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Déforestation : «Si rien n’est fait, le Burkina court à la catastrophe»

 

Valider les rapports d’analyse des principaux facteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts (FDDF) au Burkina Faso, tel était le but de l’atelier organisé par le PIF (Programme d’investissement forestier) le jeudi 11 avril 2019 à Ouagadougou. Cette procédure entre dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie globale de lutte contre ce phénomène. En effet, selon les explications du ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Nestor Batio Bassière, si rien n’est fait pour empêcher la régression des surfaces couvertes de bois, les Burkinabè, compte tenu de la croissance démographique, seront condamnés à être des immigrés climatiques.

 

 

 

 

Ils ont été nombreux à avoir répondu à l’invitation du Programme d’investissement forestier le jeudi 11 avril 2019 pour la validation des rapports d’analyse des principaux facteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts (FDDF). Cette étude qui a mobilisé une vingtaine d’experts nationaux a été soutenue par la Banque mondiale représentée à cette occasion par Élisée Ouédraogo. « L’enquête a démontré que les terroirs ne pourront pas être gérés durablement sans une approche transversale qui associe les secteurs de l’environnement, de l’agriculture, de l’élevage, de l’énergie et des mines en collaboration avec les autres domaines, tout en responsabilisant les communes », a-t-il indiqué. A l’en croire, une conclusion se dégage de cette analyse : de nouveaux modèles agricoles et miniers doivent être inventés pour que le Pays des hommes intègres tienne la promesse du développement pour les jeunes d’aujourd’hui mais aussi pour leurs enfants. En guise d’exemples, le représentant par intérim de la Banque mondiale au Burkina a évoqué l’adaptation des pratiques agricoles aux changements climatiques ainsi que l’agriculture intelligente.

 

Selon les explications des uns et des autres, les résultats de cette recherche vont permettre d’élaborer la stratégie nationale REDD+ qui n’est autre que la Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. Selon le ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Nestor Batio Bassière, la recherche de solutions pour inverser les tendances en matière de destruction des forêts ne saurait se faire sans une synergie d’actions entre les différents secteurs de développement. « Bon nombre de pays à travers le monde sont parvenus à une utilisation durable des terres au moyen d’approches intégrées grâce à une coordination entre les acteurs forestiers, environnementaux, agricoles et tous ceux qui interviennent dans l’utilisation des ressources naturelles », a-t-il indiqué, conscient que le processus ne sera pas simple.

 

 

 

« Au Burkina Faso, 34% des terres de production sont dégradées »

 

 

 

En rappel, c’est depuis 2012 que le Burkina s’est engagé dans une démarche pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation, à la dégradation du couvert végétal et aux changements d’usage des terres. Il s’agissait ainsi de contribuer à l’effort mondial de lutte contre le changement climatique. En effet, au cours des cinquante dernières années, l’empreinte écologique au niveau mondial a augmenté d’environ 190%. En 2016, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a mené, dans 46 pays, une étude qui a démontré que l’agriculture commerciale à grande échelle et l’agriculture vivrière locale étaient responsables respectivement d’au moins 40% et 33% de la conversion des forêts entre 2000 et 2010. La croissance urbaine, l’expansion des infrastructures et l’exploitation minière sont responsables à 27%. Au Burkina Faso, 34% des terres de production sont détruites avec une progression de dégradation qui est passée de 113 000 ha/an entre 1983 et 1992 à 360 000 ha/an entre 1992 et 2000 et ensuite à 469 000 ha/an entre 2002 et 2013. Etant donné que la population pourrait passer de 19 millions d’habitants aujourd’hui à 50 millions en 2050, la demande alimentaire correspondant à cette période va également connaître un bond. A en croire les experts, si rien n’est fait, les Burkinabè seront condamnés à être des immigrés climatiques. D’où la nécessité de définir un modèle pour la gestion durable des ressources naturelles, des terres et des espaces boisés.

 

Le gouvernement a ratifié la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1993. Il a entrepris des démarches pour adhérer au processus REDD+, des efforts qui ont été couronnés de succès par l’approbation en 2012 et en 2013 de son plan d’investissement forestier et de son plan de préparation à la REDD+, respectivement.

 

 

 

Zalissa Soré

 

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