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Une lettre pour Laye : Retour à la case «Blaise Compaoré» pour Bassolet

 

 

Cher Wambi,

 

Tu ne le sais que trop, pendant l’hivernage, j’introduis toujours ma lettre par la situation pluviométrique hebdomadaire enregistrée dans les principales stations météorologiques du pays. Pour ce qui est de la semaine du jeudi 20 au mercredi 26 juin 2019, voici les quantités d’eau recueillies : Dori  : 0 mm ; Ouahigouya : 22,5 mm ; Ouagadougou-aéro : 20,5 mm ; Dédougou : 57,7 mm ; Fada N’Gourma : 33,7 mm ; Bobo-Dioulasso : 41,2 mm ; Boromo : 40 mm ; Pô : 30,1 mm ; Gaoua : 66,8 mm ; Bogandé : 5,9 mm.

 

 

 

 

Cher Wambi, la géomancie, tu sais bien ce que sait, même si tu ignores le nom savant par lequel on désigne la chose.

 

C’est une technique divinatoire fondée sur l’observation de figures tracées au sol. La pratique est surtout généralisée chez les Gulmanceba, Gourmantchés si tu veux. Chez eux, à ce qu’on dit, du plus grand au plus petit, lettré ou illettré, on tape le sable, comme on dit, chaque matin avant de commencer la journée.

 

Pratique magico-mystique ? Calculs de probabilités ?  Technique combinatoire de gens qui en savent beaucoup sur la nature et ses lois ?

 

Bref, cher cousin, je me suis demandé si dans tout ça il n’y a pas un certain fond de rationalité qui gagnerait à être connu.

 

Un de nos grands universitaires gulmanceba bon teint, en l’occurrence le professeur Taladidia Thiombiano, vient de lever un coin du voile à travers un ouvrage dont le titre  est : « Recherche sur les principes mathématiques de la géomancie : les Gulmanceba, mathématiciens ou sorciers ? ».

 

La dédicace en a eu lieu hier jeudi 27 juin 2019 à l’IFREAT.

 

Nous y reviendrons. Mais en attendant, sache que l’IFREAT, c’est l’Institut de formation et de recherche en économie appliquée T. Thiombiano.

 

 

 

Cher Wambi, alors que l’Est continue de baigner dans une relative tranquillité due à la mesure de ratissage appelée « Opération Otapuanu », le Sahel, le Nord et le Centre-Nord continuent d’être le théâtre d’attaques terroristes, les unes aussi meurtrières que les autres. Comme si leurs auteurs, telles de mauvaises herbes coriaces, ont la racine dure face à « Ndoofu » (déraciner en fulfuldé) du nom de cette autre opération militaire en cours dans cette partie du Burkina.

 

En effet, ce mois de juin y aura été particulièrement infernal pour les populations locales, qui ne savent plus sous quels cieux se mettre à l’abri.

 

Tiens-toi bien, cher cousin, depuis une semaine, les groupes terroristes semblent en terrain conquis tant la récurrence des exactions donne le tournis.

 

J’en veux pour preuve le massacre de 17 personnes à Béléhédé (Tongomayel) le 18 juin dernier, l’assassinat de 15 autres à Barsalogho, soit 13 à Sagho et 2 à Toékodo, le 22 du même mois, l’embuscade meurtrière contre une équipe de la gendarmerie sur le tronçon Gorgadji-Arbinda au cours de laquelle 2 gendarmes ont perdu la vie et un autre a été blessé, et pas plus tard que le lendemain 25 juin, le fait que deux personnes, dont le chef du village de Guibga, ont été tuées à Pissila et un koglweogo et son fils enlevés à Kiemna-Yarcé.

 

L’enchaînement sanglant de ces derniers événements en date a provoqué un exode massif de populations dont a fait cas le journal de ton oncle Nakibeuogo dans sa livraison du jeudi 27 juin 2019.  De nouvelles vagues de déplacés internes donc qui viennent s’ajouter à celles enregistrées depuis quelque temps. A cette allure, il faut craindre un drame humanitaire avec ses pauvres hères condamnés à fuir leurs villages par tous les moyens vers d’autres localités, comme Ouagadougou, où leur prise en charge laisse encore à désirer. 

 

Sachant la perfidie qui a toujours sous-tendu le mode opératoire de ces hommes sans foi ni loi, il faut ouvrir l’œil et le bon de peur que des terroristes se dissimulent dans cette foultitude de déplacés internes pour commettre des actions autrement plus sanglantes.

 

Malgré «l’Opération Ndoofu», la situation dans la zone concernée n’est guère reluisante.

 

Cher Wambi, « qu’est-ce qui ne va donc pas ?» est-on tenté de demander. Problème de moyens matériels ? Inefficacité du système de renseignement ?

 

Je ne sais pas si, en  écrivant tout ça, je contribue à démoraliser la troupe, comme le pense le gouvernement, qui vient de durcir le Code pénal dans ses dispositions relatives à la publication d’articles sur la lutte contre le terrorisme.

 

En tout  cas, en attendant que la nouvelle  loi soit promulguée par le chef de l’Etat, si ce n’est déjà fait, pareils écrits pourraient me conduire droit à la MACO et me coûter une forte amende.

 

Mais passons pour dire qu’à la décharge de nos FDS, leur mission dans cette zone est d’autant plus difficile que les régions du Sahel, du Nord et du Centre-Nord sont adossées à la ligne de front, c’est-à-dire à la frontière avec le Mali d’où est parti le péril sécuritaire.

 

 

 

 Cher Wambi, il semble que j’en fais trop au sujet de la santé du général Djibril Bassolet. Et certains n’hésitent pas, dans un accès de populisme et de démagogie, à se demander pourquoi parler du cas de l’ancien chef de la diplomatie burkinabè alors que nos prisons sont pleines de malades qui ont droit eux aussi à des soins adéquats.

 

Embastillé ou pas, tout homme a droit à la santé quel que soit son rang social. Et parler et reparler de la question de l’évacuation de Bassolet ne remet nullement en cause ce principe fondamental. Bien au contraire.

 

Si l’urgence du cas du général de gendarmerie continue d’être soulevée par bon nombre de personnes et de médias, c’est parce que l’intéressé ne demande qu’une simple autorisation de se rendre à l’étranger  pour mieux se faire traiter à ses propres frais. Quitte à la justice, devant laquelle il est poursuivi pour son implication présumée dans le putsch manqué du 16 septembre 2015, de prendre toutes les dispositions nécessaires afin qu’il revienne subir la sentence prononcée contre lui s’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés.

 

De retour, dans des circonstances troublantes, d’Hammamet en Tunisie où il avait été évacué pour une prise en charge de la substance gélatineuse du péritoine qui le ronge, Bassolet devait immédiatement être évacué en Turquie selon un accord avec les autorités compétentes de son pays, avait-on appris de sources sûres proches du dossier.

 

Mais depuis, il est toujours assigné à résidence et ronge son frein autant que la maladie le ronge. On ne sait si l’illustre patient a changé d’attitude, mais il faisait la grève du médicament pour, dit-on, ne pas entrer dans le jeu de certains.

 

Mais voilà que, depuis mercredi nuit, il a été conduit d’urgence au CHU de Tengandogo (anciennement hôpital Blaise Compaoré) pour de violents maux de ventre.

 

Son état s’est-il subitement dégradé au point qu’il a daigné suivre un traitement sur place par principe de précaution ?

 

Cher Wambi, je reste sur le cas Bassolet pour te rappeler que le parquet militaire a requis contre lui et le général Gilbert Diendieré, les deux cerveaux présumés du coup d’Etat manqué, la perpétuité, c’est-à-dire la prison à vie. Alors si l’officier général de gendarmerie, à Dieu ne plaise,  venait à passer l’arme à gauche, je ne sais pas si on irait enchaîner sa tombe.

 

 

 

Cher Wambi,  comme tu l’as sans nul doute appris, en mai dernier, le conseil municipal de Ouagadougou a pris un arrêté portant réglementation de la circulation des poids lourds dans la capitale. Mais jugé très restrictive par les transporteurs qui ont observé un mouvement d’humeur à travers des blocages des voies, la mesure a été modifiée.

 

Ainsi donc, au lieu de 22h à 5h du matin, les camions concernés sont désormais  autorisés à rouler entre 10h et 5h30. Mais force est de constater que l’incivisme a la peau dure dans ce pays où bien des gens ne reconnaissent au-dessus d’eux  l’autorité de rien ni de personne. Chaque jour que Dieu fait, on rencontre ces mastodontes qui continuent de braver ces interdictions avec tout ce que cela entraîne comme accidents mortels dans la cité.

 

C’est pourquoi, cher cousin, nous devons nous faire l’obligation d’encourager le maire Armand Béouindé et son équipe à tenir bon et à ne jamais céder à la résignation. Certes, la tâche ne sera pas aisée, mais tenez bon, Monsieur le Maire ! Car depuis quelque temps, on constate néanmoins une certaine fluidité dans la circulation due à l’entrée en vigueur de l’arrêté.

 

Les conducteurs de gros-porteurs gagneraient à se soumettre à la mesure puisque, tout compte fait, ils en ressentiront les effets bénéfiques en matière de réduction du temps de parcours et du nombre de collisions dans lesquelles ils sont impliqués.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Les lundi 17 et mardi 18 juin 2019 dans le village de Diaraba-koko, localité située à quelques km de Banfora sur l'axe Banfora-Niangoloko, une dizaine de jeunes, proférant des menaces et armés de machettes, ont saccagé toutes les bornes et détruit les clôtures d’une ferme  biologique qui se voudrait à l'avenir une ferme école reconnue par l’INERA.

 

Selon des sources concordantes, les vandales auraient agi sur l’instigation de certaines notabilités locales qui vivraient mal ce qu’elles  considèrent comme un accaparement des terres par des étrangers.   

 

Suite à une  plainte déposée par les propriétaires de la ferme, la  brigade territoriale de Gendarmerie de Banfora a entendu plusieurs personnes dont  le chef de village,  les deux conseillers  et des auteurs du saccage.

 

 

 

- L’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de la République du Tchad, le Pr Benoît Kambou, est décédé de suite de maladie le 11 juin 2019 à Ouagadougou au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tengandogo, ex-hôpital Blaise Compaoré. Ce défunt professeur de Droit a longtemps servi à l’université de Ouagadougou en qualité d’enseignant-chercheur. Après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le putsch manqué  de septembre 2015, l’Etat a mis en place le Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). Et c’est le Pr Kambou qui a été le premier à présider cette institution. Suite à la fronde d’une partie des conseillers, il avait démissionné en septembre 2017 pour rebondir en janvier 2018 comme ambassadeur du Burkina Faso au Tchad, le pays d’Idriss Déby Itno.

 

A la mort de Benoît Kambou, on se rappelle, le programme des obsèques prévoyait, entre autres, des hommages dans la journée du samedi 15 juin. La dépouille mortelle était attendue successivement au ministère des Affaires étrangères à 07h, à l’université de Ouaga à 08h et au HCRUN à 09h. Mais curieusement, l’étape du HCRUN a été biffée. Il semble que cette dernière structure aurait fait savoir aux autorités qu’elle ne souhaitait pas accueillir la dépouille.

 

Une attitude curieuse, mais qui peut se comprendre quand on sait que le Pr Kambou avait quitté cette institution dans des conditions houleuses. Malgré tout, pour une structure qui fait de la réconciliation son credo cela laisse perplexe. Car si le HCRUN ne pardonne pas, même au mort, sera-t-il capable de jouer son rôle dans la réconciliation des filles et fils du Burkina Faso ? La question mérite d’être posée.

 

 

 

- A l’unanimité, les Burkinabè ont reconnu que les épreuves du Certificat d’études primaire (CEP) session 2019 étaient d’un niveau très élevé en comparaison  de celles des années précédentes. Du coup, on pressentait la catastrophe dans les résultats. Et de fait, si de nombreuses écoles ont pu réaliser 100% de succès, il y a de nombreuses autres qui ont réussi à n’avoir  que 0% d’admis. Çà et là, partout sur le territoire national, les résultats sont médiocres par rapport aux standards auxquels les élèves du CM2 nous avaient habitués jusque-là. Des écoles qui ont réalisé 0%, il y en a partout, même dans la région du Centre, mais c’est surtout dans les régions confrontées, plus ou moins, aux attaques terroristes que ces écoles sont les plus nombreuses. Il est vrai que le contexte sécuritaire n’a pas permis une scolarité normale dans ces zones où les établissements ont souvent été fermés au cours de l’année scolaire.

 

Mais en réalité, il n’y a pas qu’au CEP que le taux de succès a baissé, même au Brevet d’études du premier cycle (BEPC), c’est la même catastrophe un peu partout mais principalement dans les zones à la lisière du front terroriste. Et si la région du Centre-Nord,  avec pour chef-lieu Kaya, se trouve à la queue dans le classement du BEPC, ce n’est sans doute pas un hasard puisque des contrées entières de cette région sont quotidiennement attaquées par les terroristes.

 

En vérité, la donne de l’insécurité n’explique pas tout, car des zones « secures » ne font pas beaucoup mieux en matière de performances dans les résultats scolaires. C’est dire que c’est partout au Burkina Faso qu’on doit se retrousser les manches pour la cause de l’école.

 

 

 

- Au Burkina Faso et même dans l’Afrique tout entière, le coton est toujours cultivé et exploité de façon coloniale sans une grande transformation pour avoir de la valeur ajoutée, avait déclaré une fois le Pr Joseph Ki-Zerbo dans une émission télévisée. Et il n’a pas tort puisque 95% du coton de notre pays est exporté brut. Mais aujourd’hui, il se pourrait que les choses changent. En effet, il se susurre que des entreprises indienne, chinoise et japonaise veulent investir dans la transformation sur place de l’or blanc. C’est ainsi que, d’ici début 2020, le groupe indien Jain Shawis devrait relancer Faso Fani à Koudougou ; le groupe chinois Orient international holding, lui, discute avec les autorités pour installer un parc industriel du textile à Bobo-Dioulasso ; de son côté, le groupe japonais Marubeni Corp prépare également l’implantation d’une filature à Koudougou. On se rappelle que ce groupe avait signé en mai 2018 un mémorandum dans ce sens avec le gouvernement.

 

 

 

- La capitale du royaume de Boussouma sera en effervescence ce samedi 29 juin 2019. La raison de cela : sa Majesté le Dima Naaba Sonré intronisera une quarantaine de chefs coutumiers. Parmi les prétendants, on peut citer le successeur du défunt chef de Soubeira, un des douze cantons du royaume. Cinq chefs peulh seront aussi intronisés à cette occasion. Cela témoigne de la parfaite harmonie qui a existé et continue d’exister entre les différentes communautés qui vivent au Burkina Faso. La grande attraction du rendez-vous de Boussouma sera l’intronisation du Poé-Naaba, le ministre de la Justice du royaume par la pogkièma, entendez par là la première femme du Dima.

 

 

 

- Débutée depuis le dimanche 23 juin sous le thème : « Avec le Christ, vivons la communion avec nos communautés», la semaine de la communion et de la fête patronale de la paroisse Notre-Dame des Apôtres de la Patte-d’Oie se poursuit ce week-end selon le programme suivant :

 

-                Samedi 29 juin : après le cross populaire dont le départ sera donné à 7h devant la paroisse, il sera procédé à la remise d’actes de mariage civil et de dons aux mariés. Dans l’après-midi, se tiendra à 15h un match féminin interethnique en guise de levée de rideaux de la finale de la coupe du curé sur le terrain de la CCB Sainte Rita. Dans la nuit, à partir de 20h, interviendra la nuit des chorales.

 

-                Dimanche 30 juin : A la messe d’action de grâce suivront une kermesse assurée par l’AFC, un concours d’art culinaire et une opération de don de sang.

 

 

 

- L’édition 2019 des Universités d’été de la communication se tiendra ce dimanche 30 juin à partir de 10h à Kaya dans la salle de réunion de l’auberge W sous le thème : «TIC et art oratoire». Organisée chaque année par le directeur de publication du journal en ligne www.lesoleil.bf, la manifestation regroupe les journalistes de la Rédaction de «Le Soleil» et d’autres confrères de la localité hôte.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 30 juin 2019 20:49

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