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Algérie : Un 19 mars qui en rappelle un autre

Dans l’histoire moderne de l’Algérie, beaucoup de gens, y compris les historiens, ne retiennent souvent que le 1er novembre 1954, la date du déclenchement de la guerre d’indépendance par ceux qu’on a appelés « les fils de la Toussaint ».

 

Huit longues années plus tard, le 18 mars 1962, c’est la signature des accords d’Evian, du nom de cette station balnéaire hexagonale. On n’oublie pas le 5 juillet 1962, date de la proclamation effective de l’indépendance après 130 années d’occupation coloniale française.

Le 19 mars ? Connais pas ! C’est pourtant une autre date charnière des douloureuses relations franco-algériennes puisque c’est ce jour de 1962 qu’est entré en vigueur le cessez-le-feu mettant fin aux « événements d’Algérie ». Un cessez-le-feu en réalité de façade puisque les combats, les attentats, les assassinats ciblés et autres atrocités ont continué bien des mois plus tard avec les exactions de l’Armée de libération nationale (ALN), le bras armé du FLN ; celles des troupes régulières françaises ou celles de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) avec pour cibles principales les pieds-noirs, ces Français originaires d’Algérie et les Harkis, les supplétifs de l’armée coloniale.

C’est cependant le 19 mars qui a été choisi comme jour de fête nationale pour célébrer la victoire contre le colon français.

57 ans après, c’est une autre guerre dont il s’agit, plus pacifique celle-là, mais tout aussi déterminante pour l’avenir du pays.

Ce mardi 19 mars 2019 en effet, les étudiants algériens ont de nouveau décidé de manifester dans la rue comme ils le font maintenant depuis un mois.

Au début du mouvement, le 22 février dernier, c’était, on se rappelle, pour dire non au 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Désormais, c’est un tir de barrage contre la prolongation de fait de son 4e mandat après qu’il a renoncé à se présenter à l’élection présidentielle et repoussé le scrutin sine die.

Des annonces qui n’ont pas amoindri la détermination des « refusards », tout comme la nomination d’un duo à la tête de l’exécutif, ni la promesse de former un gouvernement d’union nationale, ni celle d’organiser une conférence nationale pour engager des réformes politico-institutionnelles de fond. Autant de gesticulations politiques qui à l’évidence ne convainquent pas les manifestants qui ont opposé une fin de non-recevoir aux manœuvres dilatoires « bouteflikaines » lors du 4e vendredi de protestation le 15 mars dernier.

C’est donc sur cette vague contestataire que vont surfer aujourd’hui les pensionnaires des campus. Plus que jamais, la question de savoir jusqu’à quand ce régime moribond va encore tenir se pose, vu que rien ne semble pouvoir faire baisser cette fièvre contestataire.

On attend toujours d’ailleurs la réaction du pouvoir après la démonstration de force du 1er vendredi de l’après-reculade.

S’il joue la montre en comptant sur un éventuel essoufflement du mouvement, on a bien peur qu’il ne se trompe lourdement car on ne voit pas trop pourquoi les Algériens se priveraient de donner le coup de grâce à un pouvoir qui est déjà à terre et qui, après avoir combattu héroïquement le colon, n’a pas trouvé mieux que de prendre sa place en se revêtant des oripeaux de sauveur de la nation.

Hier, c’étaient les Français qui ne voulaient pas partir de ce qu’ils considéraient comme leur territoire. 57 ans après, c’est le FLN qui fait de la résistance pour ne pas lâcher un pouvoir qu’il a toujours considéré comme le sien. Hélas pour lui, le glas semble avoir sonné !

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 19 mars 2019 23:28

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