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Journée mondiale des réfugiés à Dori: Dans l’inextricable crise sécuritaire

La Journée mondiale des réfugiés est célébrée chaque année le 20 juin. Au Burkina Faso, la commémoration a eu lieu le mardi 18 juin 2019 à Dori. En prélude à cette manifestation, Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, a effectué un déplacement dans la région où il a visité le camp de réfugiés de Goudébo. C’était le 17 juin 2019.

 

 

Le village de Goudébo est situé à 18 km au nord de la ville de Dori. C’est un camp bien sécurisé et les mesures dans ce sens ont été renforcées. Ce refuge, qui depuis son ouverture en 2012 était un havre de paix, a été la cible d’une attaque terroriste en avril 2019 qui s’était soldée par la mort d’un élément des FDS (Forces de défense et de sécurité). A l’approche de ce lieu d’accueil des réfugiés maliens, nous apercevons des tentes de couleur blanche à perte de vue dans un environnement parsemé d’arbustes épineux et rabougris propres à la terre sablonneuse du Sahel. Aujourd’hui, le camp héberge 8 000 réfugiés selon les chiffres donnés par le HCR (Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés). La présentation du camp à la délégation ministérielle a débuté par des échanges avec les FDS en poste qui assurent la quiétude des lieux, puis s’est poursuivie par une visite guidée des services sociaux de base tels l’école primaire, qui compte plus d’un millier d’élèves, et le centre médical, qui bénéficie d’un équipement satisfaisant.

La situation sécuritaire, qui s’est dégradée au Burkina Faso et particulièrement dans la zone du Sahel, est préoccupante, et Ag Mohammed Wanadine, président du comité directeur des réfugiés de Goudébo, l’a souligné, s’adressant à Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères : «La situation sécuritaire que nous vivons aujourd’hui en asile est presque similaire à celle que vit le Mali, ce qui motive notre plaidoyer auprès de vous pour des solutions durables, plus adaptées à notre sécurité et à celle de nos biens, au regard du contexte actuel. Vu la durée de notre séjour, les fonds diminuent considérablement, car notre crise n’est plus actuelle pour les bailleurs de fonds et donateurs. En outre, la situation d’état d’urgence en vigueur se traduit par la limitation de nos déplacements, l’inaccessibilité de la zone où se trouvent nos troupeaux, première source de revenus. Pour le représentant des réfugiés, le renforcement des activités d’autonomisation des locataires du camp est à entreprendre.  Il a appelé à un soutien financier conséquent pour des initiatives dans l’élevage, l’agriculture, le maraîchage, l’artisanat et la micro-entreprise».

Selon Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères, «la présence des réfugiés dans le camp est l’un des aspects visibles de la crise que vit le Sahel. C’est une crise qui a commencé par des rébellions, qui s’est transformée en terrorisme et qui a gagné plusieurs pays de la zone, y compris le Burkina Faso. Nous sommes venus ici pour être de cœur avec les réfugiés, avoir une pensée pour les nombreux déplacés burkinabè qui sont internes à notre pays et dire que chacun de nous doit travailler à la paix». Il a appelé à une collaboration des réfugiés ainsi que de la population locale avec les FDS pour faire face au terrorisme. Le premier responsable de la diplomatie burkinabè a en outre exprimé sa gratitude et ses encouragements au HCR, aux ONG et à la CONAREF qui travaillent sur le terrain pour l’accompagnement des réfugiés. Il a également souligné la parfaite intégration du camp dans la vie de la localité, car l’école et la structure sanitaire du camp profitent aussi bien aux réfugiés qu’aux populations de Goudebo qui, par ailleurs, partagent leurs champs avec les hôtes.

Après Goudebo, le cortège ministériel s’est ébranlé avec pour destination un domicile accueillant des déplacés internes dans un des quartiers de la ville de Dori. Alpha Barry s’y est entretenu avec les déplacés, qui ont expliqué ce qui les a poussés à quitter leurs lieux de résidence. 

Notons que, selon les données du CONASUR (Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation), la principale structure en charge des déplacés internes, à Dori, ils se chiffrent à plus de 2000 à la date du 19 mai 2019. La plupart d’entre eux sont originaires d’Arbinda et d’autres régions de la province du Soum et sont accueillis dans des familles hôtes.

 

 

Dieudonné Ouédraogo

 

Encadré

Visite de la foire organisée pour les réfugiés

 

Avant de présider la cérémonie commémorative de la Journée mondiale des réfugiés, célébrée le 18 juin au pays des hommes intègres, Alpha Barry a rendu une visite de courtoisie à chacun des leaders de la région du Sahel résidant à Dori. Il est ainsi tour à tour passé chez l’émir, chez l’évêque et chez l’iman avec qui il a abordé le thème du vivre-ensemble et de la cohésion sociale. Il leur a transmis les remerciements du président du Faso pour leurs actions et prières en faveur de la paix.

Les réfugiés maliens sont internés dans un camp d’accueil où ils ne sont pas assis les bras croisés, attendant la manne onusienne. Ils mènent des activités qui leur rapportent de l’argent dans l’agriculture, l’élevage,  l’artisanat et la microentreprise. Une cérémonie marquée par des chants et des danses des réfugiés a donné des couleurs aux festivités. Après la cérémonie d’ouverture,  le public a été convié à la foire organisée par le HCR et la ville de Dori pour les locataires du camp de Goudébo, qui avaient de quoi exposer. Les riverains n’avaient jamais vu des réfugiés en si grand nombre, et  pour la fête, la ville leur a ouvert son plus grand espace public. Y étaient exposés des produits artisanaux, des produits laitiers, du savon, du détergent et des articles de consommation courante vendus habituellement dans le camp. Selon Loli Kimyaci, représentante du HCR au Burkina Faso, «le pays accueille plus de 25 000 réfugiés sur son territoire, dont la plupart sont des Maliens. Leur vulnérabilité s’est exacerbée et des solutions doivent être trouvées pour leur permettre de reconstruire leurs vies». Pour elle, la foire est tout un symbole en cette journée où nous célébrons le courage et la résilience de ces populations qui ont quitté leur pays depuis maintenant 7 ans pour trouver refuge ici.  Leur situation peut arriver à tous et c’est pour cela que ça nous concerne tous. Mme Kimyaci a également indiqué qu’il y a 15 000 Burkinabè en quête de paix qui ont trouvé refuge dans les pays voisins, y compris le Mali. Des prix et attestations ont été remis aux réfugiés, dont les initiatives de production ont mérité l’encouragement des organisateurs de la foire. 

OD

 

 

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