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Traitement de l’information sécuritaire : Conférence de rédaction avec Rémis Dandjinou

Ce n’est pas tous les jours qu’une personnalité de ce niveau assiste à notre conférence de rédaction. En effet, hier dimanche 10 février 2019, le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou, était dans nos locaux dans le cadre du dialogue direct qu’il a engagé avec les médias dans le contexte du péril terroriste qui prévaut dans notre pays. On comprend alors pourquoi notre ancien confrère a sacrifié son dimanche pour venir s’entretenir avec nous. Durant près de deux heures, les échanges ont porté sur la délicatesse du traitement de l’information sécuritaire. Faut-il tout dire au risque de porter atteinte au moral des troupes ? Le consensus lors des échanges est qu’il faut distiller l’information juste et saine pour informer l’opinion nationale  sans recherche effrénée du scoop et du sensationnel.

A la fin de cette conférence de rédaction, le ministre a bien voulu se prêter à nos questions.

 

 

 

Avec la question sécuritaire que nous connaissons présentement, quel peut être, selon vous, le traitement qui doit être fait de l’information concernant les attaques ?

 

On met souvent en avant la question du patriotisme, mais il ne faut pas qu’en se disant patriote, on arrive à une situation de censure. La question essentielle que l’on doit se poser est celle-ci : qu’est-ce que nous cherchons en diffusant l’information ? Est-ce que toute information, même si elle est vérifiée, même si elle est nécessaire, est utile ? Je ne dis pas qu’il faut censurer les médias, mais simplement qu’il faut que nous ayons une information qui soit à même de renseigner la population, parce que dans une période où il y a cette insécurité, il est important que nos compatriotes soient très bien informés. Pour cela, il faut que l’information soit juste, recoupée mais qu’elle ait une fonctionnalité dans la conquête du vivre-ensemble, de la cohésion sociale et de la sécurité que nous recherchons.

 

La communication gouvernementale devant s’adapter à cette nouvelle donne, quels sont les nouveaux enjeux et plans que vous avez concoctés pour vous adapter à la situation ?

 

L’un des éléments importants, et tous les médias l’ont dit, c’est la nécessité d’un accès à une information juste. Aujourd’hui, la communication gouvernementale doit donner une information très rapidement en ce qui concerne notamment les attaques, les opérations de nos forces de défense et de sécurité. Nous avons parlé avec les ministres en charge du dossier et ils ont conscience des enjeux. Vous savez, lorsqu’il y a une opération, il faut qu’on dise aux populations qu’il y a une opération qui a eu lieu. Après est-ce qu’elle a fait 50 morts chez les terroristes, est-ce qu’elle nous a malheureusement causé la perte d’un ou deux soldats, il faudra le dire, mais il faut prendre le temps d’affiner ces informations pour qu’il n’y ait pas de contradiction. Il faut dire à l’opinion publique ce qui se passe et l’informer, pas en temps réel mais le plus rapidement possible. Cela donne de la matière aux organes de presse, évite que les réseaux sociaux soient la seule source d’information.  Une telle démarche permet de crédibiliser nos médias.

 

Dans notre pays, beaucoup d’institutions n’ont pas de porte-parole.  N’est-il pas temps de pallier cette insuffisance ?

Depuis l’année passée, nous avons demandé que tous les ministères aient un porte-parole. Certains nous ont communiqué les deux porte-parole qu’ils ont désignés et nous avons publié leurs noms sur le site. Par contre, d’autres traînent les pieds, mais je pense que les porte-parole seront mis en place. S’agissant de l’état-major, nous avons la certitude que celui qui tient actuellement le bâton de commandement va mettre en place un porte-parole. Ça va permettre d’avoir un répondant rapidement. Je crois aussi qu’au ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants, une équipe plus performante de communication verra le jour afin que l’information soit relayée. Nous sommes dans une guerre d’opinion, il ne faut pas l’oublier, il convient que les populations connaissent exactement les enjeux et qu’on puisse mettre un cadrage au phénomène, qu’on puisse avoir toute la lecture nécessaire du phénomène pour que chacun comprenne ce qui est recherché par les terroristes dans chaque acte qu’ils posent. Il faut qu’on sache aussi comment on doit se comporter pour ne pas tomber dans le jeu des terroristes.

 

S’il est facile d’encadrer les médias traditionnels, qui sont bien structurés, ce n’est pas le cas des réseaux sociaux. Quels messages avez-vous à lancer à leurs utilisateurs dans ce contexte de péril sécuritaire ?

 

La première chose qu’il faut souligner, c’est que tous les réseaux sociaux ne sont pas des médias. C’est vrai que sur les réseaux sociaux, on a souvent des pages qui sont liées à des organes de presse reconnus, mais beaucoup de personnes qui y diffusent des informations sont des activistes, des lanceurs d’alertes, etc. Les réseaux sociaux sont nécessaires, mais cela doit se faire dans le respect de la loi. Le gouvernement va désormais appliquer de façon un peu plus stricte tout ce qui est dans la loi concernant les délits ou les éléments répréhensibles sur les réseaux sociaux. Il y a un projet de relecture du Code pénal qui va permettre de prendre en compte un certain nombre d’infractions et de délits qui ne l’étaient pas.

 

Quels types de rapports souhaitez-vous qu’entretiennent la presse et les structures de sécurité, notamment la gendarmerie et la police ?

 

Les médias doivent être indépendants, car leur indépendance garantit une information qui soit juste, recoupée et qui donne aux populations une perception du phénomène terroriste dans son entièreté. Pour autant, dans le contexte où nous sommes, il ne s’agit pas d’inféoder les médias mais de leur demander de se référer le plus souvent possible à la source officielle quitte à ce qu’ils la recoupent ensuite avec d’autres sources afin d’avoir ce traitement équilibré. Nous devons travailler en bonne intelligence. Personne ne doit être à la charge de personne et tout le monde doit savoir qu’on a besoin de l’autre pour réussir ce combat.

 

Hadepté Da

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