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Pratique de l’excision dans la région du Nord : Des acteurs de 234 villages enterrent publiquement lames et couteaux

Placée sous la présidence du gouverneur de la région du Nord, la cérémonie officielle de déclaration publique d’abandon de la pratique de l’excision et du mariage des enfants de 234 villages s’est déroulée le mardi 5 mars 2019 à Sambtenga, dans la commune de Ouahigouya. Pilotée par le Groupe d’appui en santé, communication et développement (GASCODE), l’activité a mobilisé de nombreux élus locaux de la région du Nord ainsi qu’une représentation de l’UNICEF.

 

C’est désormais officiel, après de multiples actions entreprises par GASCODE depuis avril 2018, appuyées par l’UNICEF, des acteurs de lutte contre l’excision de 234 villages de la région du Nord ont pris l’engagement de ne plus s’adonner à l’excision ainsi qu’au mariage des enfants. L’acte symbolique qui a marqué cette cérémonie, c’est bien l’enterrement des outils d’excision devant les autorités par d’anciennes exciseuses et la plantation d’un arbre pour illustrer ce nouveau mode de vie. Les différents représentants des villages concernés ont fait une déclaration publique relative à cette question en présence des autorités et des populations sorties massivement. Jeunes, femmes, leaders religieux ont déclaré publiquement abandonner ces deux pratiques. « Bang sayaam ! (l’excision est finie)», annonce Ramata Sawadogo, une ancienne exciseuse. C’est au nom de ses paires des 234 villages qu’elle a annoncé que la pratique de l’excision était terminée. «Nous pratiquions l’excision parce que c’était la tradition mais nous ignorions les conséquences néfastes, c’est grâce à GASCODE que nous nous sommes rendu compte que cela est mauvais, et à partir d’aujourd’hui nous n’allons plus pratiquer ce métier», martèle-t-elle. Cette activité est l’aboutissement de plusieurs démarches entreprises par l’association GASCODE. C’est plus de 3269 discussions qui ont été organisées par la structure au profit des jeunes sur les thématiques en question, 3559 hommes et femmes ont également participé à ces causeries éducatives. Des imams ont été formés dans la même optique pour l’utilisation du guide de prêche sur le mariage d’enfant, l’excision et l’enregistrement des mariages et baptêmes dans les registres. 1169 leaders communautaires se sont engagés à accompagner la mise en œuvre de l’activité. Pour l’association, ces acquis engrangés doivent être capitalisés afin que ces déclarations deviennent une réalité et cela passe inévitablement par la promotion et la protection des droits des enfants et de la femme pour susciter un changement de norme social. Selon le gouverneur de la région du Nord, « c’est tout simplement formidable, et il faut féliciter les hommes, les femmes et les jeunes filles et garçons de ces 234 villages qui ont pris l’engagement d’abandonner la pratique de l’excision et aussi le mariage précoce et forcé. Nous voulons lancer toujours l’appel à l’abandon de ces pratiques qui sont considérées comme dépassées aujourd’hui au regard de leurs conséquences néfastes, nous soutenons cette lutte et encourageons les populations à aller dans le sens de l’évolution et du gouvernement ». Madame Félicité Bassolé, présidente du conseil exécutif de GASCODE souligne que cette journée est la consécration de la mise en œuvre du projet et c’est pour accompagner cette initiative que des cellules de veille ont été mises en place dans chaque village.

Quant à Fréderic Gislaine, chef de la section Protection enfant à l’UNICEF et représentante du Dr Anne Vincent, c’est tout simplement «un grand sentiment de fierté de constater que le travail qui a commencé depuis 12 mois a pu aboutir comme on l’espérait. On est sûr qu’avec l’accompagnement de ces cellules de veille dans les villages et à  travers cet engagement public, la pratique de l’excision sera abandonnée».

Pour Mme Alphonsine Sawadogo, secrétaire permanente du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision, cette activité constitue un grand pas dans la lutte : «C’est la responsabilisation communautaire qui a pris le dessus», se convainc-t-elle. Selon cette dernière, sa structure sera toujours sur le terrain pour veiller, de concert avec les communautés, pour que l’engagement pris soit respecté. Le Groupe d’appui en santé, communication et développement œuvre depuis sa création dans la lutte contre le phénomène de l’excision et du mariage précoce. Grâce à l’appui de l’UNICEF, pour cette initiative, la structure avait prévu de toucher 250 villages, mais 16 ont été abandonnés au regard du contexte sécuritaire difficile.

 

Emery Albert Ouédraogo

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