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Hémorroïdes : Quand le sphincter lâche

La maladie hémorroïdaire, communément appelée hémorroïde ou « koko », est très fréquente. Selon des études, un adulte sur deux l’a forcément. D’ailleurs, selon un spécialiste, les hémorroïdes sont tout à fait normales et toute personne les a. Elles ne constituent un problème de santé que lorsqu’elles créent des symptômes comme la douleur, les saignements ou la démangeaison. Et quand la maladie hémorroïdaire survient, des traitements existent pour peu qu’on se présente dans un centre de santé. C’est ce qui ressort de cet entretien que nous a accordé le docteur Lydie Sya, hépato-gastro-entérologue en service au CMA Paul VI de Ouagadougou.

 

Qu’est-ce que les hémorroïdes ?

 

Ce sont des structures anatomiques normalement présentes chez tout individu. C’est dire que tout individu porte des hémorroïdes, qui sont un ensemble de vaisseaux sanguins enchevêtrés au niveau de la marge anale.

On distingue les hémorroïdes internes et les hémorroïdes externes en fonction d’un certain repère que nous, cliniciens, pouvons déterminer ; les hémorroïdes internes se retrouvant un peu plus en profondeur que celles externes, qui vont visibles.

Il faut aussi savoir que les hémorroïdes jouent un rôle dans la continence anale, c’est-à-dire que c’est grâce à elles que l’anus reste fermé tant qu’il n’est pas sollicité pour la défécation. Les hémorroïdes deviennent pathologiques quand elles s’accompagnent de symptômes.

 

Quels sont ces symptômes ?

 

On en distingue 3 principaux :

-         la douleur : les sujets qui ont mal au niveau de l’anus. Ce qui correspond à une crise hémorroïdaire ;

-         les saignements : les sujets peuvent retrouver du sang dans leurs selles. Ces hémorragies peuvent être importantes et causer des complications ;

-         un prolapsus : les hémorroïdes font issue au niveau de la marge anale. Ce sont des bourrelets qui sont bien visibles et entraînent une gêne mécanique, notamment au moment d’aller à la selle.

 

Quels sont les facteurs de risque ?

 

Il y a principalement :

La grossesse : elle va favoriser la pathologie hémorroïdaire parce qu’il y a un certain nombre d’hormones qui sont produites pendant la grossesse et rendent lâche cette zone si bien que les hémorroïdes peuvent faire issue.

L’accouchement : pendant le travail, l’effort fait lors des poussées va favoriser les hémorroïdes

L’âge : plus on prend de l’âge plus il y a une laxité ligamentaire

Les troubles de transit : quand on est constipé continuellement, on est obligé de faire des efforts pour aller à la selle.

La diarrhée chronique.

 

Et  l’alimentation ?

 

Elle sera un facteur indirect. Et c’est en l’occurrence l’alimentation  qui favorise la constipation. 

 

D’aucuns disent que la consommation excessive de viande rouge entraîne la maladie…

 

Cette thèse n’a pas été démontrée scientifiquement. Mais je dirai oui, dans une moindre mesure, parce que la viande, tout comme les autres matières grasses, constipe. Il faut donc les consommer avec modération. 

 

Si on se base sur les facteurs de risque comme la grossesse et l’accouchement, on peut dire que les femmes sont les personnes les plus à risque ?

 

Pas forcément. Les sujets du sexe masculin présentent beaucoup plus les symptômes des hémorroïdes. Certains incriminent des métiers comme ceux de conducteur, de couturier, ceux qui les pratiquent restant assis pendant longtemps au cours de la journée. Mais ces facteurs n’ont pas été scientifiquement démontrés.

 

Grossesse et hémorroïdes. La gestion médicale ne doit pas être simple ?

 

Oui. La grossesse est une imprégnation hormonale. On ne peut donc pas éviter les hémorroïdes chez certaines femmes pendant la grossesse. Alors que tous les médicaments ne peuvent pas êtres prescrits pendant la grossesse, donc sa gestion devient difficile.

 

Comment soulager une crise d’hémorroïdes ?

 

Il y a plusieurs médicaments qui peuvent être pris pour soulager la crise hémorroïdaire, qui se caractérise surtout par la douleur. C’est très douloureux, donc il faut utiliser un certain type de médicaments comme les antalgiques et les anti-inflammatoires en fonction des crises, qui peuvent également être de plusieurs ordres. Il y a la crise, simple et la thrombose hémorroïdaire. Dans le deuxième cas, un caillot de sang peut être coincé au niveau de ces petits vaisseaux, et ça fait très mal. Il faut faire une petite incision pour enlever le caillot, sinon le malade aura en permanence mal.

 

Peut-on guérir de la maladie ?

 

Si les hémorroïdes sont pathologiques ? Oui. Le traitement se fait par paliers en fonction de la gravité. Ça peut être juste médicamenteux, juste des médicaments à avaler ou à appliquer au niveau des hémorroïdes quand ce n’est pas compliqué.

En cas de complications, le traitement est endoscopique. Et le traitement ultime, c’est la chirurgie, quand les médicaments et les traitements endoscopiques ne marchent pas. Il faut aller enlever tout ce qui est hémorroïdes.

 

Mais il faut savoir qu’on ne traite les hémorroïdes que lorsqu’elles sont symptomatiques. On n’en arrive au traitement chirurgical que lorsque les autres traitements n’ont pas donné satisfaction.

 

Il y a aussi les médicaments traditionnels et des astuces qui semblent faire leurs preuves dans le traitement de la maladie hémorroïdaire !

 

C’est bien si certaines personnes y trouvent satisfaction. Me fondant sur ma petite expérience, je ne peux pas dire si c’est bien ou pas. Toujours est-il que des patients nous reviennent après avoir essayé ces médicaments et astuces. Là, ça devient compliqué.

 

Quelles peuvent en être les complications ?

 

L’hémorragie est la complication la plus importante. Si elle perdure, elle peut entraîner une anémie qui, à long terme, peut mettre en danger la vie.

 

Les hémorroïdes peuvent-elles rendre stérile ?

 

Non. Elles peuvent peut-être entraîner une baisse de la libido, cela à cause de la douleur. Cependant, elles ne jouent pas sur la qualité des spermatozoïdes. C’est seulement psychologique.

 

Comment prévenir la maladie ?

 

Il n’y a pas de mesures dictées. La plupart des facteurs de risque sont inévitables : c’est le cas de la grossesse et du vieillissement. Là où on peut faire plus attention, c’est au niveau de l’alimentation, en veillant à une consommation saine, notamment en mangeant beaucoup de fibres, des fruits et des légumes pour éviter la constipation chronique.

La maladie hémorroïdaire est une pathologie très fréquente, mais sa fréquence est assez sous-estimée parce que les patients ne consultent pas. La maladie est considérée comme honteuse par beaucoup de gens, qui ne consultent que lorsque les symptômes gênent vraiment. J’invite la population à se rendre dans les centres de santé, car cette pathologie n’est pas la seule au niveau anal. Il peut s’agir de maladies plus graves.

 

Entretien réalisé par

 Alima Séogo/Koanda

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