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Lycée Naaba Zaana de Koubri : Matinée surchauffée pour une panne d’électricité

Munis de sifflets et de pancartes, ils ont pris possession du pont de franchissement du barrage de Koubri dans la matinée du 12 avril 2019. Pendant des heures, ils ont ainsi bloqué ce passage obligé de la route nationale n°5. Ils, ce sont les élèves du lycée départemental Naaba Zaana de Koubri, et ceux d’écoles voisines. La raison de ce mouvement d’humeur, une panne d’électricité au lycée départemental qui compromettrait la chance de cette commune périphérique de la capitale d’abriter pour la toute première fois un centre de composition aux prochains examens scolaires. Motif non valable selon le maire de la commune qui a dû intervenir pour un retour au calme.

 

 

Pour se faire entendre, ils auront réussi le coup. Après avoir suspendu les cours dès 7 heures, c’est en effet sur le pont du barrage de Koubri que les élèves de plusieurs lycées du même nom se sont retrouvés pour manifester leur mécontentement en cette matinée du 12 avril. Tout au long de l’infrastructure, ils ont bloqué le passage, et ce, plus de 3 heures durant. Conséquence, une longue file d’engins roulants s’est formée sur plus d’un kilomètre.

 

A défaut d’un contournement de plus d’une dizaine de kilomètres, il fallait rebrousser chemin ou opter pour l’attente. A bord d’un véhicule, alors que nous nous rendions en mission à Kombissiri, nous nous sommes, nous aussi, soumis à la règle : personne ne passe, peu importe la destination ou le motif du déplacement. Excepté les piétons et quelques motocyclistes qui parviennent à se frayer du chemin en longeant la rive. Et ce sera en vain que certains usagers tenteront de raisonner les manifestants. « Nous voulons un centre d’examen à Koubri », « Trop, c’est trop » ; scandent-ils, sifflant et brandissant des pancartes.

 

De fil en aiguille, nous apprenons qu’une panne d’électricité au lycée départemental a été la goutte d’eau qui a fait déborder ...les esprits. Christian Kiemtoré, un responsable des frondeurs, nous en dit plus : « Depuis maintenant plusieurs jours, il n’y a pas d’électricité au lycée départemental en raison d’une panne de transformateur. Pourtant l’établissement est censé abriter les jurys de composition lors des examens à venir. Sans électricité, il n’y aura pas de centre de composition ici à Koubri. C’est ce qui nous a été dit après la visite d’une équipe envoyée par la direction régionale de l’enseignement ».

 

Et d’ajouter d’un ton plus remonté : « Chaque année, les élèves d’ici se rendent à Ouagadougou pour passer leurs examens. Avec toutes les difficultés que cela crée, nous avons toujours demandé qu’il y ait sur place un centre d’examen, ce qui nous a été promis pour cette année. Et voilà que cette promesse est en passe de ne pas être tenue. Nous avons tenté par deux fois de trouver une solution avec le maire, mais nos tentatives ont été vaines. Nous avons donc suspendu les cours 24 heures pour enfin nous faire entendre ».

 

Réclamé par les mécontents, le maire, Marcel Zoungrana, arrive sur les lieux, accompagné de quelques responsables coutumiers avant d’être rejoint par le préfet de Koubri. Les coups de sifflets mêlés de youyous s’accentuent. L’élu, après un bain de foule, formule son souhait de parler «à tous les manifestants» de peur, dit-il, que son message soit «infidèlement rapporté».

 

Pendant qu’une partie des manifestants maintient la garde, une autre engage alors des pourparlers avec les autorités. Des échanges qui  auront permis de décanter la situation mais auxquels nous n’avons pu assister, devant poursuivre notre trajet par l’option du contournement. Joint au téléphone dans l’après-midi du même jour, le maire nous rassure quant à l’entente trouvée.

 

A son avis, « il y a eu une incompréhension de la part des élèves ». Et d’expliquer que lorsqu’il a été informé de la panne intervenue deux à trois semaines plus tôt, il a fait venir des agents de la SONABEL pour un constat. « Les techniciens ont fait savoir que la réparation va coûter un peu plus de 2 millions de francs CFA. Nous n’étions pas en mesure de décaisser immédiatement ce montant, mais nous nous sommes entendus avec la SONABEL pour trouver une solution et depuis ils y travaillent. »

 

Pour l’édile, qui croit savoir que les élèves ont été manipulés par quelque malins esprits, cette panne d’électricité n’a rien à voir avec le centre d’examen qu’ils réclament : « Cette question de centre d’examen ne relève pas des prérogatives de la mairie », a-t-il soutenu. Dans la même journée, les techniciens de la nationale de l’électricité ont procédé à l’enlèvement du fameux transfo abimé en vue de sa réparation. Du côté des manifestants, on estime que la hache de guerre est enterrée. Contacté par téléphone, Christian Kiemtoré assure : « Nous avons échangé par la suite avec l’administration du lycée qui nous a dit que le seul problème pour accueillir les jurys d’examen était l’électricité ».

 

Bernard Kaboré

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