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Les élucubrations de Toégui : De l’audace, de l’audace, encore de l’audace

Le Professeur Abdoulaye Soma s’est dévoilé à nous au cours du week-end passé. Nous qui ne sommes pas les bienvenus dans les universités, nous avons apprécié cet entretien qui nous a permis de découvrir la personnalité du candidat Abdoulaye Soma.

 

Ce qui a le plus retenu mon attention, c’est que sans le moindre doute le candidat Soma croit fermement aux solutions qu’il se propose d’apporter. Lorsqu’il parle d’un gouvernement de 13 membres et d’un ministre par région, il trouve les mots pour convaincre, et  il y croit vraiment. Et on perçoit en lui un désir ardent de trouver tout de suite et maintenant les remèdes aux maux qui minent son cher pays. Hélas ! Après l’avoir entendu, on ne peut pas ne pas l’aimer. On ne peut pas ne pas lui vouloir du bien. Mais tout de même !

C’est la première fois qu’un de nos super cerveaux s’engage ainsi en politique. Créer un parti politique et proclamer dans la foulée son intention de briguer le fauteuil présidentiel dans la période d’un an ? Hum ! Sans avoir assuré au préalable de poste ministériel ? Hum ! Sans avoir exercé la moindre fonction élective ? Hum !

Et on ne connaît à Monsieur Soma aucun mentor, hormis le Professeur Augustin Loada qui est mentor d’un genre particulier. Alors qu’il ne lui suffisait  que de lever la main pour que le Soleil Levant ou le Tukguili vienne le chercher pour en faire un super ministre…

Avec toute l’admiration que je lui voue, je me demande malgré tout si le Professeur Soma appréhende bien les réalités propres à notre pays,

Un fait est là, Abdoulaye Soma est une tête de proue de l’intelligensia et il est doué d’une facilité de parole qui n’est pas donnée à n’importe quel intellectuel. Pourtant, en dépit de ce don, il traîne un déficit de notoriété auprès de l’électorat. Je parle de l’électorat, du vrai électorat, celui qui faut la différence aux élections. Je ne parle pas des gueulards de Ouagadougou  prompts au hoba hoba  mais qu’on ne voit pas dans les bureaux de vote le jour de l’élection. Les Toégui et autres…

Pourtant, le déficit de notoriété dont il est question doit être comblé avant 2020 alors que nous sommes déjà en 2020. Et pour y parvenir, il n’y a pas 36 solutions. Il faut seulement commencer par le commencement. A ce propos le Professeur nous a informé que c’est depuis l’année 2011 que l’idée d’entrer en politique  a germé en lui.

Le Professeur n’est pas sans savoir qu’en politique le temps de préparation ne compte pas. Cette période de réflexion c’est de la politique fictive. Ce qui compte c’est la politique effective et c’est cette politique que nous attendons de voir. Il faut y mettre les pieds le plus tôt possible.

L’illustre Joseph Ki-Zerbo avait créé son parti politique le MLN, en 1957. C’est seulement en 1970 qu’il s’est présenté aux législatives ou il obtint 6 sièges. Et sauf erreur ou omission, Joseph Ki-Zerbo ne s’est présenté à aucune élection présidentielle. Joseph Ki-Zerbo avait cependant une importante base électorale. Presque la totalité des enseignants du pays de même que les syndicats de fonctionnaires lui étaient acquis.

Le Professeur savait sans doute qu’avec le suffrage universel, l’insuffisance de discernement de la majorité des électeurs, l’influence que la chefferie coutumière exerçait sur la grande masse, le moment n’était pas propice. Mais n’empêche, le MLN puis ensuite le PDP/PS était dans la politique effective, la politique réelle, la politique action.

Le Professeur Laurent Bado est cette autre idole des jeunes qui a pris le temps qu’il faut pour enseigner la politique avant de faire de la politique. C’est seulement en l’an 2000 qu’il décida de créer un parti politique. Il participa alors avec corps et âme aux élections législatives de 2002 où il obtint 4 députés et la gestion de la commune de Réo. Et puis il faut éviter de prendre Macron en exemple. Macron a été d’abord ministre avant d’être président de la République. Et puis Macron habite un pays où il y a un faible taux d’analphabètes et dans lequel il n’y a pas de Chefs coutumiers au Bonnet Rouge.

Ce qu’il faut retenir c’est que de Joseph Ki-Zerbo et de Laurent Bado chacun avait un fief électoral qui se trouve être leur province d’origine. Cela dit, on peut tout dire d’Abdoulaye Soma, sauf qu’il manque d’audace. Sortir du néant politique et décider d’affronter un vieux loup de la trempe de Roch Marc Christian Kaboré qui a assumé toutes les fonctions de l’Etat, du Législatif à l’Exécutif et commandeur en chef du plus grand parti politique du pays il faut avoir de l’audace.

Oser affronter soit Eddie Komboïgo, soit Kadré Désiré Ouédraogo, soit Eddie et Kabré ensemble, il faut avoir de l’audace. Oser affronter Zéphirin Diabré qui est le premier des opposants du pays il faut avoir de l’audace. Oser affronter Hermann et ses frères, c’est avoir de l’audace. Oser affronter Gilbert, un fils de, c’est avoir de l’audace. Oser affronter un grand libéral comme Ablassé qui de surcroît est du Plateau Central c’est avoir de l’audace.

Oser affronter Tahirou Barry qui est têtu au point d’affronter son mentor, c’est avoir de l’audace. De l’audace de l’audace. Cela dit, moi  Toégui, je suis totalement l’opposé de Aboulaye Soma. Je n’ai pas du tout le syndrome de Kosyam. Je dirai même que le pire qu’on puisse me souhaiter c’est Kosyam.  

Ils ont tout faux, ceux qui croient que Kosyam post 2020 sera un long fleuve tranquille. Point du tout. Penser ainsi c’est faire fi des patates chaudes qui sont sous la chaudière et qui brûlent.

Celui qui remportera la Coupe 2020 sera vite désillusionné et c’est peu dire. En moins de deux il découvrira que sur bien de choses on lui a raconté des histoires. Ce qu’il aura à faire dès son arrivée à Kosyam c’est une mise à plat de toutes les patates chaudes, et elles sont innombrables. On vous a déclaré chaque jour que Dieu fait que force doit rester à la loi ? C’est faux.

Dans la ville de Ouagadougou, aucun vélo n’est équipé d’un phare. La police s’en fout. Dans le pays, une loi de 1974 interdit le port de la mini-jupe. Balivernes. On vous a dit que les chambres noires sont interdites ? C’est peut-être vrai, mais elles sont passées du noir au blanc.

Le port de quoi ? Le port du casque dites-vous ? Ça ne vous va pas la tête !?

Last but not least, je bavardais avec un magistrat sur le ‘’Délit d’apparence’’, ou Loi Bado. Je lui ai dit comment je comprenais cette loi et combien c’était facile de l’appliquer. Il a fait hi hi hi ! Ha ha ha ! Et m’a dit : Toégui, tu es marrant toi. On ne peut pas faire comme tu l’entends. Si on fait comme ça, on va prendre tout le monde. Tu veux qu’on prenne tout le monde ? Hi hi hi ! ha ha ha ! 

 

Charles Guibo

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