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17 morts à Béléhédé: Cette mauvaise herbe est difficile à arracher

Mali ; Niger ; Burkina. C’est à croire que ces trois pays constituent depuis quelque temps les sommets d’un triangle de l’horreur dans une sous-région ouest-africaine relativement calme sur le plan sécuritaire.

Au pays de Modibo Keita, le Centre est devenu un foyer incandescent de la violence intercommunautaire comme l’ont illustré les massacres de Malemana, Koumaga, Koulogon, Ogossagou et Sobane, il y a une dizaine de jours, auxquels sont venus s’ajouter les attaques de lundi dernier à Yoro et Gangafani, près de la frontière burkinabè. A chaque fois des dizaines, des centaines de morts victimes d’une violence qui, peu à peu, détricote le tissu social malien.

Le Niger qui, après une certaine période d’accalmie, semble de nouveau en proie à des actes terroristes menés par des groupes jihadistes à l’Ouest et par Boko Haram au Sud-Est. Dernière en date, l’attaque d’un poste de sécurité situé à quelques encablures de la capitale s’est soldée par la mort de deux policiers et quatre blessés. Quelques semaines auparavant, le Niger a perdu 28 soldats qui, dans la région de Tillabéry, sont tombés dans une embuscade alors qu’ils pourchassaient  les assaillants de la prison de haute sécurité de Koutoukalé.

Au Burkina, si l’Est enregistre une certaine embellie depuis le déclenchement de l’opération Otapuanu, « foudre » en langue gulmacema, le Nord quant à lui reste le théâtre d’actions terroristes et de violences intercommunautaires. Quand ce ne sont pas les communautés qui s’entredéchirent comme ce fut le cas à Yirgou et Arbinda, ce sont des groupes terroristes qui continuent de semer la mort et la désolation malgré le déclenchement de l’opération militaire Doofu, « déracinement » en langue fulfuldé. Ainsi, mardi après-midi, le village de Béléhédé, dans la commune de Tongomayel (province du Soum), a subi l’attaque d’un groupe d’hommes armés non identifiés qui ont tué 17 personnes. Les auteurs de ce raid qui a entraîné d’importants déplacements de populations auraient voulu narguer nos forces de défense et de sécurité qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. C’est à croire que la mauvaise herbe est décidément bien difficile à arracher.

Le drame de Béléhédé intervient au lendemain de l’installation de la Commission d’élaboration de la politique de sécurité nationale, cérémonie présidée par le chef des armées lui-même, Roch Marc Christian Kaboré. S’il faut se féliciter de la création d’une structure comme celle-ci, forte d’une centaine de membres émanant des différentes couches sociales, il convient néanmoins de s’interroger sur une si longue gestation. En effet, depuis plus de quatre ans que l’hydre terroriste a pris la maison Burkina pour cible, fallait-il attendre tout ce temps pour placer sur orbite ce vaisseau amiral ? Et puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, on espère que les membres de cette Commission ne vont pas se complaire dans cette bureaucratie bien burkinabè, s’épuisant en colloques et séminaires qui accoucheront de conclusions et bonnes résolutions qui iront jaunir dans les placards.

H. Marie Ouédraogo

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