toujours de voir l’évidence consistant à prendre langue avec toutes les strates de notre société pour négocier âprement un nouveau contrat social permettant au Burkina de sortir pour quelques années de la gestion partisane (un parti politique et ses alliés qui gèrent le pays). Mon humble avis est que l’état actuel de déstructuration du Burkina commande fortement ce préalable, bien plus que la composition d’une équipe gouvernementale pour gérer des situations somme toute profondément structurelles. Par exemple, ce n’est pas seulement en changeant des hommes et des femmes dans la chaîne sécuritaire que cesseront les frappes des terroristes dont les buts et la philosophie sont éminemment politiques, contre notre pays.

Ce nouveau gouvernement, comme les précédents, fera de son mieux en dépit de ce grand handicap ci-dessus décrit. Je compte 32 ministres, ce qui me semble pléthorique pour un pays dont les caisses sont vides ! Ce gouvernement compte 7 femmes contre 5 dans le précédent. Par ailleurs 9 nouveaux ministres font leur entrée contre 7 départs.  Une des grandes pertes pour le président Kaboré semble être le départ de Rosine Coulibaly/Sori, la ministre des Finances. Au change, il y a cependant  M. Kaboré Lassane, un grand bosseur qui connaît les hommes et les femmes du ministère. Il saura trouver les voies et les arguments «sonnants» pour relancer la machine par endroits. La chaîne de la Défense et de la Sécurité me semble mieux pourvue en expertise cette fois-ci avec un gendarme à la sécurité et le haut Représentant (haut poste bidon à supprimer au plus vite) à la Défense, Monsieur Sy, homme de ressources multiformes ; n’oublions pas que quasiment à lui seul, il est entré en guérilla pour mobiliser avec l’opposition tout le Burkina et faire échec au putsch après-insurrection. Mais là, il s’agit de tout autre chose, il s’agit de gérer les forces armées. Saura-t-il s’entourer adéquatement de professionnels de toute ethnie ? Le proche avenir nous le dira.

Je me demande finalement si réellement les cadres du MPP accepteront ce gouvernement. C’est au pied du mur qu’on verra le maçon ; peut-être qu’in fine, sa coloration va enfin enclencher la réconciliation nationale».

 

Propos recueillis par

Lévi Constantin Konfé

Aboubacar Dermé 

Hadepté Da

Zalissa Soré

Dernière modification ledimanche, 27 janvier 2019 16:30

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