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Pr Abdoulaye Soma : « Je suis prêt à gouverner maintenant »

C’était le 5 mai  dernier au CENASA. Devant une foule de sympathisants, le célèbre juriste burkinabè Abdoulaye Soma se déclarait candidat à la présidentielle de 2020 sous les couleurs de « Soleil d’avenir », le parti dont il se dit « initiateur-leader ». Ce saut dans le marigot politique de l’enseignant-chercheur qui fut à 32 ans le plus jeune professeur agrégé de droit d’Afrique n’a pas surpris grand-monde, tant l’information était dans les tuyaux depuis de longues semaines. Dans cette interview qu’il nous a accordée, le constitutionnaliste de 40 ans, qui se dit « prêt à gouverner », revient sur son engagement politique, jette un regard critique sur la situation actuelle du pays sans langue de bois et évoque ses relations avec des personnalités dont l’ancien Premier ministre Isaac Zida et l’actuel Médiateur du Faso, Saran Sérémé, avec qui il ne serait pas en bons termes.

 

 

Vous venez de créer votre mouvement politique, « Soleil d’Avenir », dont vous porterez les couleurs à l’élection présidentielle de 2020. Qu’est-ce qui a poussé l’enseignant en droit à se lancer dans l’arène politique ?

 

Mon engagement politique est un dévouement pour augmenter ma contribution à la grandeur de notre Nation et au bonheur de notre peuple. En effet, en tant que professeur d’universités, avocat, fondateur d’instituts universitaires privés, d’entreprises et leader d’associations de la société civile, j’apporte déjà une certaine contribution à l’animation de la vie publique et pour le développement du Burkina Faso. Toutefois, la situation et le sort actuels de notre pays sont problématiques et ne conviennent pas à la grandeur que je veux pour ma Patrie et au bonheur que je veux pour mes compatriotes. Mon action actuelle me paraît insuffisante. Il me faut faire plus encore pour ma Patrie. Je veux donner encore plus à notre peuple. Pour ce faire, j’ai besoin d’avoir la décision politique. Elle est l’ultime moyen d’impacter toute la communauté. C’est pourquoi je veux conquérir la décision politique pour changer, réformer, révolutionner l’organisation, le fonctionnement et la gouvernance de notre Etat. Il faut que le pays change de cap, le cap que nous avons maintenu ne nous permettra jamais de vivre en paix et de vivre bien ensemble. Voici ma mission: sécuriser, stabiliser, unifier et faire prospérer le Burkina Faso et le Burkinabè. C’est une mission possible.

 

On a si souvent entendu le même discours avec des mots différents qu’on se demande en quoi « Soleil d’avenir » est différent des offres politiques, aussi alléchantes les unes que les autres, que nous avons déjà sur le marché.

 

Soleil d’avenir (Mouvement S.A.) n’est pas un parti politique ordinaire, il est une formation politique de masse populaire et se distingue des autres par plusieurs éléments, parmi lesquels je peux préciser certains.

Premièrement, il se particularise par sa stratégie de fondation, qui est conçue et appliquée depuis 7 ans. Nous avons pris le temps de diagnostiquer les problèmes fondamentaux du Burkina Faso, de penser aux solutions pratiques et d’établir le profil des hommes et femmes qui peuvent piloter une action pour apporter ces solutions. Nous avons eu la patience de vérifier que l’offre correspond aux Burkinabè de toutes catégories sur toute l’étendue du territoire, avant d’officialiser le mouvement, qui compte à sa création plusieurs milliers de personnes qui ont rempli les fiches de membres fondateurs. Ces milliers d’hommes et de femmes, de jeunes, d’adultes et d’anciens dans toutes les régions, toutes les provinces, des villages et secteurs des villes étaient pour la plupart laissés en marge du jeu politique et ont accepté maintenant d’apporter sous un leadership nouveau leur grande contribution à l’édifice national. C’est différent du processus courant de création des partis politiques que nous connaissons.

Deuxièmement, il est différent par la composition de ses organes. Les organes sont composés suivant ce que nous appelons la « formule magique », à savoir moitié hommes, moitié femmes ; moitié adultes et moitié jeunes.  Par exemple, le Secrétariat général, très haute fonction dans un parti politique, est tenu par une jeune femme de 25 ans. Vous savez que c’est du jamais vu, du jamais entendu. Les jeunes et les femmes reçoivent là le message concret que leur promotion, leur responsabilisation, leur prise en compte et leur prise en charge sont assurées par « Soleil d’avenir ». Lorsque nous serons au pouvoir, cette formule magique sera appliquée à la composition du gouvernement, du Parlement, des conseils régionaux, des conseils municipaux et des conseils d’administration des sociétés d’Etat.

Troisièmement, il est différent par son idéologie. Au lieu de faire du socialisme dur comme certains, ou du libéralisme dur comme d’autres, ou une dilution des deux comme certains autres, nous faisons du « dualisme idéologique ». Il y a des problèmes au Burkina Faso dont la bonne solution dépend d’une vision socialiste et d’autres dont la bonne résolution dépend d’une vision libérale. Nous avons choisi des problèmes qui, pour nous, doivent être réglés par l’Etat, comme l’alimentation pour tous, la sécurité pour tous, la santé, l’éducation pour tous, la culture. Un mieux-être dans ces domaines de base dépend d’une vision socialiste et nous responsabiliserons l’Etat dans la prise en charge totale et finale de ces questions. Dans les autres domaines, nous apporterons des solutions libérales. C’est pourquoi on résume notre vision à « un libéralisme de droit commun et un socialisme d’exception ». En somme, notre vision, le «dualisme idéologique », est un réalisme politique et un pragmatisme sociologique. Le Burkina Faso et les Burkinabè ont besoin que des problèmes concrets soient réglés. Il est inutile et stérile de faire des options qui les enferment dans des carcans idéologiques. En somme, nous faisons de la vraie politique d’utilité publique et pratique, par une nouvelle génération de politiques sous un leadership nouveau pour un renouveau et une modernisation politiques au Burkina Faso. 

 

Vous dites compter des milliers de membres fondateurs  mais on a le sentiment que vous êtes la seule figure de proue de votre parti. Au-delà de  vous, qui sont les personnes qui constituent votre garde rapprochée ?

 

Quand il y a des milliers de membres fondateurs, un Bureau politique  national de 300 membres, des bureaux politiques locaux  dans chaque région, chaque province, chaque village et chaque secteur, je ne peux pas être la seule figure. Je suis la première figure, parce que je suis l’initiateur et le leader, et notre stratégie a voulu que j’assure le démarrage et le commandement de l’appareil politique. Il y a un état-major complet, un équipage compétent qui se manifesteront progressivement selon le timing stratégique programmé. En tout état de cause, comme nous apportons une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques, il ne faut pas vous attendre à voir aux premiers moments les grandes figures de la politique burkinabè que vous connaissez déjà. Notre stratégie a été faite ainsi de démarrer avec des personnes non encore engagées jusqu’à la fondation. Maintenant, nous sommes ouverts à tous les Burkinabè et l’appareil est préparé et prêt à accueillir aussi bien ceux qui sont déjà engagés en politique que ceux qui veulent commencer à s’y engager.

 

Vous êtes loin d’être un indigent mais un parti politique, c’est cher à faire tourner ;  sans compter le coût d’une campagne électorale. Qui vous finance ? Comment « Soleil d’avenir » va-t-il financer ses ambitions ?

 

Il a les moyens de sa politique et fera la politique de ses ambitions. J’ai été le porteur du projet jusqu’à l’officialisation. A partir de maintenant, nous entrons dans le schéma de financement normal des formations politiques. Le financement sera essentiellement assuré par la pertinence des idées et réformes que nous soutenons et par nos partenariats.  Une autre façon, une façon saine, une façon vraie, une façon pure, une façon paisible de faire la politique existe et c’est celle que nous avons choisie.

 

 

Vous dites que votre parti est bâti sur un dualisme idéologique. N’êtes-vous pas tout simplement un centriste ?

 

Le dualisme idéologique est différent du centrisme. Le centrisme est une dilution, le dualisme idéologique est une conjonction. Il fait une conjonction des meilleures solutions libérales et des meilleures solutions socialistes pour des questions choisies et précisées. Notre idéologie permet donc de mobiliser les meilleures ressources du libéralisme et les meilleures ressources du socialisme pour chercher le bonheur du Burkina Faso.

 

Vous promettez, si vous êtes élu, de gouverner avec seulement 13 ministres, soit un par région. Concrètement comment cela peut-il se faire et est-ce que ça ne s’apparente  pas à du régionalisme qui est pourtant banni par la Constitution ?

 

C’est possible, c’est plausible et c’est mieux dans notre Pays. D’abord le nombre 13 provient du nombre de régions dans notre Pays. L’idée ici est que dans notre vision, aucun Burkinabè ni aucun endroit du Burkina Faso ne doit se sentir exclu de  la gouvernance du pays. C’est ce que nous appelons « équilibre gouvernantiel ». Lorsque la gouvernance du pays est déséquilibrée, comme elle l’est maintenant et comme elle l’a été, et que des catégories sociales ou des zones géographiques se sentent discriminées et exclues, vous ne pouvez avoir ni paix sociale, ni cohésion politique, si stabilité, ni sécurité. Notre vision et notre solution règlent l’ensemble des problèmes de haine politique, de vengeance politique, d’autodestruction politique et d’autoneutralisation économique.

Ensuite,  un gouvernement réduit à 13 ministres permet d’accepter ce que le peuple demande depuis longtemps aux gouvernants sans succès, à savoir la réduction du train de vie de l’Etat. Le gouvernement coûte trop cher au lieu de lutter contre la vie chère. Vous savez très bien qu’il y a des pays qui prospèrent avec moins de 13 ministres; 7 exactement pour la Suisse, qui est loin d’être un pays pauvre. Vous savez aussi que dans notre histoire politique nous avons déjà  eu des gouvernements resserrés. Sous la IIe République par exemple avec le chef de l’Etat Lamizana, la Constitution limitait le nombre de ministres à 15 pour mieux relancer la prospérité économique et mieux assurer la gouvernance politique. Vous voyez que c’est possible. Nous voulons faire mieux encore. Ce n’est pas démagogique. Personnellement, je tiens la démagogie en horreur. Nous sommes vrais.  Par ailleurs, disposer ainsi n’est pas du régionalisme. Le régionalisme, c’est lorsqu’on privilégie une région aux autres, mais pas lorsqu’on pense que toutes les régions, toutes les parties du pays et toutes les catégories de personnes doivent se sentir représentées, prises en compte et prises en charge dans les organes de gouvernance nationale. Cela s’appelle de la concordance, qui est un mode de gouvernance que je défends. Autrement, gouverner sans les autres, comme on le fait aujourd’hui, s’appelle de l’exclusion, de la stigmatisation, de la discrimination et cela finit toujours par poser problème. Il faut anticiper et éviter ces problèmes par la formule que nous proposons. C’est la meilleure façon de gouverner une société paisiblement et efficacement.

 

« On ne s’amuse pas avec les chefs traditionnels ». Ce sont vos propos lors de l’annonce officielle de votre candidature. Quelle place pour les chefs traditionnels dans le Burkina du Pr Soma ?

 

Sincèrement, je trouve dans les chefs traditionnels des ressources de premier ordre pour notre programme moral et de paix sociale. Leur autorité et leurs valeurs permettront d’appliquer les mesures de moralisation de la vie publique et de promotion du civisme. Ils sont donc pour nous des partenaires privilégiés. Toutefois, je dois préciser que je n’ai pas de la chefferie traditionnelle la vision restreinte qui semble s’imposer actuellement. Pour moi, tout chef traditionnel est chef traditionnel et tous doivent être traités et honorés de la même façon sur toute l’étendue du territoire. C’est à ce prix qu’ils nous seront tous utiles. Mon Burkina Faso est un Burkina Faso de « tous ensemble, tous concernés, tous à l’aise ». Les chefs traditionnels seront donc pris en compte dans l’organisation institutionnelle officielle de l’Etat.

 

Quel sera votre premier acte majeur si vous accédez aux plus hautes fonctions ?

 

Je ne peux pas et je ne veux pas entrer dans les détails de mon programme politique de mesures concrètes en ce moment. Ma préoccupation actuelle est de communiquer pour faire comprendre le sens de mon engagement politique, de ma vision et de mes visées politiques. J’ai prévu de dérouler les mesures concrètes du programme stratégiquement un peu plus tard. Toutefois, je peux vous annoncer  une des mesures concrètes programmée: sous ma présidence, et par principe, l’Etat accordera la bourse à tous les élèves et étudiants du CP1 jusqu’au doctorat. Je tiens à cette mesure, qui permet d’atteindre de nombreux objectifs et qui peut bénéficier à la totalité des Burkinabè. Je garde pour l’instant les détails  pratiques et les procédés techniques de réalisation concrète. J’ai une vision utile de la politique. La politique sert à servir. Le service doit être concrètement ressenti, reçu et vécu par la population. Rien ne sert de parler de croissance, d’émergence ou de développement sans impact sur la vie quotidienne des gens.

 

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle du Burkina ?

 

J’ai déjà dit que la situation actuelle de notre Pays ne me plaisait pas. Toutefois, je suis moins porté sur du conjoncturel que sur du structurel; moins sur du personnel que sur de l’institutionnel.

Pour moi, c’est la structure même de notre organisation et de notre gouvernance nationales qu’il faut réformer. Quand les choses sont mal calibrées, même un bon dirigeant ne peut pas faire sentir son efficacité. C’est pourquoi nous apportons la solution de « l’équilibre gouvernantiel », qui est une sorte de gouvernance concertée et de concordance. C’est un ingrédient indispensable à l’amélioration de la situation du Faso. Ça peut être par moi ou par un autre leader, maintenant ou après, mais j’ai la ferme conviction que tant que les choses ne seront pas organisées ainsi, tant que tous ne se sentiront pas unis, concernés et pris en compte dans les choses publiques, le pays restera à la croisée des chemins. Il n’avancera pas et aucun de nous ne sera à l’aise.

 

Quel sera votre remède pour venir à bout du fléau terroriste qui endeuille le pays depuis 2015 ?

 

Un problème se règle décisivement de deux façons: soit en neutralisant ses racines, sa cause; soit en traitant massivement ses conséquences. D’une part, au Burkina Faso, nous n’avons même pas commencé à traiter les causes du problème de terrorisme qui, pour moi, se trouvent dans le déséquilibre structurel du mode de gouvernance. Notre vision « d’équilibre gouvernantiel » en est la bonne solution et je préfère la solution par les causes. D’autre part, nous n’arrivons pas à traiter les conséquences, qui sont les attentats terroristes avec leurs cortèges de morts, de blessés et de peur sociale. Je dois ici m’incliner devant la mémoire des personnes tuées par ces actes. Que paix soit à leur âme! Je souhaite meilleur et prompt rétablissement à chaque blessé. Je félicite et encourage les FDS dans leur ardeur au combat au front. Ces souhaits n’ont de plein sens que si nous envisageons des solutions crédibles. Pour l’instant, on attend. La solution par les conséquences qui amène à lutter militairement contre les terroristes exige, pour son efficacité, une massivité de moyens humains et logistiques qui puissent déborder incomparablement ceux des terroristes. C’est difficile en ce moment pour notre pays. A « Soleil d’avenir », nous envisageons un traitement structurel par les causes et une élimination conjoncturelle des conséquences.

 

Vous occupiez précédemment le poste de directeur de cabinet du Médiateur du Faso et vous avez été débarqué au bout de sept mois ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

 

Tout en vous laissant le choix des mots de la question, j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer que ce n’était pas à moi d’en donner les raisons. A partir du moment où la décision ne mentionne pas la raison, la raison se trouve chez autrui et je ne peux ni l’imaginer, ni l’inventer. Pour ma part, j’ai remercié et salué l’expérience qu’il m’a été permis d’acquérir et la connaissance de certains gros dossiers de la République. J’ai une ambition et une vision pour mon pays, qui ne me laissent pas le temps de m’attarder sur des choses de moindre importance pour le peuple.

 

Vos ambitions politiques ne sont-elles pas la cause de votre limogeage ?

 

Si ça devait être cela la cause, je dois préciser que mon ambition, ma vision et mes visées politiques pour mon pays ne se transigent pas. Je veux gouverner ce pays. Je propose une toute autre manière de gouverner. J’ai la conviction de la qualité de mon apport.

 

Quels liens entretenez-vous avec l’ancien Premier ministre Isaac Zida dont vous avez été le conseiller spécial sous la Transition

 

J’ai connu l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida après l’insurrection. Je l’ai vu et rencontré pour la première fois en novembre 2014, quand il avait déjà pris le pouvoir et assurait la gestion de la phase pré-transition. Il m’a fait appeler de par ses contacts pour venir aider au retour à l’ordre constitutionnel normal. Je n’étais pas prêt à l’action politique, mais le pays était en instabilité et en danger et je ne pouvais refuser de servir. J’y ai apporté ce que j’ai pu, notamment sur l’ingénierie constitutionnelle de rétablissement  de l’ordre normal. Après, il m’a été demandé de continuer à aider à un haut niveau en tant que conseiller spécial, avec pour mission stratégique les réformes constitutionnelles. J’ai accepté et j’ai apporté mon expertise en toute objectivité et en toute loyauté. Nous avons travaillé normalement ensemble sous la transition. La transition n’était ni un régime partisan, ni un régime militaire, c’est pourquoi j’ai été heureux et honoré d’y avoir contribué. A la fin de la transition, il est parti à l’extérieur et mes fonctions étaient terminées au premier ministère. J’ai donc eu avec Yacouba Isaac Zida des rapports professionnels dans le cadre des nécessités nationales. Nos rapports n’ont pas évolué plus que ça.

 

Vous n’excluez pas de lui faire appel dans l’intérêt du Burkina. Mais que faites-vous des nombreuses casseroles qu’on l’accuse de  traîner ?

 

Je le confirme. Quand je vais être élu Président du Faso, assumant les fonctions de chef de l’Etat, s’il y va objectivement et manifestement de l’intérêt supérieur de notre Nation de faire intervenir un Burkinabè quelconque, qu’il s’appelle Yacouba Isaac Zida ou autre, je prendrai la responsabilité de le faire. Je viens en politique pour concourir à régler des problèmes concrets pour le mieux-être de notre Nation. J’ai de la politique une vision pragmatique. Je sais aussi qu’il faut utiliser toutes les énergies saines pour faire tourner le moteur du développement d’un Etat. Je prendrai les mesures qui garantissent notre progrès. Cela n’empêche pas que si quelqu’un doit répondre à la justice pour des raisons objectives, cela se fasse dans la rigueur de nos lois et règlements. La justice est pour moi un maillon important de la rectitude que je veux instaurer.

 

D’aucuns ont vu dans vos déclarations une preuve que vous êtes peut-être un faire-valoir de Zida.

 

Je comprends. On a l’habitude de la création commanditée de partis politiques. On a l’habitude de l’engagement politique télécommandé de la jeunesse. Il faut que ça se termine une fois, et c’est maintenant. Mon engagement politique est autonome, conscient, libre et personnel, et je veux être jugé sur paroles, sur actes et sur pièces, pas sur supputations ou suppositions. J’ai annoncé mon ambition politique dans une interview publique depuis 2011. Depuis ce temps, j’ai été en réflexion, en préparation et en maturation. Je suis prêt à gouverner maintenant. J’ai connu Yacouba Isaac Zida en 2014. Les gens comprendront qu’il ne peut pas être à la base de mon engagement politique annoncé plusieurs années avant qu’on ne se connaisse. J’ai laissé ouverts tous modes de concertation ou de collaboration avec tout parti ou formation politique, tout leader ou homme politique.  Mais le « Soleil d’avenir » veut conquérir et exercer le pouvoir politique d’Etat et je veux être Président du Faso, chef de l’Etat. Il n’y a pas d’autre façon de le faire que d’y aller directement soi-même. Les schémas de faire-valoir sont possibles pour ceux qui n’ont pas pareille ambition.

 

Dites-nous sincèrement ce que vous  pensez  des personnalités suivantes :

 

Roch Marc Christian Kaboré

Le Président Kaboré est concordant et c’est bon en politique.

Zéphirin Diabré

Zeph, comme on l’appelle affectueusement, est un homme d’Etat qui inspire.

Luc Marius Ibriga

Un patriote à fleur de peau.

Kadré Désiré Ouédraogo

Une longue absence regrettable pour la Nation. Il aurait dû servir plus tôt et plus haut.

Eddie Komboïgo

Un expert-comptable de référence, comme il y en a très peu.

Yacouba Isaac Zida

Je lui reconnais le mérite d’avoir joué un grand rôle pour la Nation, de sa brusque et brève expérience politique.

Chérif Sy

Un grand frère, avec qui je n’ai eu que des relations à distance. J’apprécie son engagement patriotique au service de la Nation.

Saran Sérémé

Ma sœur Saran a une haute idée d’elle-même, ce qui est un bon ingrédient de leadership.

Gilbert Diendéré

Diendéré s’est démythifié et s’est désactivé par erreur.

Djibril Bassolé

Djibril m’inspire de la compassion.

En somme, je les respecte. Je les remercie et les félicite pour tout ce qu’ils ont donné ou donnent encore à cette Nation. Ce sont des aînés qui peuvent beaucoup aider ce pays et je compte sur leur expérience et sur leur expertise pour régler certains problèmes quand j’accéderai à la magistrature suprême. J’ai de la politique et du Burkina Faso une vision d’ensemble, une vision de vivre-ensemble, une vision de faire ensemble, une vision de se réjouir ensemble. J’irai jusqu’au bout de ce rêve d’avenir commun.

 

Interview réalisée par Hugues Richard Sama

Dernière modification lejeudi, 20 juin 2019 20:41

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