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Bouteflika : Une démission qui ne règle rien

C’est donc acté ! C’est l’agence officielle APS qui le rapporte : « Abdelaziz Bouteflika a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République ».

 

Tel un boxeur groggy, renvoyé dans les cordes et acculé dans ses derniers retranchements, le locataire du palais d’Al-Mouradia a donc fini par jeter l’éponge. Ce après un combat de plusieurs semaines contre la rue qui a d’abord manifesté contre le 5e mandat qu’il voulait se taper, avant de dire non à la prolongation du 4e quand il s’est résolu à renoncer à son projet insensé et à reporter la présidentielle initialement prévue pour le 28 avril prochain.

Fin de partie pour le vieillard cacochyme de 82 ans qui, en réalité,  ne tenait plus vraiment les rênes du pays depuis l’Accident vasculaire cérébral(AVC) dont il a été victime en avril 2013 et qui l’a cloué dans un fauteuil roulant. De ce point de vue, c’est presque un non-événement qui vient de se produire, tant le grabataire de la résidence médicalisée de la Zéralda était devenu un président fantôme, aphone et atone,  qui ne communiquait avec son peuple que par communiqués interposés, si tant est qu’ils émanaient vraiment de lui.

Il faut dire que les choses sont allées très vite en Algérie. C’est seulement 24 heures après avoir annoncé qu’il se retirerait avant la fin de son mandat actuel le 28 avril prochain que le Raïs a décidé de s’en aller, sans avoir auparavant, comme il l’avait promis la veille,  pris des mesures pour assurer la continuité de l’Etat.

Qu’est-ce qui a bien pu précipiter cette démission ? Il faut croire que la dernière sortie du général Ahmed Gaïd Salah ne doit pas être étrangère à ce nouveau rebondissement dans la crise algérienne.

En effet, à peine une heure avant l’acte de démission, le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major général des armées avait en effet rejeté  la dernière annonce « bouteflikienne », sommant le Conseil constitutionnel de mettre en branle la procédure d’empêchement prévue par les articles 7, 8 et 102 de la Constitution que lui-même Gaïd Salah avait proposée le mardi 26 mars dernier. Une invite qui était tombée dans l’oreille d’un sourd puisque jusqu’à ce jour les grands juges n’ont pas daigné déférer à l’injonction martiale du général de corps d’armée. Dans sa dernière intervention, ce généralissime, qui veut se refaire une virginité politique en donnant l’impression d’épouser la cause de ce peuple qu’il avait pourtant mis sous leur joug au début du mouvement du 22 février, flingue au passage, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les nombreux hommes d’affaires véreux qui gravitent depuis 20 ans dans la galaxie Bouteflika.

Pour sûr, cette déclaration du patron de l’armée algérienne confirme, si besoin en était, les désaccords qui existent entre ceux qui gèrent le pays par procuration au sujet du modus operandi ainsi que sur la personne qui devrait incarner la transition.

En choisissant de sortir par la petite porte pour ne pas être défenestré comme le voulaient les manifestants et maintenant l’armée, Boutef règle dans une certaine mesure ce problème,  puisque en principe c’est le président du Conseil de la nation, chambre haute du Parlement, Abdelkader Bensalah qui devrait assurer l’intérim pour une période n’excédant pas 90 jours au cours desquels devrait être organisée la présidentielle. Mais on sait déjà l’accueil que le peuple insurgé a réservé à cette éventualité, lui qui veut balayer toute la nomenklatura et poser les fondations d’une Algérie nouvelle. Et ce n’est certainement pas le septuagénaire, il  a 77 ans, qui va incarner cette indispensable cure de jouvence dont la République a tant besoin. Autant dire que la démission en soit de Bouteflika ne règle pas grand-chose, même si on se demande finalement comment il faudra sortir de cette impasse politique dont   le départ hier du  vieux moudjahid ne marque pas l’épilogue.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemercredi, 03 avril 2019 20:15

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