Menu

Wade menace de brûler les bureaux de vote : Un Ex ne devrait pas dire ça !

 

Avant même de quitter sa retraite versaillaise le jeudi 7 février dernier, il avait annoncé la couleur, mais on était loin d’imaginer qu’il irait aussi loin dans la contestation de l’élection présidentielle du 24 février prochain : mercredi, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, rentré au bercail en redresseur de torts, a en effet lancé, lors d’une rencontre du Parti démocratique sénégalais, un appel à la perturbation de l’élection ; en s’attaquant notamment aux bureaux de vote et en brûlant le matériel électoral. « Si nous brûlons 50 ou 70% des bureaux de vote, on sera obligé de recommencer les élections dans d’autres conditions. Voilà ce que nous allons faire », a ainsi martelé Gorgui, à la stupeur générale, à commencer par celle de ses propres militants. Puis d’annoncer qu’il ferait le tour des régions pour expliquer sa démarche. Une contre-campagne d’un genre assez particulier.

 

 

Un ancien chef de l’Etat qui incite ouvertement à des actes de vandalisme, on n’avait jamais vu ça dans les annales politiques du pays de la Téranga qui s’enorgueillissait encore, il y a peu, d’être le phare de la démocratie en Afrique, même si la lanterne a tendance à pâlir depuis quelques années, du fait notamment d’actes et de propos inconsidérés comme ceux que le prestigieux « exilé » de Versailles vient de tenir.

 

Non, un Ex ne devrait pas dire ça, car en poussant aussi loin le bouchon de la contestation, il n’honore pas la plus haute charge de l’Etat qu’il a exercée pendant douze ans. De ce point de vue, il apparaît comme le contre-exemple parfait de son prédécesseur Abdou Diouf qui s’abstient, depuis qu’il a quitté les affaires, de s’exprimer publiquement sur la politique de son pays.

 

Quelle mouche a donc bien pu piquer le natif de Kébémer, à moins que ce soit une crise de sénilité, pour qu’il en vienne à de telles outrances ? A l’évidence, il ne décolère pas à cause de la mise  à l’écart de son fils chéri, Karim, condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) avant d’être exilé nuitamment au Qatar sur fond de tractations souterraines. Des ennuis judiciaires qui les ont empêchés, lui et l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, de se porter candidats à la magistrature suprême.

 

Même si on est en droit de penser que le président sortant, Macky Sall, a instrumentalisé la justice pour s’ouvrir un boulevard vers la présidence, en éliminant ceux qui étaient réputés être ses deux principaux adversaires – encore que –, l’attitude de Me Wade est proprement indigne de son rang.

 

En fait, à bien réfléchir, il y a une sorte de cynisme et de perfidie dans le comportement de Gorgui, comme s’il voulait pousser le pouvoir à la faute. Sans doute se dit-il in petto qu’au regard de son statut et de son âge presque canonique – il aura bientôt 93 ans – on n’osera pas le toucher parce que ça ferait mauvais effet. Mais il devrait se garder de jouer avec le feu qu’il entend allumer. «La loi s’appliquera dans toute sa rigueur», a d’ores et déjà prévenu Seydou Gueye, le porte-parole du gouvernement sénégalais.  

 

C’est peu dire donc que, dans le camp présidentiel, on insupporte de plus en plus ces « waderies ». Et, si le vote devait être perturbé, ancien président ou pas, l’insurgé du Point E pourrait emménager dans la cellule de Rebeus qu’occupait son petit Karim au nom duquel il a, en réalité, sacrifié son parti (puisqu’il n’a jamais voulu un candidat autre que ce dernier) et pour qui il est visiblement prêt à brûler tout le Sénégal. Mais le pyromane nonagénaire, s’il n’y prend garde, pourrait être la première victime de l’incendie, en même temps qu’il enverrait au casse-pipe ceux qui auraient l’outrecuidance de suivre son mot d’ordre. A bon vandale…

 

 

Ousseni Ilboudo

Dernière modification lelundi, 18 février 2019 21:41

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut