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Accords de paix en Centrafrique: Le 8e sera-t-il le bon ?

On n’en connaît pas encore les clauses, gardées secrètes pour on ne sait trop quelles raisons, mais c’est censé être le texte de l’espoir. Paraphé mardi dernier à Khartoum, l’accord de paix entre le gouvernement et les groupes armés qui se sont partagé ce territoire de 622 984 km2 a  en effet signé hier à Bangui lors d’une cérémonie solennelle et émouvante  au palais présidentiel en présence du chef de l’Etat, Faustin Archange Touadéra.  

Seule ombre à ce tableau idyllique, l’absence, remarquée,  des leaders des deux principales entités armées, Ali Darassa de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) et Noureddine Adam du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC). Pour autant, il ne faudrait pas y voir tout de suite une forme de dénonciation de l’arrangement politique de Khartoum, noué sous l’égide des Nations unies et de l’Union africaine, puisque les deux personnalités l’avaient bien paraphé la veille et qu’elles étaient dûment représentés ce mercredi.

La 8e fois sera-t-elle la bonne ? Sera-ce un accord de plus ? Puisque sept autres avaient été déjà signés depuis 2012, sans que la situation s’améliore véritablement sur le terrain. Le dernier, on se rappelle, avait été conclu en juin 2017 sous l’égide de la communauté catholique Sant’Egidio, mais même avec la bénédiction de ces religieux, le miracle de Rome n’a pas eu lieu. Le pays avait vite fait de replonger dans cette interminable guerre civile qui dure depuis une décennie, au grand dam des Centrafricains, partagés aujourd’hui entre un espoir souvent déçu et un certain scepticisme.

Le premier magistrat centrafricain a beau se convaincre que c’est un document « juste et équilibré qui réhabilite les victimes et répare les cœurs, une véritable charte pour la réconciliation nationale », il faut attendre vraiment de le voir à l’épreuve du terrain pour voir s’il produira les résultats escomptés Premier test majeur, la cessation des hostilités à l’aune de laquelle on pourra jauger véritablement la volonté réelle des différentes parties signataires d’aller à la paix.

Car le tout n’est pas, pour les premiers responsables des milices, d’apposer leurs précieuses signatures qui n’engagent souvent qu’eux. Encore faut-il que leurs troupes respectives suivent le mouvement. Ce qui n’est pas toujours garanti. Le problème, c’est que certains seigneurs de guerre, au-delà des revendications sociopolitiques qui servent souvent de paravent, sont engagés dans une véritable guerre de rapine, se payant habituellement sur la bête, si bien que, pour beaucoup, la fin du conflit signifie la fin des haricots.

Seront-ils donc capables, eux, et surtout leurs combattants, qui se révèlent souvent être les dindons d’une farce politique, de déposer les armes et de se reconstruire une vie plus honnête dans le cadre du désarmement-démobilisation-réinsertion ? Là est la question et bien malin qui pouvait y répondre hier au palais de la Nation à Bangui.  

Issa K. Barry

Dernière modification lejeudi, 07 février 2019 22:27

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