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Djongolo-Sitiéna (Banfora) : Un litige foncier fait 6 morts et plusieurs blessés

Un conflit foncier a éclaté ce 29 juin 2019 entre les villages de Djongolo et de Sitiéna, dans la commune de Banfora. Il a fait 6 morts et plusieurs blessés qui étaient en soins intensifs au Centre hospitalier régional (CHR) de Banfora, dont 3 évacués à l’hôpital Souro Sanon de Bobo-Dioulasso. Des témoins signalent par ailleurs d’importants dégâts matériels avec des maisons incendiées.

 

 

L’état des blessés aux urgences médicales du CHR de Banfora dénotait la violence des affrontements. Des têtes bandées et ensanglantées attendant des soins appropriés ; des entailles au coupe-coupe visibles sur des victimes ; des regards hagards signes du traumatisme ; des agents de santé visiblement débordés allant de salle en salle pour sauver ces vies. Le spectacle était effroyable vers 15h en cette soirée du 29 juin 2019. Les parents des victimes accourus étaient, eux, dans l’inquiétude, un jeune homme retenant difficilement ses larmes, son frère faisant partie des blessés. Il était visiblement le plus touché par ces violences. La douleur était simplement indescriptible chez ces proches issus des deux localités et qui ont bravé le danger pour transporter leurs proches au CHR, la plupart sur des motos.

 

Selon ces témoins, l’affrontement s’est déclenché vers 12h. Suite à un litige foncier datant déjà de 2 ans, l’irréparable s’est produit. « Nos gens sont partis pour labourer la rizière et des gens sont venus nous dire qu’il y a des affrontements », dira Amidou Tou, originaire de Sitiéna, qui a expliqué avoir pu secourir une de ses connaissances au péril de sa vie. Couvert du sang de la victime, il a dit s’être rendu sur les lieux pour apaiser la tension. « Mais nous tous qui demandions pardon avons reçu des projectiles », regrette-t-il. Au dire de ce dernier, les belligérants étaient armés de lance-pierres, de coupe-coupe et autres armes blanches.

 

Le fond du problème qui a dégénéré porte sur, une terre litigieuse. « Les gens de Djongolo disent que c’est la leur et ceux de Sitiéna aussi disent que c’est leur terre», explique M. Tou qui ajoute que les autorités avaient demandé qu’ils travaillent côte à côte en attendant une solution.

 

« Cette terre appartient à nos anciens. J’avais attaché mes bœufs et je labourais. Des gens sont arrivés avec des coupe-coupe et ont coupé les cordes des bœufs qui ont pris une destination inconnue. Ils ont tenté de me blesser avec leur coupe-coupe mais Dieu merci, ils ont échoué et c’est avec des lance-pierres qu’ils m’ont blessé à la tête », a soutenu Aboubacar Koné, originaire de Sitiéna. Pour lui, il faut que les autorités règlent le problème, sinon ils sont prêts à se faire tous tuer. « Nous, nous voulons nos terres », martèle Aboubacar Koné. Selon ce dernier, les dégâts sont importants et c’est après ses soins qu’il serait allé lui-même prévenir la police afin de limiter les dégâts.

 

Bakary Koné, lui, est originaire de Djongolo. Couvert de sang suite au secours portés aux blessés, il a une autre version des faits. « Le président de notre CVD nous a dit que chacun doit travailler dans sa parcelle en attendant une solution. Personne ne devait provoquer l’autre. Mais ce sont les gens de Sitiéna qui sont entrés sur nos parcelles. Nous sommes allés détacher leurs bœufs et ils sont allés se regrouper puis sont venus nous attaquer. Ils ont incendié nos concessions, une dizaine », soutiendra-t-il. A l’entendre, ils avaient transporté 3 blessés au CHR. Du côté de Sitiéna on signalait 7 blessés et les infirmiers ont soutenu avoir évacué 3 autres au CHU de Bobo au regard de leur situation.

 

Mais dans la soirée de ce 29 juin, les informations en provenance des deux villages n’étaient pas du tout réjouissantes malgré le déploiement des forces de sécurité. Des témoins ont signalé des coups de feu qui avaient fait déjà 4 morts. Selon nos sources, ce serait les populations de Djiongolo qui ont initié une expédition punitive, faisant ces 4 morts à Sitiéna. Ce bilan s’est alourdi avec un des blessés évacués à Bobo qui a rendu l’âme, portant le nombre de morts à 5, tous issus de Sitiéna. La tension était donc vive et l’on craignait le pire. Toutefois, selon le haut-commissaire de la Comoé, Aminata Sorgho/Gouba, joint au téléphone dans la matinée du 30 juin 2019, la situation était devenue calme.

 

                                                                                Luc Ouattara

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