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Algérie : Gaïd Salah, l’apparatchik qui joue au Zorro de la République

 

Et de 14 ! Les Algériens devraient à nouveau descendre dans la rue ce vendredi 24 mai pour exiger que le « système Bouteflika dégage ». Ceux qui avaient misé sur le jeûne du Ramadan pour voir s’essouffler la contestation populaire doivent revoir leur copie. Aujourd’hui, c’est le troisième vendredi du mois de jêune musulman qui voit les croquants algériens manifester pacifiquement mais avec détermination pour mettre fin au système qui les aura régis 20 ans durant.

 

 

En 14 semaines de contestation tous azimuts, la rue aura fait bouger bien des lignes du pouvoir en place sans pour autant le déraciner totalement. Voilà qui explique qu’elle ne décolère pas et continue d’exiger la démission du président par intérim, Abdelkader Bensalah, celle de son Premier ministre, Noureddine Beddoui, sans oublier le chef d’état-major général des armées, Ahmed Gaïd Salah. Pendant combien de temps ces trois piliers qui restent du régime Bouteflika s’arc-bouteront-ils à leurs postes, tenant la dragée haute aux insurgés ? Difficile de la savoir, car cette seconde révolution algérienne est si atypique qu’elle offre peu de lisibilité sur le cours des évènements, à cette exception près : depuis la démission forcée du président Bouteflika, l’armée est revenue en force au cœur du pouvoir avec pour homme fort le général Gaïd Salah.

 

Ce dernier qui avait aidé le président Abdelaziz Bouteflika à asseoir son pouvoir, et à en être le chien de garde, veut  jouer à présent au  métronome d’une Algérie ballottée par le vent de la révolte populaire. Mais sans surprise, la rue ne lui fait pas confiance d’autant plus que c’est avec hésitation qu’il a épousé tardivement et à moitié la cause du peuple insurgé. En effet, une chose est de pousser son ancien mentor de président à la démission et faire arrêter les oligarques les plus en vue du système, une autre est de faire croire aux Algériens que la voie est ainsi balisée vers une vraie démocratie et la bonne gouvernance. De fait, la rue ne veut pas d’une révolution à moitié aboutie, n’étant pas dupe du fait que Gaïd Salah se sert de sa colère pour régler ses comptes au clan de Saïd Bouteflika, frère du président démissionnaire. Régler ses comptes à un clan adverse du système avec le secret espoir de se refaire une virginité politique avec en sus la légitimité d’avoir évité au pays un vide constitutionnel préjudiciable à sa stabilité : c’est ce qui fait courir le général Gaïd Salah qui par trois fois cette semaine s’est adressé à ses compatriotes, les invitant à se démarquer des marchands d’illusions pour aller aux élections avec la certitude que lui n’a aucune ambition politique. Ce message est-il compris et accepté ?

 

La hauteur de la mobilisation des Algériens en  ce 14e vendredi d’insurrection sera le baromètre de sa colère ou de sa confiance en l’armée qui se pose, par la voix de Gaïd Salah, en dernier rempart contre l’anarchie et un  éventuel vide constitutionnel. On attend de voir non sans faire remarquer qu’ils sont nombreux les Algériens qui prêtent au général Gaïd Salah de vouloir prendre exemple sur le général Al Sissi. C’est connu, ce dernier avait renversé le président Morsi avant d’organiser des élections pour se faire élire président de l’Egypte. Au-delà de cet exemple, les généraux nettoyeurs des écuries de la République, qui ont fini par prendre leurs quartiers au sommet de l’Etat, on en connaît sous nos tropiques. De quoi renforcer la méfiance des insurgés algériens à l’égard de cet apparatchik  Gaïd Salah qui veut jouer au Zorro pour épurer un système qu’il a fidèlement servi pendant 20 ans.

 

 

Zéphirin Kpoda

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