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Procès du putsch manqué : « Mon sort est entre les mains de Roch » (Hermann Yaméogo, président de l’UNDD)

« Rencontre d’encouragement et d’interpellation sur la situation nationale », c’est sur ce sujet que l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) a tenu sa première activité de l’année 2019  en présence de son président, Hermann Yaméogo. Jugé pour son rôle présumé dans le putsch de septembre 2015, il a une nouvelle fois remis en cause l’impartialité de ce tribunal d’ « exception ». Pour l’avocat, « c’est le pouvoir qui décide », en particulier le chef de l’Etat.

 

 

Pour ce qui est sans doute l’une de ses rares sorties politiques depuis sa remise en liberté provisoire, Hermann Yaméogo a d’abord fait profil bas, laissant ses lieutenants tenir le crachoir. Car officiellement, cette activité est une initiative des militants pour « encourager » leur président, actuellement jugé par le tribunal militaire de Ouagadougou pour son implication présumée dans le coup d’Etat de septembre 2015. «Nous sommes toujours avec lui, on ne va pas l’abandonner», dira par exemple Martin Bambara.  Leur champion, selon Amadou Dabo, le premier vice-président du parti, est un homme politique souvent «mal compris», «calomnié» et qualifié de «collabo».

 

Et pourtant ses sympathisants ne  tarissent pas d’éloges sur celui-là même  qui, selon eux, a eu le nez bien creux dans bien des affaires. S’il avait été écouté, à les  en croire, cela aurait permis d’éviter que le pays se retrouve dans le bourbier dans lequel il est aujourd’hui, notamment en matière sécuritaire. Après tous ces « témoignages », Hermann Yaméogo s’est dit ragaillardi par ses soutiens, qui le confortent dans son sentiment que la lutte qu’il mène n’est pas vaine. Rappelant qu’à déjà   17 ans il était devant une juridiction d’exception, il a repris son combat actuel qui est celui de la suppression du tribunal militaire : «Je suis né dans la politique, je défendrai mes idées avec conviction. Ne vous inquiétez pas du tribunal militaire, c’est quelqu’un qui est derrière ça. Devant une juridiction exceptionnelle comme le tribunal militaire, c’est le pouvoir qui décide».

 

Fort de cette conviction, l’auteur de « La justice militaire, on supprime ou on supprime »  soutient que son sort est entre les mains de l’actuel chef de l’Etat.  « Je ne suis pas entre les mains du tribunal militaire, je suis entre les mains de Roch Marc Christian Kaboré », a-t-il en effet  clamé, le président du Faso qu’il accuse de mener le pays à sa perte : « C’est la tristesse absolue, le pays se désagrège. Les Burkinabè meurent comme jamais on ne l’a vu dans l’histoire ».  Il faut, selon les préalables qu’il a énumérés, le retour de la paix et de la stabilité avant d’envisager les  élections de 2020.

 

Mais la riposte militaire ne doit pas se faire en bafouant le droit, a-t-il argué : « On nous dit d’applaudir à tout rompre à tout ce que les FDS font, moi je dis non, elles sont astreintes à la Constitution, il faut qu’elles fassent des choses correctes. S’il est démontré que des FDS ont retourné leur fusil contre le peuple, je dis qu’il faut les  condamner, les juger, les traduire devant la Cour pénale internationale parce qu’elles ne sont pas au-dessus de la Constitution ».

 

Toujours à propos du scrutin de 2020,  le président de l’UNDD  considère que le processus en cours n’offre pas toutes les garanties de transparence, vu les divergences au sujet du fichier électoral et des documents de votations retenus. La solution aux problèmes du Burkina, selon le fils du père de  l’indépendance,  passe par la réconciliation nationale, et tout le monde doit y œuvrer. Il reproche au chef de l’Etat de ne pas vouloir de cette réconciliation: « C’est lui qui ne veut pas de la réconciliation nationale, mais il ne nous apporte pas autre chose de mieux pour la paix et la stabilité », a-t-il asséné.  L’avocat se rappelle qu’au lendemain de la prise de pouvoir de Blaise en 1987,  lui avoir conseillé un certain nombre de mesures d’apaisement comme le retour des exilés, la réintégration des fonctionnaires dégagés,  la libération des prisonniers et la réhabilitation de la mémoire de son prédécesseur Thomas Sankara. « Que Roch ait le courage de faire la même chose que Blaise s’il veut vraiment la paix dans ce pays», a-t-il lancé.

 

L’unité, c’est aussi au niveau du landerneau politique, notamment de l’opposition, a conseillé Me Hermann Yaméogo. «Si un parti ou un candidat croit que tout seul il  peut aller conquérir le pouvoir, ce candidat ou ce parti a menti. C’est ensemble qu’il faut y aller. Il faut qu’au niveau  de l’opposition on arrive à conclure un contrat de gouvernement, un pacte d’entente de toute l’opposition avec tous les candidats. Si ce n’est pas possible d’avoir un seul candidat, il faut un contrat pour qu’au second tour,  on vote pour le candidat le mieux placé».

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lelundi, 11 mars 2019 22:48

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