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Inhumation St Pierre Yaméogo : Dernière séquence du chroniqueur engagé

 

Hardi, ardu, fier et d’une générosité sans pareil, le cinéaste burkinabè S. Pierre Yaméogo, décédé le 1er avril dernier, a été conduit à sa dernière demeure le 4 avril 2014. Veillée de prière, soirée d’hommage artistique, hommage familial puis inhumation ont été les dernières séquences consacrées à ce chroniqueur cinématographique prolixe, généreux...

 

 

 «C’est l’histoire unique d’une vie achevée.  Nous sommes ici pour t’accompagner à ta dernière demeure ». C’est ainsi que Pierre Roamba, proche collaborateur du défunt, a entamé son témoignage, qu’il a terminé presque en larmes.

 

Depuis 2013, Saint Pierre Yaméogo n’avait plus tourné. L’anorexie dont il souffrait l’avait cloué au lit pendant au moins deux années. Sa première vocation fut la couture. Par la suite, il a eu une carrière cinématographique bien remplie et des comédiens de renom. A titre illustratif, Abdoulaye Komboudri, le fils de l’homme, l’homme du peuple, est un exemple palpable, un symbole et un acteur fétiche de ses films. Il a travaillé dans les plantations ivoiriennes, puis dans la couture avant de se rendre en France. Il entre dans le domaine tout comme Sembène Ousmane : l’école du soir.  Mu par la volonté de dénoncer les tares de sa société, il a toujours fait des films engagés. Wendemi, Delwindé, Laafi… en sont illustratifs. Avec humour et anxiété, il a conté dans « Bayiri »  le retour terrible dans leur patrie des Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, ce pays alors plongé dans le chaos. Dans son film « Wendemi », il s’inspire d’un écart de comportement d’un prêtre pour évoquer un tabou.  

 

Saint Pierre, dans sa vie, avait des hauts et des bas. Mais on retient de lui son franc-parler, sa rigueur et sa générosité. « Il a connu beaucoup de difficultés dans sa vie. Pendant sa maladie, malgré ses difficultés financières, il est resté digne. Personne ne pourra dire qu’il l’a vu devant sa porte demandant de l’aide », a rapporté Pierre Roamba, le croque-mort, comme se plaisait à l’appeler Saint Pierre Yaméogo.

 

A l’annonce de sa disparition, des acteurs de cinéma sont venus du Sénégal, du Bénin, de France et d’un peu partout lui rendre hommage. Parmi eux, Sayouba Traoré de RFI, le réalisateur sénégalais Ousmane M’Baye. A cette occasion, Issaka Compaoré, réalisateur, a projeté un film autobiographique de Saint Pierre Yaméogo.

 

Gaston Kaboré, l’un des doyens du cinéma burkinabè, a parlé de sa singularité, de son ton propre, de la vérité de ses films et de son regard singulier de la fonction du cinéma et du cinéaste. « Il nous manquera. Mais fort heureusement, ses œuvres sont là », s’est-il consolé.

 

Comme il aimait le dire, «la mort fait partie de la vie. C’est paradoxal, mais c’est ainsi». Il a quitté définitivement les plateaux de tournage et les siens.

 

 

Lévi Constantin Konfé

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