Candidature Bouteflika: Si même les fidèles soutiens le lâchent…
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Il ne leur reste plus qu’à trouver, à l’image des gilets jaunes en France, une couleur de ralliement. Sera-ce le blanc ou le vert du drapeau algérien ? Hier, les manifestants étaient en tout cas de nouveau dans la rue à Alger comme dans de nombreuses autres villes de l’intérieur pour dire non au 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Si la sortie, la veille, du chef d’état-major général des Armées, le général Ahmed Sala, avait pour objet d’intimider « ceux qui veulent mettre en péril la stabilité et la sécurité du pays », c’est raté. Au contraire, la contestation se répand comme une traînée de poudre à travers le pays, chacun contribuant comme il peut à l’effort de guerre, ou, si vous préférez, de la contestation, à l’image des avocats du barreau d’Alger qui veulent défendre gratuitement tous les manifestants interpellés. A l’évidence donc, l’étau se resserre un peu plus autour du clan Boutef.
Et les contestataires ont même reçu un renfort de taille mardi dernier. En effet, l’organisation nationale des Moudjahidines algériens a indiqué que les manifestations étaient légitimes pour la simple raison que les institutions républicaines ne répondent pas aux aspirations populaires. Un lâchage en règle donc s’il en est, puisque, pas plus tard que le 12 février 2019, cette puissante organisation des anciens combattants de la guerre de libération avait juré sa fidélité au locataire du palais d’El Mouradia. La charge est, on ne peut, plus violente. Il y a, écrivent-ils en effet, « collusionentre des parties influentes au sein du pouvoir et des hommes d’affaires véreux qui ont bénéficié de manière illicite de l’argent public ».
Les idéaux de la guerre d’indépendance auraient donc été trahis par la nomenklatura, à commencer par celui qui a été engagé dès 1956 dans l’armée, à 19 ans seulement. A l’évidence donc, le front des pro-Bouteflika se lézarde. Faut-il croire pour autant que les rats sont en train de quitter le navire qui prend l’eau de toutes parts ? Une chose est sûre : même les citadelles les plus inexpugnables peuvent se prendre de l’intérieur. Et il faut espérer que des désertions comme celles que viennent d’effectuer les anciens combattants vont se multiplier et obliger le grabataire de la Zéraldaà renoncer à ce qui pourrait être le mandat de trop.
C’est à se demander d’ailleurs si le débat qui se mène actuellement n’est pas inutile, puisque, selon certains juristes, tout candidat à la présidentielle doit déposer son dossier en personne. Or, dimanche dernier à la clôture du dépôt des candidatures, le vieil homme de 82 ans, particulièrement diminué par l’AVC dont il a été victime il y a six ans, était dans une clinique suisse, à plusieurs milliers de kilomètres d’Alger pour, dit-on, des examens médicaux périodiques. Et c’est son nouveau directeur de campagne qui s’est acquitté de la tâche par procuration. On voit donc mal le Conseil constitutionnel algérien se rendre complice d’une violation flagrante de la loi, même si dans nos démocratures on n’est jamais à un déni de droit près.
Issa K. Barry
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