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Présidentielle nigériane : Duel de septuagénaires pour occuper Aso Rock

Finalement, il y aura eu plus de peur que de mal. Après le report d’une semaine des élections générales qui devaient avoir lieu le samedi 16 février dernier, pour des raisons logistiques et autres, la prolongation s’était durcie et la tension était montée d’un cran.

 

Le président sortant, Muhammadu Buhari, dont la posture martiale rappelait son premier passage à la tête de l’Etat, suite à un putsch du 31 décembre 1983 au 27 août 1985, avait en effet crié à la tentative de fraude et affirmé avoir donné l’ordre à la police de sévir sans pitié. Une déclaration, qui, on l’imagine, n’a pas eu l’heur de faire plaisir à son challenger Atiku Abubakar.

 

 

Nombreux donc étaient ceux qui se demandaient dans ce contexte  de quoi cette journée du 23 février serait faite. Fort heureusement, le clash tant redouté n’a finalement pas eu lieu, les acteurs du processus électoral, qu’il s’agisse des états-majors, des observateurs ou des électeurs, ayant été au moins d’accord sur un point : l’élection s’est globalement bien passée. Le système biométrique d’identification d’électeurs aurait même contribué à une certaine fluidité.

 

 

Pour autant, on aurait tort de croire que tout est nickel, car si on ne peut pas, à proprement parler, faire cas d’irrégularités ou de tentatives de fraude, des dysfonctionnements regrettables ont tout de même empêché de nombreux électeurs d’accomplir leur devoir civique, avec des poches de violence  notamment dans l’Etat du Rivers, à Lagos ou encore à Maiduguri, foyer incandescent de la secte islamiste Boko Haram, sans oublier le retard dans l’ouverture de certains bureaux de vote, l’absence de bulletins pour les législatives dans certains centres de vote, l’incendie de bulletins et de matériel électoral, les vols d’urnes et les lancers de bâtons de dynamite.

 

 

Qu’à cela ne tienne : si l’on en croit les chiffres officiels réunis, pas moins de 90% de bureaux de vote  ont pu ouvrir et fonctionner normalement.  Reste donc maintenant à savoir  qui des 72 candidats qui étaient en lice  aura la faveur de la majorité des 72 millions d’électeurs qui ont pu retirer leur bulletin de vote sur les 84 millions d’inscrits. Le vainqueur, rappelons-le, devra en effet avoir non seulement la majorité des voix au niveau fédéral, mais aussi 25% des suffrages dans au moins 2/3 des Etats, soit 24 sur les 37 que compte la République fédérale du Nigeria.

 

 

En réalité, tout le monde sait que le combat pour l’accession au  palais Aso Rock se joue entre les deux vétérans que sont le président sortant, qui entend renouveler son bail à 76 ans, et Atiku Abubakar, de quatre ans son cadet. Buhari, qui est arrivé au scrutin avec un bilan plus que mitigé, notamment dans la lutte contre Boko Haram et la corruption, pourra-t-il sauver son fauteuil face à l’ancien douanier qui a fait fortune dans les affaires et qui traîne une réputation presque sulfureuse ? En attendant que les urnes en décident, sauf à disposer d’une boule de cristal, bien malin qui pourrait à l’heure actuelle préjuger de l’issue de cette bataille qui paraît indécise.

Issa K. Barry

Dernière modification lelundi, 25 février 2019 21:31

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