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Garde de sécurité pénitentiaire : «Nous n’allons pas reprendre le travail» (Abdou Dramane Thiombiano, SG SYNAGSP)

 

Le Conseil des ministres du 22 mai 2019 a pris deux décrets portant modification de décrets relatifs au reversement et au classement indiciaire des personnels de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) et des greffiers. Ces décrets ont été pris de commun accord avec les syndicats et devraient permettre de mettre fin à la paralysie de la justice. Hier, 23 mai 2019, nous avons échangé au téléphone avec le secrétaire général du Syndicat national des GSP, Abdou Dramane Thiombiano, qui estime que de leur côté, ils attendent de voir l’application effective du décret les concernant ainsi que la  réintégration de leurs 10 camarades révoqués avant de reprendre le travail.

 

Au niveau des greffiers, le son de cloche est différent. On se félicite de la prise du décret qui résout les problèmes de reversement des agents et on fait confiance à l’Etat pour l’application effective des autres points objets de la discorde. D’ailleurs, selon Me Abdoul Aziz Kafando, secrétaire général du Syndicat des greffiers du Burkina Faso (SGB), ses éléments ont déjà repris le travail dès le 20 mai 2019.

 

 

 

 

Vous êtes en grève depuis quelques mois, rappelez-nous brièvement vos points de revendication ?

 

 

 

Nous sommes plutôt en mouvement d’humeur. Cela consistait à attirer l’attention du gouvernement sur deux points : la dotation en matériels roulants, en habillement et en matériels spécifiques. A cela s’ajoute la situation de notre carrière.

 

C’est exactement le 22 octobre 2018 que nous avons décidé d’interpeller les autorités sur notre situation. Malheureusement au cours de ce mouvement, dix de nos camarades ont été révoqués (ndlr : ils ont été accusés d’avoir désarmé la sécurité du ministre de la Justice). Il y a eu aussi les propos «insultants» de notre directeur général qui ont contribué à envenimer la situation. Ainsi, de deux points, nous sommes donc passés à quatre. Nos  militantes et militants ont exigé et obtenu le départ du DG. La réintégration pure et simple des personnes révoquées a été aussi exigée mais rien n’a été fait jusque-là malgré une décision de justice. A l’heure où nous  sommes, le gouvernement nous a envoyé des échantillons de matériels et a promis qu’avec le budget de 2019, nous entrerions en possession du matériel demandé. Par rapport à notre situation de carrière, c’est le compte rendu du Conseil des ministres du 22 mai qui nous indique qu’elle sera débloquée.

 

 

 

Justement ce décret du 22 mai résout-il vraiment votre problème ?

 

 

 

Une chose est d’adopter un décret mais une autre est de l’appliquer. Auparavant, nous avons eu des décisions prises en Conseil des ministres mais jusqu’à ce que nous entamions notre mouvement d’humeur, elles n’ont jamais été appliquées. Par exemple sur cette même situation de carrière, des décisions avaient été prises en 2017,  signées par le président du Faso mais rien n’a été fait. De plus, les dix GSP révoqués ont bénéficié d’une ordonnance du Conseil d’Etat qui suspend le décret de leur révocation. Mais malheureusement le ministre de la Justice refuse de l’exécuter.

 

 

 

Peut-on s’attendre, maintenant, à ce que les GSP mettent fin à ce mouvement qui paralyse l’institution judiciaire ?

 

 

 

Ce n’est pas possible, nous n’allons pas reprendre le travail. Je vous disais tantôt qu’une chose est d’adopter une décision et une autre est de l’exécuter.

 

Nous attendons de voir sur nos bulletins de salaires l’incidence financière du décret. En dehors de cela, il faut que le ministre exécute l’ordonnance du Conseil d’Etat (ndlr : prononcée le 8 février 2019) qui permet à nos camarades de reprendre le service.

 

 

 

Il y a eu un précédent décret vous concernant, mais cela ne vous a pas  amené à mettre fin à votre mouvement. Avec celui qui vient d’être pris, qu’est-ce qui a changé fondamentalement ?

 

 

 

Il y a effectivement un décret que le ministre avait amené en Conseil  de ministres mais nous l’avions rejeté en son temps. Tout simplement parce qu’il y avait un cumul de promotions.

 

 

 

Est-ce que les personnes révoquées perçoivent encore leurs salaires ?

 

 

 

Non, leurs salaires ont été coupés depuis belle lurette et nos camarades n’ont pas encore été réintégrés. Par exemple, à la rencontre préparatoire du décret, le 20 mai dernier, je n’ai pas pu y participer. Le ministre continue de dire que moi et mes camarades révoqués ne reprendrons pas le service. Du coup, j’ai instruit des camarades non révoqués afin que le gouvernement n’ait pas de prétexte pour dire que nous ne voulons pas de dialogue.

 

 

 

Interview réalisé par

 

Aboubacar Dermé

 

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