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Les pirogues du savoir : Les élèves de Douré veulent une école

Plus de 900 écoles fermées et quelque 500 000 élèves privés d’enseignement, selon certaines estimations. Avec ce drame éducatif qui se joue à l’Est et au Sahel, notamment du fait de la menace terroriste, on oublierait peut-être, mais la vie scolaire poursuit ailleurs son cours normal avec ses joies et ses peines. Et on n’a pas toujours besoin d’aller, comme qui dirait, dans le « Burkina profond, sonore et métallique » pour se rendre compte que la quête du savoir s’apparente bien souvent à une véritable course d’obstacles au propre comme au figuré. A Douré, un village de la commune de Ziniaré, une centaine d’élèves bravent ainsi chaque matin les eaux du fleuve Nakambé afin de se rendre à l’école. Nous avons dépoussiéré nos cartables pour embarquer avec eux dans ces « pirogues du savoir ». 

 

Vous avez dit si proche, si loin ? Depuis trois heures que la fourgonnette slalome entre routes cahoteuses et pistes étroites, les premières cases en chaume de Douré n’étaient toujours pas apparues à travers le pare-brise. Ce n’est pourtant pas la mer à boire : le patelin est en effet situé à environ 22 km à l’est de Ziniaré, donc à  (seulement) 57 km de Ouagadougou. Mais impossible d’y accéder en quatre roues depuis le chef-lieu de l’Oubritenga ; la route étant coupée une bonne partie de l’année par le Nakambé, obligeant le voyageur, comme nous en cet après-midi, à se taper un important détour qui passe par la digue du barrage de Ziga ou par Korsimoro. Si pour nous, l’isolement de Douré qui porte si bien son nom (Ndlr : « derrière l’eau ») ne se traduit que par des kilomètres inattendus pour le compteur du véhicule de reportage, pour les quelque 600 âmes qui y vivent, à chaque jour suffit sa peine. La seule présence de l’Etat : une banque de céréales, quelques forages et des latrines. Le reste, plus rien. Pas de route, pas de dispensaire, pas d’école, pas de moulin à grain pour les femmes. Rien de tout ça. Douré semble coupé de la "modernité" par le fleuve Nakambé. Tout se trouve de l’autre côté de la rive, à Kuilkinga, le village voisin. Loin d’être résignés, les habitants domptent au quotidien la Volta Blanche, l’ancien nom du Nakambé, à travers un pont fluvial : deux pirogues appartenant à la communauté mouillent constamment sur la berge et font la navette pour amener hommes et marchandises de chaque côté du cours d’eau et surtout, la centaine d’élèves et de collégiens que compte le village.

 

"Bus scolaire" flottant

 

Il est un peu plus de 5h du matin ce 22 janvier 2019. Douré apparaît dans la lueur naissante du jour. Ici, c’est  le chant du coq qui réveille encore les hommes. Dans la concession des Bonkoungou, Kirsa, 15 ans, s’est finalement extirpé de sa case, les yeux encore bouffis de sommeil. Il fait frais, l’adolescent enfile sur sa tenue kaki un pull à l’effigie de  Neymar, la star brésilienne du PSG. Pas  une minute à perdre, sa toilette est minimaliste : il ne se lave que le visage. Les filles, plus matinales, elles, sont déjà prêtes. Leur sac du même modèle, un seul compartiment fermé par une sangle, au dos, elles tiennent chacune en main un bol rempli de to qu’elles délaieront dans la journée. C’est Habibou, 13 ans, en classe de CM1 qui a préparé les victuailles la veille au soir avant de se coucher. Accompagnées du petit Pierre en classe de CP2, les gamines se mettent en route sous une lune encore visible. Kirsa, au collège, a le privilège d’avoir une bicyclette. La fratrie est rejointe en cours de chemin par d’autres  enfants venant de tous les quatre coins du patelin.

Après 20 minutes de marche, le fleuve Nakambé, tel un immense tapis scintillant se dresse devant eux. Impossible d’avancer. L’embarcadère, passage obligé sur la route de l’école, grouille déjà, comme à chaque matin, de monde. Les écoliers et lycéens attendent par petits groupes leur « bus scolaire » flottant. Au loin, prêtes à accoster sur l’autre rive, deux embarcations qui débordent, voguent sur la masse grisâtre. C’est la première vague de la journée. Il en faudra plusieurs pour acheminer toute la cohorte. Quelques instants plus tard, à coups de rames, les piroguiers ramènent les engins flottants, prêts à accueillir de nouveaux passagers. Des collégiens, pour la plupart, reconnaissables à leur tenue. Le rituel est codifié : se déchausser, se retrousser le pantalon ou la jupe avant de se mettre à l’eau et entasser les vélos à l’avant du navire. Une proue de roues et de guidons qu’un gamin tiendra solidement pour éviter que les montures ne finissent au fond du fleuve. Nous prenons place à bord d’une des embarcations, étroites et rustiques. Un banc a été ajouté pour suppléer au manque de sièges mais pas suffisamment pour empêcher qu’on s’y sente à l’étroit. Ce n’est assurément pas des paquebots de plaisance. L’un des « bateaux-mouches » est d’ailleurs en piteux état, l’eau s’infiltre par la coque. Une collégienne se sert d’un bidon coupé, en permanence embarquée, pour  dégager la flotte avant que les amarres ne soient larguées. Durant le trajet, il faudra veiller à ce que le niveau d’eau qui s’infiltre ne monte dangereusement, au risque de voir la pirogue chavirer. Et ses passagers avec. Cherchez toujours les gilets de sauvetage…

 

 

Elève et passeur

 

Notre piroguier est le passeur attitré du jour. Durant toute la journée, il  a l’obligation de ne  pas quitter la rive et conduira qui le souhaite d’un bout à l’autre du fleuve, à commencer par les écoliers qui sont parfois plus de 20 dans une seule barque. Le lendemain, il cédera sa place à un jeune d’une autre famille, selon un système tournant bien huilé.

Le passeur se saisit d’une perche d’environ 3 m  qu’il enfonce dans le fleuve et la pousse de ses solides bras. La barque bouge, tangue légèrement mais le tango continue, se stabilise et vogue sur le Nakambé. Cap sur la rive ouest.

Sur l’autre rafiot Kirsa, sac au dos, tient le gouvernail. Ici par la force des choses,  on apprend à conduire une pirogue dès le berceau. Sur la route de l’école, conduire soi-même l’embarcation permet de gagner du temps. D’ailleurs, il n’y a qu’un seul passeur pour deux canots en bois.

Après 10 minutes d’un paisible trajet, les moyens de transport abordent presque simultanément la rive. Les collégiens en descendent, chacun son vélo en main. Ils poursuivent le reste du parcours sur leur bicyclette ou à pied. Tel est leur quotidien. En début d’année scolaire, la durée de la  traversée passe du simple au double, le fleuve s’étendant  alors en ce moment  à perte de  vue.

 Les conducteurs ramènent ensuite les barques. Un autre groupe embarque. Pendant ce temps, Habibou et certaines de ses camarades profitent de ce temps d’attente pour pique-niquer sur la berge. Pour ne pas arriver en retard, elles s’interdisent le petit déjeuner à la maison. Les jeunes filles avalent goulûment le contenu de leur bol.  C’est enfin leur tour de prendre place à bord des pirogues du savoir. Habibou, malgré son physique frêle,  conduit, ahanant, l’un des poussoirs surchargés tout en veillant d’une main sur son pagne qui menace de tomber. Un peu plus tard dans la journée, nous verrons d’autres femmes, de retour du marché, conduire elles-mêmes les « arches de Douré ».

 

Parcours d’obstacles

 

Nous décidons de suivre pour tout le reste du parcours cette cohorte d’une vingtaine d’élèves. Ils étudient tous à  l’école de Kuilkinga à environ 4 km. Le conseiller villageois de développement (CVD) de Douré, Saidou Daré nous accompagne. La bande est visiblement ravie de voir des adultes partager leur quotidien. On rit et murmure en petits comités. Notre appareil photographique attire tous les petits yeux. Avec cette bonne humeur que dégagent nos jeunes compagnons de marche, on oublierait presque  leur souffrance pour accéder au savoir. Mais ils ne sont pas du genre à se plaindre. Alors que d’autres gamins auraient vu en cet obstacle sur le chemin de la connaissance, un bon prétexte pour faire l’école buissonnière et passer leurs journées à chasser le lièvre dans la broussaille environnante ou pêcher le poisson du fleuve, eux  ne se laissent pas couler. Ils s’accrochent à leurs espoirs, des rêves plein les yeux : « J’apprends beaucoup à l’école », « Je veux devenir enseignant », « Je veux devenir quelqu’un demain », « Je veux devenir un grand type ». Certains confient avoir eu peur le jour de leur première traversée. Un sentiment qui ne dure jamais bien longtemps : aujourd’hui sur le fleuve, ils se sentent aussi à l’aise que  les poissons dans l’eau. Ce qui ne les empêche pas de nourrir l’espoir que le vent tournera un jour et qu’ils auront enfin une école dans leur propre village.

En cours de route, d’autres obstacles se dressent devant eux: des ravins et des passages d’eau qu’ils enjambent après de grands élans de triples-sauteurs. Le chemin de l’école ressemble décidément à un véritable parcours d’obstacles. Mais après avoir franchi un fleuve ce ne sont pas des rigoles qui arrêteront ces « petits commandos » bien décidés à conquérir le savoir. Inarrêtables, sauf par leur propre curiosité. La colonne d’écoliers  tombe en effet sur le cadavre d’un âne qui gît  dans une crevasse. Apparemment une victime de la gourme, maladie qui terrasse les équidés d’un bout à l’autre du pays. La marche est arrêtée, les gamins forment un demi-cercle autour de  l’animal mort. Le CVD  les  alerte : « Hâtez-vous  ou on sera en retard ! ». Les  bambins ôtent leur regard du cadavre encore frais du baudet et se remettent en route.

Après 30 minutes d’équipée, les bâtiments de l’école primaire de Kuilkinga apparaissent enfin. Il aura donc fallu plus d’une heure, sans compter le temps d’attente à la berge, pour rallier l’établissement. Le groupe se scinde, chacun hâtant le pas pour rejoindre sa classe où se trouvaient déjà les autres enfants. Il est 8h. Nos compagnons sont en retard.

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises : des paillotes tiennent lieu de salles de cours pour les classes de CP1,  CP2 et  CE1. Nous sommes, on le rappelle, à moins de 60 km de la capitale. Le directeur Romain Bontogo, entouré des enseignantes,  nous explique que les premiers responsables de l’éducation ont interpellé à plusieurs reprises les autorités communales pour avoir des bâtiments réglementaires. Les promesses n’ont pas encore été tenues et l’une des faces hideuses de notre système éducatif que l’actuel Président du Faso a d’ailleurs promis d’éliminer est toujours bien visible, comme une plaie béante.

 

Un élève à l’eau !

 

L’établissement construit en 2002 accueille en ce moment  363 élèves dont une cinquantaine venant de Douré. Leurs encadreurs sont au courant du périple qu’ils doivent accomplir afin de pouvoir être en classe tous les matins. « C’est une grande corvée pour eux et ils doivent le faire matin et soir  pendant plusieurs années », s’attendrit le directeur. Il explique que le fait de ramer comme des galériens pour aller à l’école  a un impact sur la vie scolaire des gamins, à commencer par les retards dont ils sont coutumiers. Alors que les cours sont censés débuter à 7h 30, il arrive en effet, nous apprend le directeur, qu’à 8h 30,  certains élèves ne soient toujours pas arrivés « Il faut se donner à fond, sinon ce sont des échecs scolaires », résume le directeur de l’école de Kuilkinga. Pour le cas particulier de ces élèves venant du « village derrière l’eau », les enseignants  avouent  ne pas trop tirer sur la corde: « Parfois on hausse le ton mais le plus souvent on essaie de les comprendre. Pendant l’hivernage par exemple, quand on voit une pluie qui se prépare, on les libère pour qu’ils puissent traverser le fleuve avant l’averse». Car  même si l’habitude s’est installée et que les gestes semblent assurés, la traversée du  fleuve n’est pas sans danger: les chavirements ne sont pas rares surtout quand le niveau de l’eau est plus haut que d’habitude. Le dernier accident en date a eu lieu au mois de décembre. Ce jour-là, une embarcation s’est retournée avec ses passagers. Par chance, le pire a été évité. Juste des dégâts matériels : des sacs, des livres et des cahiers lessivés, devenus irrécupérables. Après ce naufrage, se  rappelle la maîtresse de la classe de CM1, Perpétue Ilboudo, une de ses élèves était arrivée en larmes à l’école, voyant tous  ses efforts… partis à l’eau. « Il a fallu tout reprendre : les leçons et les livres », raconte l’institutrice qui admire ces gamins  qui donnent une véritable leçon de  motivation et d’assiduité en dépit des  risques qu’ils prennent au quotidien.

 

« Le fleuve bouffe nos enfants »

 

Nous laissons nos petits amis, très studieux dans les classes et paillotes, pour retourner à Douré. Non loin du rivage,  le CVD nous indique du doigt un amoncellement de terre. « C’est la tombe d’un enfant mort par noyade». Saïdou Daré nous apprend également que des crocodiles ont élu domicile dans le cours d’eau. Fort heureusement, seuls les animaux qui s’y abreuvent courent le risque de finir entre leurs mâchoires puissantes ; les  dangereux reptiles semblant, d’après lui, avoir peur pour le moment des humains. Mais jusqu’à quand ?

En tout cas, chaque jour que Dieu fait, quand les élèves prennent le chemin de l’école, leurs parents sont submergés par l’inquiétude. Pour nous le témoigner, tout le village a été réuni  sur la place du marché. En réalité, deux méchants hangars qui en tiennent lieu. Les femmes assises à même le sol veillent sur une colonie d’enfants  dont beaucoup ont l’âge d’aller à l’école. Les mères nous expliquent qu’elles ont peur de ce fleuve qui « bouffe »  leur progéniture. « Les femmes sont les plus réticentes à amener les mômes à l’école. On a  tout le temps des difficultés avec elles», confirme Saidou Bonkoungou, s’exprimant au nom des anciens. A Douré, chaque concession a au moins un rejeton qui étudie de l’autre côté du fleuve. «C’est le plus gros problème de notre village. On a des  angoisses et  des insomnies. Beaucoup de nos enfants sont à la maison parce que si on les met tous à l’école et qu’un malheur arrive sur le fleuve, on les perdra tous. Si l’école se trouvait à Douré, personne n’allait rester à la maison». Tous opinent du chef.

Cela fait presque 20 ans que ce chemin de croix dure. Les villageois ont pourtant jeté de nombreuses bouteilles à la mer ou plutôt au fleuve, espérant que quelqu’un, quelque part, leur enverrait une bouée de sauvetage. « J’ai toujours parlé de l’école depuis que Blaise était au pouvoir, et maintenant c’est Roch. On a fait plusieurs demandes aux maires. Il n’y a pas quelqu’un qui n’a pas voté Roch ici, en espérant que nos problèmes allaient être résolus », soupire le CVD. Le conseiller municipal du village, Alain Daré, affirme également avoir toujours porté, à chaque session  du conseil, les doléances de sa localité, mais en vain.

Exaspérés par les multiples promesses très vite noyées dans l’eau, les villageois avaient même proposé d’ériger eux-mêmes des classes sous paillotes si l’administration leur garantissait des instituteurs, sans obtenir gain de cause.               

« Pendant la campagne, ils nous disaient « si on arrive au pouvoir vous ne ferez pas deux mois sans avoir d’école. On sait qu’ils reviendront comme les élections sont proches», ajoute un autre villageois. Tous espèrent que notre reportage va permettre d’attirer l’attention sur le calvaire de leurs enfants : « Quand on parle, personne ne veut nous croire, maintenant que vous êtes venus voir, tout le monde saura », se félicite le CVD.

Le soir venu, nous retournons sur la rive attendre, Kirsa, Habibou et les autres. Karim  et David, deux adolescents non scolarisés ramènent à bord de la pirogue à Douré leurs moutons qui étaient allés paître de l’autre côté.

Il est 17h 30  quand les premiers élèves font leur apparition, moins pressés que le matin. Mais les mêmes scènes de ces écoliers agglutinés, tels des migrants au large de Lampedusa, sur les embarcations de fortune, se répètent. Il en sera ainsi  pendant quelques mois encore avant que le fleuve tarisse durant la période caniculaire, leur permettant de gagner l’autre rive à pied. Mais l’année scolaire tirera déjà vers sa fin. Dans une mise en scène improvisée, ils lèvent les bras au ciel et en chœur lancent ce message devant notre objectif : « Les élèves de Douré veulent une école ! ». Leur cri du cœur trouvera-t-il enfin un écho favorable ?

 

Hugues Richard Sama

 

Encadré 1

« Douré aura une école mais je ne sais pas quand »

Pascal Compaoré,  maire de Ziniaré

 

Interrogé sur le périple quotidien des enfants de Douré, le maire de Ziniaré, Pascal Compaoré, rappelle d’abord que sa commune compte 53 villages qui ont chacun, « des besoins et des priorités ». « Il ne faut pas voir Douré comme le centre de notre action. Le centre de notre action, ce sont tous les  habitants de  la commune qu’ils soient en zones urbaines ou rurales », ajoute l’édile pour qui le conseil municipal a néanmoins pris la pleine mesure des difficultés particulières de Douré du fait de l’aménagement du barrage de Ziga, construit sur le Nakambé. Selon les dires du bourgmestre, le processus pour doter la bourgade d’une école est déjà enclenché : « La première étape consiste à… inscrire Douré sur la carte scolaire. Le village a déjà exprimé le besoin, nous avons émis notre avis avant  que le  dossier soit envoyé au ministère de l’Education. Nous attendons toujours la décision. Il va rester  ensuite la mobilisation des ressources financières pour construire l’école ». Il ne fait donc pas de doute, selon Pascal Compaoré, que la promesse de l’exécutif municipal sera tenue même s’il ne sait pas d’abord quand est-ce que l’école sera une réalité. Pour que cela se fasse le plus rapidement possible, l’édile s’est dit prêt à accompagner les initiatives privées.

A propos des trois classes sous paillotes de Kuilkinga, le maire a promis qu’elles seront remplacées au cours de cette année par des bâtiments, conformément au plan communal de développement 2017-2021.

 

H.R.S.

 

Encadré  2

Nés dans les embarcations

 

Durant une journée passée à Douré, nous avons  croisé très peu de  jeunes dans le village. Tous ont fui la misère de leur patelin pour aller chercher un emploi dans les villes environnantes ou lointaines, voire en Côte d’Ivoire. La plupart de ceux que nous avons trouvés sur place venaient  de rentrer de voyage. « Il n’y a rien à Douré », nous confie l’un d’entre eux. Le village semble en effet patauger du fait de son enclavement. L’absence de route et d’infrastructures de base se ressent dès le premier jour où on vient au monde. La plupart des élèves qui partent aujourd’hui à l’école en pirogue ont poussé leur premier cri dans l’embarcation qui amenait leur mère à l’hôpital où sont nés pour les plus pressés sur le rivage. Fati Sawadogo, l’accoucheuse du village a assisté à toutes ces naissances rocambolesques et parfois tragiques. Elle a en mémoire cette habitante du village, morte après la couche, suite à une hémorragie. Les  médecins n’avaient pas voulu traverser le fleuve la nuit pour lui porter secours.

 

H.R.S.

 

 

Encadré 3

Le combat d’Abdoulaye Bonkoungou

 

Les réseaux sociaux au-delà du mauvais usage qu’on peut en faire souvent, peuvent constituer d’excellents moyens pour alerter l’opinion et servir  des causes nobles. C’est d’ailleurs en bourlinguant sur Facebook que nous avons entendu parler pour la première fois de l’histoire de ces enfants qui vont à la quête du savoir en pirogue. L’auteur de la publication, Abdoulaye Bonkoungou, est un instituteur originaire de Douré mais officiant dans le village d’Absuya. De passage, il a pris plusieurs  photos montrant le quotidien des gamins qu’il a diffusées sur la toile, interpellant au passage le maire de la commune de Ziniaré et d’autres autorités. « Moi-même, je suis enseignant, je ne pouvais pas rester sans rien faire », explique celui qui nous a servi de guide tout au long de ce reportage. Ses deux publications ont suscité énormément de  réactions et ont été partagées plus de 500 fois, sans qu’on ne sache pour l’heure si de bonnes volontés vont entendre ce cri porté par l’écho du fleuve.

 

H.R.S.

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