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Présidentielle algérienne: Le tout n’est pas de fixer une date

Ce sera donc le 4 juillet. Ainsi en a décidé la présidence intérimaire algérienne qui a fixé l’élection présidentielle à cette date.

Initialement prévu pour le 18 avril, le scrutin devait permettre au président Abdelaziz Bouteflika - 82 ans dont 20 passés au pouvoir et 6 en fauteuil roulant pour cause d’AVC - de s’offrir un cinquième mandat. On sait depuis, ce qu’il est advenu de cette ambition déraisonnable. Contraint et forcé d’abord par la rue puis par l’armée, l’ex-locataire du palais d’El Mouradia avait tour à tour renoncé au mandat de la discorde, reporté sine die la tenue de l’élection avant de rendre tout simplement le tablier pour céder la place à Abdelkader Bensalah, ci-devant président du Conseil de la nation pour un intérim de 90 jours au cours desquels la course à la magistrature suprême aura lieu. C’est donc pour tenir ce délai que la nouvelle date a été fixée, puisque l’interrègne s’achève à la fin de la première décade de juillet… si elle se tient !

Les manifestants, qui sont parvenus à chasser Bouteflika n’entendent pas, on le sait, que la transition soit dirigée par les éminences grises du régime qu’ils ne veulent plus voir même en peinture. Et ils l’ont fait savoir tout de suite à l’indésirable intérimaire. Le tout n’est donc pas de fixer une date pour le scrutin, il suffit d’avoir un calendrier sous les yeux. Reste à savoir, la rue ne voulant pas entendre parler de Bensalah et de ses semblables, qui va organiser cette présidentielle de la discorde et dans quelles conditions.

La sincérité d’une élection commençant par un fichier vertueux et des textes électoraux équitables, les indispensables réformes politiques et institutionnelles pourront-elles se faire en moins de 3 mois ?

Autre problème : si de guerre lasse le vieux moudjahid a dû jeter l’éponge, le système qu’il a généré, lui, est toujours là et bien en place. Et si à la manœuvre ce sont les mêmes qui invariablement lui octroyaient des scores soviétiques, les Algériens  risquent fort de se rendre compte que la jacquerie du 22 février n’aurait strictement servi à rien. Car il ne serait pas étonnant qu’à l’issue de ces 90 jours de transition, le FLN, chassé par la rue, revienne le plus démocratiquement du monde et par la voie royale des urnes.

Surtout que le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major, vice-ministre de la Défense et véritable homme fort du pays, dans une nouvelle sortie, a demandé à ses compatriotes qui veulent coûte que coûte dessoucher toute la nomenklatura de faire preuve de patience. Il a par ailleurs déploré « l’apparition de tentatives de la part de certaines parties étrangères, partant de leurs antécédents historiques avec notre pays ». Pour le chef de l’armée populaire, ces mains extérieures « ont poussé certains individus au-devant de la scène en les imposant comme représentants du peuple en vue de conduire la phase de transition ». Qui tousse du côté de Paris ?

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 11 avril 2019 22:15

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