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Film documentaire: Freedom Fields, une longue course vers la liberté

Freedom fields est un documentaire de la Libyenne Naziha Arebi en compétition au festival du film africain de Louxor, qui se tient du 15 au 21 mars 2019. Sorti en 2018, ce film raconte, au fil des années, la lutte d’une équipe féminine de football pour se déprendre des serres de tous les conservatismes dans une Libye postrévolutionnaire. Le terrain de football devient l’extension du champ de bataille et de la métaphore de la lutte pour la libération de la femme.

 

 

La Libye post-Kaddafi était porteuse de tous les rêves de liberté mais très vite, la réalité devient cauchemardesque. C’est l’amer constat que font les footballeuses de l’équipe nationale. Levée de boucliers des prêcheurs islamistes, des activistes sur Facebook, des politiques contre ce qu’ils considèrent comme une dépravation des mœurs de la femme musulmane : offrir la nudité de ses jambes au public des stades. Devant la pression, la fédération libyenne cède et appelle à la dissolution de l’équipe. Ce que ne comptent pas faire ces gazelles, qui entendent devenir des lionnes…

La réalisatrice suit l’odyssée de cette équipe d’amazones du ballon rond, composée d’étudiantes, de femmes de toutes les régions et qui représente l’unité de la Libye mise à mal par les affrontements récurrents entre groupes armés et communautés. Le film est construit comme un triplex superposant et entremêlant la politique, la vie au quotidien et la lutte pendant cinq ans des footballeuses pour conquérir le droit de jouer au ballon. Entre les détonations des armes, la fumée qui envahit le ciel et noircit l’écran, il y a la vie qui s’entête et s’écoule : des enfants qui dansent sous les youyous des mamans, la liesse populaire pendant les matchs de l’équipe nationale masculine de foot et puis, ces jeunes femmes qui, année après année, entre désillusion et persévérance, poursuivent leur rêve de rechausser les crampons.

Le film nous entraîne dans l’intimité de trois joueuses. On a l’étudiante en médecine, la vendeuse en pharmacie et Tama, la jeune étudiante Toubou. Le film les suit dans leur quotidien, leurs amours, leurs aspirations dans un pays qui devient de plus en plus conservateur et qui glisse petit à petit vers la déliquescence. L’omniprésence de la fumée et du feu est le symbole de ce pays en ignition qui consume les vies et crame les rêves.

Pourtant, ce sera sur un terrain de foot, au Liban, une fois réunies grâce à leur détermination, que ces jeunes femmes découvrent qu’unies, elles sont plus fortes que tout. Et elles comprennent que leur combat est devenu celui de toutes les filles et femmes de Libye qui voient en elles désormais des modèles.

Le film se clôt sur Tama, courant, leste dans ses foulées de gazelle et entraînant dans son sillage la caméra. On image qu’elle entraîne aussi dans sa course le pays, cette Libye dont elle et ses coéquipières ont vaincu la force d’inertie et qu’elles ont emmenée, on l’espère, vers plus de justice et d’équité.

Naziha Arebi réussit, avec ce documentaire, à faire un film accrocheur, palpitant comme un thriller, attachant par ses personnages. Un bon moment de cinéma.Ce documentaire est en compétition à la 8e édition du festival du film africain de Louxor, qui se tient du 15 au 21 mars 2019.

 

Saïdou Alcény Barry

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