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Attaque Sikiré et Nassoumbou : Zom-koom sanglant pour Chériff et Ousséni

Et ça recommence !

Pour peu, on croirait que les terroristes ne veulent pas que nous soyons dirigés.

 

Curieusement en effet, après la démission du Premier ministre Paul Kaba Thiéba et de toute  son équipe, le vendredi 18 janvier 2019, une sorte d’accalmie s’était installée au Burkina Faso où, depuis longtemps, pas une semaine ne passait sans que l’on n’enregistrât d’action terroriste sur le territoire national.  Mais depuis que les Burkinabè étaient dans l’attente de la formation d’un nouveau team gouvernemental, pas d’attaque d’individus non identifiés, pas d’explosion de mines artisanales, pas d’enlèvement. Une tranquillité bien ressentie au point que certains, dans un langage badin, ont pu dire que si notre problème sécuritaire vient du gouvernement, autant s’en passer.  Après tout, se souviennent-ils, les Belges n’ont-ils passé 18 mois entre 2010 et 2011 sans gouvernement sans que l’Etat s’effondre ? Bien au contraire, cette période d’anarchie, au sens étymologique du terme,  aurait été l’une des périodes les plus fastes du «Plat pays».  

Mais puisque comparaison n’est pas raison et la Belgique n’est  pas le Burkina Faso, passons pour revenir à l’objet de préoccupation du jour pour nous demander s’il  tient au simple hasard du calendrier  ou à une quelconque relation de cause à effet.

En effet, il a suffi  que le nouveau Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré, exhumé de sa douce retraite le lundi 21 janvier 2019, compose son équipe pour que ça commence  à péter de nouveau :

coup sur coup, en l’espace de vingt-quatre heures, deux attaques terroristes  ont fait au moins une quinzaine de morts, rallongeant une fois de plus la liste macabre ;

d’abord à Sikiré, localité située à une vingtaine de kilomètres d’Arbinda dans la province du Soum où,  dimanche dernier, jour de marché,  en milieu de matinée, des individus armés, juchés sur des motos et des tricycles, ont arrosé la foule de balles de kalachnikovs avant de fondre dans la nature.

Le bilan officiel fait état d’une dizaine de victimes et de plusieurs boutiques et commerces saccagés et incendiés ;    

ensuite à Nassoumbou (toujours dans le Soum), le lendemain lundi 28 janvier 2019,  une localité  dont le nom évoque des  souvenirs douloureux  dans la conscience collective.

Ce jour-là,  alors que les Burkinabè ne s’étaient pas encore remis  de la tragédie de Sikiré, voilà qu’un des plus importants  dispositifs sécuritaires  du pays a été la cible d’une attaque terroriste.  En l’occurrence le détachement du Groupement des forces antiterroristes (GFAT) visé à la roquette, puis à l’arme lourde par des individus arrivés à motos et à véhicules. Quatre militaires tués et le camp incendié.

C’est la deuxième fois que cette position militaire avancée se trouve dans la ligne de mire de l’hydre terroriste :  le 16 décembre 2016, un premier assaut, revendiqué par la katiba Ansarul Islam du prédicateur Ibrahim Malam Dicko, avait fait douze tués dans les rangs du GFAT.

Une question que l’on est en droit de se poser est comment ce lieu, tenu par des FDS spécialement formées à la lutte contre le terrorisme et pour cela considéré comme une citadelle imprenable, a pu être frappé de nouveau. Des mesures spécifiques ont-elles été prises après la bérézina du 16 décembre ?   Si le Groupement spécial chargé de la sécurisation du Nord n’est pas lui-même en sécurité, il y a de quoi s’interroger.

Quelque deux jours seulement après leur installation donc, voilà les nouveaux ministres de la Défense et de la Sécurité, Moumina Chériff Sy et Ousséni Compaoré, confrontés à leur baptême du feu, au propre comme au figuré.  Un zom-koom sanglant en guise de bienvenu  alors que les deux impétrants sont en train de découvrir leurs maisons et leurs collaborateurs respectifs avant l’élaboration de plans de bataille contre le terrorisme. Il n’y aura donc pas eu de round d’observation comme en boxe.

Si l’ancien journaliste et celui qui fut un temps commandant de la gendarmerie sous le CNR voulaient des preuves palpables de l’aventure périlleuse dans laquelle ils se sont embarqués, ils l’ont désormais à coup sûr.

Mais il serait illusoire de reposer nos espoirs sur deux hommes, soient-ils,  l’un fils d’un général charismatique de notre armée, et l’autre ancien «sécurocrate» sous la Révolution.   

«Quoi qu’il en soit, on ne le dira jamais assez, si c’est dans l’ordre normal des choses de faire tomber quelques têtes, ne serait-ce que pour complaire au bon peuple en quête de sang frais, le sacrifice de Bouda et de Sawadogo sera vain si, citoyen lambda y compris, toute la chaîne sécuritaire, dont le premier maillon n’est autre que le chef suprême des armées lui-même, n’est pas opérationnelle et consciente de ses responsabilités et des enjeux du moment».

C’est par cette note d’avertissement que L’Observateur Paalga concluait son éditorial du vendredi 25 au dimanche 27 janvier 2019, consacré au nouveau gouvernement.

Vivement donc les mesures fortes annoncées par le nouveau Premier ministre dont l’une est l’installation du nouveau chef d’état-major général des armées, le général de brigade Moïse Minoungou,  nommé depuis le 10 janvier dernier, mais toujours dans l’attente de son bâton de commandement. 

 

Alain Saint Robespierre

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