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Développement agricole : «Neer-Tamba, un modèle de gestion participative»

 

Dans le domaine du développement rural, les réalisations et l’impact du projet NEER-TAMBA convainquent de son ampleur et de son importance. 3 624 ha de bas-fonds aménagés pour la production rizicole, 1 761 ha de terres dégradées récupérées, 2 685 microprojets financés dans les domaines de l’élevage, de l’agriculture et de la gestion durable des terres, etc. En cinq années de mise en œuvre, NEER-TAMBA s’est positionné comme un partenaire de choix dans l’amélioration des conditions de vie et des revenus des populations rurales. A la veille de la 21e Journée nationale du paysan, Koudrègma Zongo, coordinateur de NEER-TAMBA, nous parle du modèle d’intervention, des résultats et des défis dudit projet.

 

 

 

 

Le Projet NEER-TAMBA s’est fixé pour mission, depuis le démarrage de sa mise en œuvre en 2014, l’amélioration des conditions de vie et des revenus des populations rurales les plus défavorisées. Comment l’action du projet se déploie-t-elle concrètement ?

 

Petit rappel : le Projet de gestion participative des ressources naturelles et de développement rural du Nord, du Centre-Nord et de  l’Est (Projet NEER-TAMBA) relève du ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles. Il a été conçu depuis 2014 avec l’appui technique et financier du Fonds international de développement agricole (FIDA). L’objectif visé est l’accroissement de la résilience des populations rurales pauvres par une gestion participative et durable des ressources naturelles. En 2017, pour prendre en compte les aspects environnementaux et renforcer la mise à l’échelle des bonnes pratiques créées ou identifiées dans le cadre du Projet NEER-TAMBA, un financement complémentaire a été acquis auprès du Fonds pour l’environnement mondial (FEM).

 

Dans sa mise en œuvre, NEER-TAMBA couvre les régions de l’Est, du Centre-Nord et du Nord. Pour être plus précis, 190 000 ménages ruraux touchés par la pauvreté monétaire et par l’insécurité alimentaire devront bénéficier de l’action du projet dans les 12 provinces des trois régions, soit un total de 86 communes et environ 2 300 villages. Aujourd’hui, le projet est dans sa vitesse de croisière avec la réalisation des investissements productifs sur l’ensemble de sa zone d’intervention.

 

Concrètement, dans chaque localité, le projet déploie et organise son intervention suivant trois grandes composantes opérationnelles que sont les petits aménagements fonciers villageois ; l’intensification des petites exploitations et la valorisation de leurs productions ; et enfin la structuration des acteurs et leur mise en réseau. Dans l’exécution de ces composantes, NEER-TAMBA a fait le choix qualitatif de la participation des populations bénéficiaires elles-mêmes et de l’implication de toutes les parties prenantes, notamment les ministères en charge du développement rural, les Chambres régionales d’agriculture (CRA), les Organisations professionnelles agricoles (OPA) et les instituts de recherche.

 

 

 

Le Projet NEER-TAMBA s’affiche aujourd’hui comme un acteur majeur du développement rural des populations du Nord, du Centre-Nord et de l’Est. Qu’est-ce qui fait la force, sur le terrain, d’un projet de cette envergure ?

 

 

 

L’une des forces et innovations du Projet NEER-TAMBA réside dans la délégation de maîtrise d’ouvrage aux CRA. Au niveau régional, les CRA jouent un rôle central dans l’organisation du monde rural. C’est pourquoi, en tant que structure fédératrice et représentant habilité des populaires bénéficiaires, la mise en œuvre d’une partie des appuis du projet leur est confiée selon les modalités définies par la Convention de délégation de maîtrise d’ouvrage. De façon spécifique, les CRA assurent la maîtrise d’ouvrage des volets "appui-conseil" et "sélection des microprojets" ainsi que les volets "alphabétisation", "Information-Education-Communication (IEC)", "appui aux organisations rurales". Ainsi, par cette approche d’implication, le projet parvient à construire et à renforcer l’autonomie des populations bénéficiaires et leur capacité à jouer un rôle moteur croissant, pleinement reconnu par les autres acteurs, dans la construction d’un tissu économique et social durable.

 

En outre, le Projet NEER-TAMBA a la particularité d’avoir centré exclusivement ses objectifs sur les bénéficiaires au travers de trois piliers d’intervention que sont l’accroissement de la résilience des ménages, des exploitations et des villages face aux aléas climatiques ; l’accession des ménages à une capacité d’autonomie économique et financière suffisante pour leur permettre, au sein de leur milieu rural de résidence, de se projeter vers l’avenir; la construction et le renforcement d’un tissu social et économique favorable et incitatif à cette prise d’autonomie, dont les populations cibles seront acteurs/partenaires à part entière. C’est ce qui fait globalement la force de NEER-TAMBA et lui permet d’engranger des résultats sur le terrain.

 

 

 

Quels sont justement, à ce jour, les grandes réalisations et les acquis engrangés par le Projet NEER-TAMBA?

 

 

 

Après cinq années de mise en œuvre effective du projet, des acquis ont été engrangés dans plusieurs domaines. On peut relever, entre autres, l’aménagement de 3 624 hectares de bas-fonds pour la production rizicole et de 52 hectares de périmètres maraîchers, la réalisation de 11 070 ha de CES/DRS et la récupération de 1 761 ha de terres dégradées par des techniques mécaniques et biologiques. Une étude conduite par le ministère de l’Agriculture révèle par ailleurs que les rendements obtenus par le projet sur les bas-fonds aménagés varient de 1 701 kg/ha à 3 763 kg/ha. Ce qui fait une contribution assez remarquable à la production nationale de riz de plus de 10 000 tonnes durant la campagne agricole 2018. NEER-TAMBA a également permis de financer 2 685 microprojets à hauteur de trois milliards soixante-six millions (3 066 000 000) de CFA dans les domaines de l’élevage, de l’agriculture et de la gestion durable des terres, permettant ainsi d’améliorer sensiblement les revenus des bénéficiaires et de résorber un tant soit peu la question du sous-emploi des jeunes en milieu rural. De plus, plus de 33 000 personnes ont eu accès à des services d'appui-conseil dans le domaine agro-sylvo-pastoral et 50 000 autres ont bénéficié d’une alphabétisation fonctionnelle ou d’un programme d’IEC.

 

 

 

A partir de demain jusqu’au 27 avril 2019, se tiendra à Gaoua la 21e édition de la Journée nationale du paysan. Que pensez-vous des apports d’un tel événement au développement du monde paysan et quelle peut être la contribution du Projet NEER-TAMBA, au regard de la problématique posée ? 

 

 

 

Il est clair que la JNP reste, pour les acteurs du monde rural, une opportunité unique de mener des réflexions sur les défis liés à l’accroissement de la production et de la productivité agro-sylvo-pastorales, au stockage, à la conservation, à la transformation et à la commercialisation des produits. C’est aussi un cadre pour faire des propositions de solutions en vue de lever les contraintes au développement du secteur rural. L’organisation de la présente édition sous le thème « Défi de la sécurité alimentaire dans un contexte d’insécurité : quelles stratégies d’accompagnement des petites exploitations agro-sylvo-pastorales et halieutiques ? » nous interpelle à plus d’un titre en tant qu’acteur et projet de développement rural ; cela d’autant plus qu’une partie de la zone d’intervention du projet est touchée par la situation sécuritaire, notamment dans le cadre des aménagements hydro-agricoles. Pour nous, au sortir des échanges qui seront menés à cette occasion, nous devrions pouvoir mesurer l’impact de ce climat d’insécurité sur l’atteinte de la sécurité alimentaire et trouver les voies et moyens pour permettre aux agriculteurs de développer une forme de résilience et de renforcer leurs capacités de production.

 

En outre, au regard de l’importance de l’évènement et de son thème, nous y participerons avec l’animation de stands d’exposition par un échantillon de produits réalisés par des promoteurs de microprojets que nous soutenons. On y retrouvera une diversité de produits allant de la transformation de produits forestiers non ligneux (savon de balanites, soumbala, beurre de karité, thé au moringa, poudre de baobab, etc.) aux produits maraîchers en passant par le riz. Je vous  invite déjà à y faire un tour.

 

 

 

A quels autres problèmes majeurs de développement du secteur rural le Projet NEER-TAMBA apporte-t-il des réponses ?

 

 

 

Le secteur rural au Burkina Faso est un domaine assez vaste et les difficultés auxquelles il est confronté commandent une approche holistique, de même qu’un engagement multiforme. C’est pourquoi NEER-TAMBA prend également en compte la faiblesse des productions agro-sylvo-pastorales, la dégradation accélérée des terres agricoles et les questions foncières relatives à l’accession des populations cibles à des droits fonciers équitables et durables. A ces trois problèmes majeurs, le projet propose une réponse à travers l’aménagement des terres agricoles pour en améliorer les rendements, la promotion de techniques de restauration et/ou de conservation des sols et les activités d’information/sensibilisation sur la loi portant Régime foncier rural et l’appui à la mise en place des instances locales de gestion foncière au niveau des villages.

 

 

 

S’agissant des perspectives, comment le Projet NEER-TAMBA s’organise-t-il pour pérenniser les acquis de ses interventions ?

 

 

 

L’un des défis majeurs de tous les projets de développement est la pérennisation des acquis. Pour sa part, le Projet NEER-TAMBA a déjà conçu une stratégie de désengagement dont la mise en œuvre est en cours avec l’ensemble des acteurs et cela participe de ce besoin et de cette volonté de faire en sorte que les acquis du projet lui survivent. Par ailleurs, nous mettrons incessamment à exécution une stratégie de gestion des savoirs qui orientera la collecte, la codification, la mise en page et la diffusion des savoirs et savoir-faire du projet afin de pérenniser les best practices, les  success stories et acquis engrangés. Il est important, à ce stade de développement du projet, que nous nous engagions dans une perspective de durabilité et de réplicabilité des acquis. Et tous les autres projets de développement devront désormais intégrer cette nouvelle donne. Car la gestion des savoirs est aussi une dimension indispensable dans la construction d’une croissance accélérée et durable dans le secteur rural.

 

 

 

 

 

Entretien réalisé par

Akodia Ezékiel Ada

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